« Les recommandations du rapport d'aujourd'hui sont claires », a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres. « Mettre fin à notre dépendance aux combustibles fossiles. Éviter de nouvelles infrastructures de combustibles fossiles. Investir massivement dans les énergies renouvelables ».
« Les engagements envers le net zéro ne valent rien sans des plans, des politiques et des mesures pour les atteindre », a-t-il ajouté. Selon lui, il faut combler l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre « avant que la catastrophe climatique ne nous touche tous ».
L'avertissement du chef de l’ONU intervient moins de deux semaines avant la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), qui aura lieu à Charm El-Cheikh, en Egypte, où les dirigeants mondiaux discuteront des moyens de faire face à l'urgence climatique.
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Le rapport « nous dit en termes scientifiques ce que nous dit la nature depuis le début de l'année à travers des inondations mortelles, des tempêtes et des incendies violents : nous devons cesser de remplir notre atmosphère de gaz à effet de serre, et nous y atteler rapidement », a déclaré Inger Andersen, Directrice exécutive du PNUE. « Nous avons eu l'occasion de procéder à des changements progressifs, mais ce temps est révolu. Seule une transformation en profondeur de nos économies et de nos sociétés peut nous sauver d'une accélération de la catastrophe climatique ».
Mercredi, l’Agence des Nations Unies pour le climat (CCNUCC) a également prévenu que les engagements des Etats sont « très loin » de répondre à l’objectif de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a indiqué pour sa part que les concentrations atmosphériques des trois principaux gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane et protoxyde d’azote) ont battu de nouveaux records en 2021.
Le rapport du PNUE constate qu'en dépit de la décision prise par tous les pays lors du sommet sur le climat de 2021 à Glasgow, au Royaume-Uni (COP26), de renforcer les contributions déterminées au niveau national (CDN) et de certaines mises à jour de la part des nations, les progrès sont terriblement insuffisants. Les CDN soumises cette année ne réduisent que de 0,5 gigatonne d'équivalent CO2, soit moins d’1%, les émissions mondiales prévues en 2030.
En raison de cette absence de progrès, le monde se dirige vers une augmentation des températures bien supérieures à l'objectif fixé par l'Accord de Paris, à savoir un réchauffement bien inférieur à 2°C, voire 1,5°C. On estime que les CDN inconditionnelles ont 66% de chances de limiter le réchauffement de la planète à environ 2,6 °C au cours de ce siècle. En ce qui concerne les CDN conditionnelles, qui dépendent d'un soutien extérieur, ce chiffre est réduit à 2,4°C. Les politiques actuelles conduiraient à elles seules à une augmentation de 2,8°C, ce qui met en évidence les conséquences de l’écart entre les promesses et les actions en matière de réductions des émissions sur les températures.
Dans le meilleur des cas, la mise en œuvre complète des CDN inconditionnelles et les engagements supplémentaires pour atteindre zéro émission nette ne laissent entrevoir qu'une augmentation de 1,8°C. Il y a donc de l'espoir. Toutefois, ce scénario n'est pas crédible à l'heure actuelle en raison de l'écart entre les émissions actuelles, les objectifs à court terme des CDN et les objectifs à long terme de zéro émission nette.
Pour atteindre les objectifs de l'Accord de Paris, le monde doit réduire de manière sans précédent les gaz à effet de serre au cours des huit prochaines années.
On estime que les CDN inconditionnelles et conditionnelles réduiront les émissions mondiales en 2030 de 5 et 10% respectivement, par rapport aux émissions basées sur les politiques actuellement en place. Pour se placer sur la voie la moins coûteuse permettant de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, les émissions doivent diminuer de 45 % par rapport à celles envisagées dans le cadre des politiques actuelles d'ici à 2030. Pour atteindre l'objectif de 2°C, une réduction de 30 % est nécessaire.
Pour atteindre des réductions aussi massives, une transformation à grande échelle, rapide et systémique est nécessaire. Le rapport explore les manières de parvenir une partie de cette transformation dans les secteurs et systèmes clés.
« Réformer l'économie mondiale et réduire de près de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2030 est un défi de taille, voire impossible selon certains, mais nous devons essayer », a déclaré Mme Andersen. « Chaque fraction de degré compte : pour les communautés vulnérables, pour les espèces et les écosystèmes, et pour chacune et chacun d'entre nous. »
« Même si nous n'atteignons pas nos objectifs d’ici à 2030, nous devons nous efforcer de nous rapprocher le plus possible des 1,5 °C. Cela signifie mettre en place les bases d'un avenir à zéro émission nette : un avenir qui nous permettra de faire baisser les dépassements de température et d'offrir de nombreux autres avantages sociaux et environnementaux, comme un air pur, des emplois verts et un accès universel à l'énergie ».
Le rapport constate que la transformation vers zéro émission nette dans les secteurs de l'approvisionnement en électricité, de l'industrie, des transports et du bâtiment est en cours, mais doit être beaucoup plus rapide. Le secteur de l’approvisionnement en électricité est le plus avancé, grâce à la réduction considérable des coûts de l'électricité renouvelable. Toutefois, le rythme du changement doit s'accélérer parallèlement aux mesures visant à assurer une transition juste et un accès universel à l’énergie.
Dans le secteur du bâtiment, les meilleures technologies disponibles doivent être rapidement appliquées. Dans les secteurs de l'industrie et des transports, les technologies zéro émission nette doivent être développées et déployées. Pour faire avancer la transformation, tous les secteurs doivent éviter de s’enfermer dans de nouvelles infrastructures à forte intensité de combustibles fossiles, faire progresser les technologies zéro émission nette, les appliquer, et poursuivre les changements de comportement.
Les domaines d'intervention relatifs aux systèmes alimentaires, qui représentent environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre, comprennent la protection des écosystèmes naturels, les changements de régime alimentaire en provenance de la demande, l'amélioration de la production alimentaire au niveau des exploitations agricoles et la décarbonisation des chaînes d'approvisionnement alimentaire. Les mesures prises dans ces quatre domaines peuvent réduire les émissions des systèmes alimentaires prévues pour 2050 et réduire les niveaux actuels d’émission d’environ un tiers, alors qu'elles pourraient presque doubler si les pratiques actuelles étaient maintenues.
Les gouvernements peuvent faciliter la transformation en réformant les subventions et les régimes fiscaux. Le secteur privé peut réduire les pertes et le gaspillage de nourriture, utiliser des énergies renouvelables et développer de nouveaux aliments à émissions de carbone moindre. Chaque citoyen peut changer son mode de vie et consommer des aliments tout en ayant la durabilité environnementale et la réduction des émissions de carbone à l’esprit, ce qui apportera également de nombreux avantages pour la santé.
La transformation mondiale vers une économie à faibles émissions devrait nécessiter des investissements d’environ 4 000 à 6 000 milliards de dollars par an. Il s'agit d'une part relativement faible (1,5 à 2 %) du total des actifs financiers gérés, mais significative (20 à 28 %) en termes de ressources annuelles supplémentaires à allouer.
La plupart des acteurs financiers, malgré leurs intentions déclarées, ont mis en place des mesures limitées en matière d'atténuation du changement climatique en raison d'intérêts à court terme, d'objectifs contradictoires et d'une reconnaissance insuffisante des risques climatiques.
Les gouvernements et les principaux acteurs financiers devront s'orienter de manière crédible vers une seule direction : une transformation du système financier, de ses structures et de ses processus, impliquant les gouvernements, les banques centrales, les banques commerciales, les investisseurs institutionnels et les autres acteurs financiers.
Le rapport recommande six approches pour assurer la réforme du secteur financier, à mener simultanément :