Les récentes élections ont été une surprise. Elles ont non seulement montré qu’il était possible de former un gouvernement fédéral dit de “centre droit”, si l’on résout quelques problèmes communautaires, mais aussi qu’il pouvait exister une majorité de ce type en Wallonie, habituellement présentée comme définitivement ancrée à gauche.
L’action d’un gouvernement s’exprime avant tout par son budget. Malheureusement, l’on constate historiquement que quand la “droite” revient aux affaires après la gauche, elle se limite en général à remettre de l’ordre dans les finances et à réduire les déficits, en diminuant certes quelques dépenses, mais aussi… en augmentant encore des impôts. Et le prochain gouvernement pourrait y trouver de bonnes raisons, puisque nous savons que le déficit prévu pour l’an prochain est absolument colossal, en raison des dépenses injustifiées et incontrôlées du gouvernement De Croo. Mettre de l’ordre en augmentant encore les impôts, par exemple en recourant à la méthode habituelle, et dépourvue de toute justification, suivie par les gouvernements qui prétendent faire des “efforts budgétaires”, c’est rester dans la même politique que les lecteurs ont justement sanctionnée.
Si l’on veut vraiment changer, il faut adopter une autre méthode. Il faut accepter de s’en prendre exclusivement aux dépenses, qui sont la source du problème, dans un pays où les impôts sont déjà les plus élevés du monde. Il faut commencer par réexaminer, dépense par dépense, dans le budget, ce qui est réellement nécessaire ou ce qui ne l’est pas, et sabrer sans pitié dans les dépenses inutiles : le personnel administratif excédentaire, les subsides aux associations amies du pouvoir, et aussi les subsides aux entreprises : ce n’est pas le rôle de l’Etat que de financer à fonds perdus des investissements privés.
IL FAUT ACCEPTER DE S’EN PRENDRE EXCLUSIVEMENT AUX DÉPENSES, QUI SONT LA SOURCE DU PROBLÈME, DANS UN PAYS OÙ LES IMPÔTS SONT DÉJÀ LES PLUS ÉLEVÉS DU MONDE.
Dans ce contexte, il faut aussi faire tomber le tabou de “l’Etat providence”, si cher, non seulement à la gauche, mais aussi au Premier ministre qui a échoué, Alexander De Croo, et à son ministre des Finances, Vincent Van Peteghem. Non, l’Etat ne doit pas être “la providence” pour tout le monde, du berceau au cercueil. Il ne doit pas régir les revenus de chacun, mais seulement apporter l’aide à ceux qui en ont absolument besoin.
Actuellement, l’administration représente 13% des dépenses, et les affaires économiques, dont les subsides, également 13%, tandis que la protection sociale, y compris la santé, en représente 54%. C’est là-dessus qu’il faut faire des économies en transférant au secteur privé les assurances sociales, en réduisant le nombre de fonctionnaires et en modifiant leur régime de pension. Si, sur ces seuls postes du budget, on épargnait 20%, cela représenterait une économie de 60 milliards, permettant de combler le “trou” du budget, et de réduire les impôts d’environ 40 milliards. Tout cela est possible, mais il faut une volonté politique de réellement changer les choses.
Le MR lui-même n’a jamais proposé d’aller si loin et il est douteux que Les Engagés, avec un programme un coup à droite, un coup à gauche, soient prêts à une telle remise en cause. Hélas, personne ne voit Willy Borsus et Jean-Luc Crucke accomplir cela. Ce n’est pas mieux du point de vue flamand, où, à supposer que la N-VA, qui n’est pas un parti libéral, mais un parti conservateur inspiré par le philosophe irlandais Edmund Burke, se tourne vers un choix libéral, ce ne pourrait être que s’il s’accompagne d’une grande réforme de l’Etat, pour laquelle la majorité qualifiée requise n’existe pas. Il faut donc craindre qu’un vrai nouveau budget ne soit pas à la portée de nos hommes politiques.