Quels sont les 10 signaux d'alarme pour l'économie belge en 2025?

Alors que Trump provoque presque quotidiennement le chaos sur les plans économique et géopolitique, l'économie belge continue de tourner tranquillement. Selon les premières estimations de la Banque nationale, cela devrait également être le cas au cours des premiers mois de cette année. Au cours des deux dernières années, l'économie belge a connu une croissance assez stable d'un peu moins de 1 % par an. Pour le premier trimestre, la Banque nationale prévoit une croissance de 0,8 % par an, inférieure à la normale, mais toujours positive. Malgré cette croissance, des signaux d'alerte importants sont perceptibles pour notre économie.


1. Incertitude concernant la politique internationale

Le comportement volatile du président Trump, notamment ses nombreuses annonces (notamment sur les droits de douane), crée beaucoup d'incertitude. De plus, on ne sait pas comment d'autres blocs économiques comme la Chine et l'Europe réagiront. Par conséquent, les indicateurs d'incertitude politique au niveau mondial ont atteint des niveaux record, comparables à la situation du début de l'année 2020 lorsque le covid a provoqué un chaos politique. Ce type d'incertitude quant à l'orientation des politiques est difficile pour les entreprises. Dans ce cas, elles doivent maintenir des réserves plus importantes (stocks, mais aussi financières) et ont plus de difficultés à prendre des décisions d'investissement. L'incertitude politique pèse sur l'activité économique.

2. Risques de récession croissants aux États-Unis

Les marchés boursiers américains ont été secoués ces derniers jours par une série de chiffres économiques décevants. Un certain nombre de données économiques décevantes ont fait naître la question de savoir si l'économie américaine est en voie de récession. Cela semble prématuré pour l'instant. Le marché boursier n'est pas un prédicteur fiable de la dynamique économique. Cela ne signifie pas qu'il n'y a rien à signaler. La croissance de l'économie américaine ralentit et le chaos politique de Trump n'aide certainement pas. Mais pour l'instant, l'économie privée semble suffisamment forte pour éviter un scénario de récession. Néanmoins, le risque de récession aux États-Unis est plus élevé qu'il y a quelques mois, et il reste naturellement difficile de prédire quelles seront les prochaines mesures de Trump. Quoi qu'il en soit, une économie américaine plus faible n'est pas une bonne nouvelle pour le reste de l'économie mondiale.

3. Guerre commerciale

Au cours de ses premières semaines, Trump a utilisé les droits de douane comme instrument central de sa politique économique et internationale. Il a annoncé des droits de douane de 25 % pour le Canada et le Mexique (qu'il a immédiatement suspendus, puis appliqués après un mois pour les suspendre à nouveau), a menacé d'imposer des droits de 50 % sur l'acier canadien (pour les annuler le jour même), a appliqué des droits de 25 % sur l'acier européen, a menacé d'imposer des droits de 25 % sur toutes les importations en provenance d'Europe et même de 200 % sur les boissons alcoolisées, a imposé à deux reprises des droits de 10 % sur les importations en provenance de Chine, etc. Le Canada, la Chine et l'Europe ont notamment réagi en imposant leurs propres droits sur les produits américains. Les droits de douane sont une mauvaise nouvelle pour l'activité économique, et la forte incertitude qui les entoure est un facteur négatif supplémentaire. C'est une mauvaise nouvelle, surtout pour l'économie belge, qui est très dépendante du commerce international (même si c'est surtout au sein de l'Europe).

4. Une grande partie du secteur privé sous pression

Ces dernières années, l'économie belge a continué de croître, mais il est remarquable que le secteur public ait connu une croissance plus forte que le secteur privé. Ce n'est pas vraiment une situation saine. La croissance économique du secteur privé s'est élevée à seulement 0,9 % en 2024, soit environ la moitié du rythme de croissance normal. Dans des secteurs importants comme l'industrie, le commerce et le secteur financier, qui représentent près de la moitié de l'activité du secteur privé, l'activité économique a diminué (-0,6 %). Cela a été compensé par une croissance relativement forte dans les TIC et les professions libérales et les services administratifs. Mais le fait qu'une grande partie du secteur privé soit dans le rouge présente bien sûr des risques pour l'ensemble de l'économie.

5. Les entrepreneurs restent inquiets

La confiance des entrepreneurs belges (selon l'enquête mensuelle de la Banque nationale) reste à un niveau qui, par le passé, correspondait à une stagnation de l'économie. Une enquête propre de la Voka auprès de 700 entrepreneurs flamands a brossé un tableau encore plus pessimiste : près de 2 répondants sur 3 considèrent la situation économique actuelle comme négative. Cette estimation sombre est probablement principalement due aux nombreuses incertitudes auxquelles les entrepreneurs sont confrontés aujourd'hui. Le chaos politique et la guerre commerciale mentionnés ci-dessus, mais aussi la réglementation européenne, les plans des nouveaux gouvernements chez nous, la dynamique des prix de l'énergie et des autres matières premières, etc., créent un climat difficile pour entreprendre.

6. La part de marché sur les marchés internationaux diminue rapidement

Selon les dernières prévisions de la Banque nationale, les exportations belges diminueront de 13 % en volume entre 2022 et 2025. Il s'agit en partie d'une correction de l'effet boosté par la pandémie dans le secteur pharmaceutique, mais il y a clairement plus que cela. En 2025, nos exportations devraient atteindre le même niveau qu'en 2019. Au cours de la même période, nos marchés d'exportation étrangers devraient croître d'environ 11 %. Cela signifie que les exportateurs belges perdent plus de 10 % de parts de marché sur les marchés internationaux. Selon les prévisions actuelles, cette perte devrait encore augmenter en 2026-2027. L'atteinte de notre compétitivité sape le potentiel de croissance de notre économie à long terme.

7. L'avenir de l'industrie en Belgique reste incertain

L'activité économique de l'industrie diminue depuis huit trimestres consécutifs. La valeur ajoutée de l'industrie était de 6,4 % inférieure à la fin de 2024 à ce qu'elle était juste avant le covid. Cette baisse a surtout touché les secteurs industriels à forte intensité énergétique. Des secteurs comme la chimie, l'acier et les plastiques font face à une baisse de 20 à 30 % depuis fin 2019. Les autorités européennes et flamandes ont annoncé ces derniers mois des plans de soutien à l'industrie. Le handicap énergétique considérable par rapport aux États-Unis et à une grande partie de l'Asie, qui a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ces dernières années, reste toutefois très réel et difficile à résoudre.

8. Marché du travail défaillant

La situation économique difficile et l'incertitude se font également sentir sur le marché du travail. En 2024, 11 500 emplois ont été créés au total sur le marché du travail belge. Mais cela est principalement dû au secteur public. Dans le secteur privé, 1 100 emplois ont été perdus en 2024. Dans l'industrie, 9 400 emplois ont été perdus, mais aussi dans l'agriculture, la construction, le commerce et les TIC. Les indicateurs préliminaires tels que l'activité intérimaire et les prévisions d'emploi dans les principaux secteurs semblent se stabiliser ces derniers mois, mais à des niveaux faibles. Une amélioration manifeste à court terme ne semble pas immédiate.

9. Nombre record de faillites

Après une augmentation spectaculaire ces dernières années, le nombre de faillites se stabilise ces derniers mois, mais à un niveau élevé. Au cours des 12 derniers mois (jusqu'à fin février), 11 000 entreprises ont fait faillite en Belgique. 33 000 emplois ont été perdus. En Flandre, le nombre de faillites est même à un niveau record historique. Au cours des douze derniers mois, 6 300 entreprises ont fait faillite en Flandre, ce qui s'est accompagné de la perte de 19 000 emplois.

10. Risque de taxes supplémentaires

Avec la baisse de l'activité économique, le fait que le gouvernement de l'Arizona ait démarré trop tard pour faire une différence cette année et surtout les milliards supplémentaires nécessaires à la défense (au moins 4 milliards supplémentaires d'ici l'été), les plans budgétaires de l'Arizona doivent être réexaminés. Il est déjà clair que des efforts supplémentaires seront nécessaires pour maîtriser le déficit budgétaire. Parallèlement, il y a déjà beaucoup de protestations contre les mesures d'austérité prévues (même si elles restent globalement limitées). Le risque est réel que le nouveau gouvernement finisse par chercher des recettes fiscales supplémentaires pour faire face aux défis budgétaires. Compte tenu de notre pression fiscale déjà lourde, cela pèserait sur l'activité économique.


L'économie belge continue de croître pour le moment, mais à un rythme inférieur à la normale. Cela signifie que peu de choses (supplémentaires) doivent mal tourner pour que des scénarios de récession apparaissent. Une éventuelle escalade de la guerre commerciale et l'incertitude qui l'entoure pourraient être un déclencheur. D'autre part, il est également possible que l'Europe (sous la pression de Trump) finisse par réellement s'attaquer à certaines choses, ce qui pourrait créer une dynamique positive. Les plans du gouvernement allemand entrant pour investir massivement sont une étape dans la bonne direction qui aurait également des conséquences positives pour notre économie (même si cela prendra encore un certain temps avant que cela ne démarre réellement). À court terme, l'incertitude continue toutefois d'assombrir les perspectives.

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