FECOFI, l’APCH et le GFPC sont des associations professionnelles qui regroupent des experts-comptables et fiscalistes de Wallonie.
Nos membres ont réagi, nombreux et parfois de manière virulente, aux propos que vous avez tenus et repris dans un article de La Libre Belgique ce 1er mai et relayé par d’autres médias (Le Soir, LN24...).
Cet article qui catégorise « des conseillers fiscaux qui aident les entreprises à échapper à l'impôt [qui] facturent leurs services à 400 euros de l'heure » pour les opposer « aux métiers indispensables à la vie en commun [qui] sont sous- payés », en précisant que nous nuisons « à l'intérêt général » « en gagnant des fortunes », relève du populisme dont vous ne cessez de proclamer vouloir vous écarter.
Vos propos totalement inadéquats créent une confusion, par rapport à nos missions, dans l’esprit des concitoyens et de nos clients. Ils sont inacceptables et risquent d’entrainer un amalgame au sein de la population entre les professionnels du chiffre et les personnes réellement visées.
Les conseillers fiscaux que vous stigmatisez et, par là également les experts-comptables, ont été reconnus « professionnels essentiels » à la protection des intérêts de la Nation au terme de l’arrêté ministériel paru au MB du 17 avril 2020, en raison de leur rôle fondamental auprès des entreprises.
Ils exercent une profession réglementée et sont soumis à des règles déontologiques strictes relatives notamment à la loi anti-blanchiment et à la fraude fiscale. Ce ne sont ni des fraudeurs ni des assistants à la fraude fiscale.
Loin de nuire à l’intérêt général comme vous l’avez affirmé, ils le servent avec un particulier dévouement. Les experts-comptables et conseillers fiscaux remplissent un rôle majeur, ils sont attentifs à leurs clients, à les soutenir et leur apporter ce qu’ils sont en droit d’obtenir de la part de notre profession, le médecin d’entreprise qui agit en première ligne.
En raison de la crise que traverse notre pays, nos membres assistent, pour la plupart bénévolement, de manière altruiste, les entreprises afin de les guider dans le dédale des démarches administratives suite aux mesures initiées tant au Fédéral qu’au régional (indemnités et aides diverses).
Comment certains patients du Covid-19, et la comparaison s’arrête là, beaucoup d’entreprises vont aussi entrer en soins intensifs. Nous les aiderons à se sauver, à respirer, à trouver le meilleur remède et le respirateur adéquat pour guérir, sortir de l’hôpital et à revivre cette vie trépidante de dirigeant d’entreprises, plein de projets et d’enthousiasme. Bien sûr certaines tomberont, étant déjà fragile avant le 18 mars et ce n’est pas pour avoir fraudé le fisc.
Faisant écho à de nombreux témoignages de ces professionnels du chiffre qui sont aujourd’hui abasourdis d’être traités comme ils l’ont été, nous tenons à souligner que, contrairement à ce que vous affirmez, ces professionnels sont des gens dévoués à leurs clients, soucieux du respect des règles de plus en plus complexes et parfaitement en phase avec le respect de la loi au sens large et particulièrement de la loi fiscale.
Les professionnels du chiffre ne réclament pas à leurs clients les honoraires que vous avez déterminés comme étant scandaleux en les fixant à 400€ de l’heure ! Intéressez-vous aux véritables conditions humaines et financières de leurs interventions auprès de leurs clients.
Pour information, nous vous renvoyons vers les honoraires conseillés par différentes associations et qui se situent dans une fourchette moyenne de 55 à 150,- euros suivant le type d’intervention.
Ce ne sont pas des personnes qui nuisent aux intérêts de la Nation, sauf à penser que connaître de manière approfondie une branche de notre droit et essayer de l’appliquer ou de la faire appliquer le plus correctement possible serait une entrave majeure aux intérêts supérieurs de la Nation.
Par le choix de la voie la moins imposée pour les clients, les conseillers fiscaux ne font rien d’autre vis- à-vis de leur clientèle que de s’efforcer d’appliquer la loi fiscale telle qu’elle a été régulièrement votée par le Parlement fédéral ou par les Parlements régionaux.
Il y a encore beaucoup de choses à dire mais nous terminerons cependant par quelques interrogations.
A quand la reconnaissance de notre métier à sa juste valeur ? Combien d’entrepreneurs et d’entreprises doivent leur réussite et leur progression à notre soutien et aux conseils de bonne gestion que nous leur prodiguons ?
Avez-vous déjà pensé à « l’après coronavirus », à toutes les entreprises en difficulté, aux professions indépendantes et aussi à nos petits cabinets qui vont devoir faire face aux nombreuses faillites. Nous allons devoir rentrer des situations et bilans pour les curateurs et ceci sans être payés, donc loin des 400,- € / Heure !!
Comme d’autres associations, nous soutenons pleinement la lettre ouverte qui vous a été adressée par
l’I.T.A.A., notre institut professionnel regroupant 16.000 membres, 8.100 sociétés agréées et quelque 30.000 collaborateurs.
Au nom de nos membres, nous estimons que des excuses publiques de votre part apporteront une juste réparation de l’amalgame et de l’opprobre jetée sur notre profession.
Colette MORIAU Jean-Marie CONTER . Marie-Dominique JADOUL
Présidente APCH Président FECOFI . Présidente GFPC