Simplifier, urgemment pour nos PME!

La route administrative de nos PME reste parsemée de nids-de-poule et d'embouteillages qui nuisent à leur efficacité. Et nos entrepreneurs, eux, ne sont souvent pas écoutés.

Lancer sa boîte en Belgique n'est souvent pas une sinécure: s'inscrire à la Banque-Carrefour des Entreprises, demander un numéro de TVA, prendre les licences nécessaires, mettre en place le régime fiscal... Des heures et des euros plus tard, on peut enfin mettre les gaz. Mais pas si vite... La déclaration TVA se profile déjà à l'horizon.

Malheureusement, la charge administrative est une réalité quotidienne pour des milliers de nos chefs d'entreprise. Pourtant, le débat sur la simplification est probablement aussi vieux que notre pays lui-même. Nombreux sont les hommes politiques qui ont déjà essayé, souvent en vain.

Récemment, les nouveaux dirigeants du gouvernement wallon ont lancé le site internet simplifions.be, où les citoyens peuvent soumettre des propositions pour un "véritable choc de simplification". On ne peut qu'applaudir ce genre d'initiative, même si, bien sûr, on attend vivement de voir les résultats concrets.

Gagner du temps et de l'argent pour nos entreprises ne peut être que bénéfique pour l'État.

Embouteillage administratif

On pourrait, de fait, comparer la paperasserie à un embouteillage. Comme dans un bouchon, vous ne pouvez avancer que lorsque la voiture devant vous enclenche la première vitesse. Si vous restez immobile, vous perdez du temps et de l'argent. Et c'est précisément ce que nos PME n'ont pas.

La Belgique compte 1.143.403 entreprises assujetties à la TVA (chiffre de 2023). Imaginez que chacune de ces entreprises récupère ne fut ce qu'une heure grâce à une procédure simplifiée. Alors, par une seule décision politique courageuse, ce ne sont pas moins de 130 années de travail que nous épargnerions à la totalité de nos entreprises. Sans parler de la motivation retrouvée pour nos PME. Favoriser la croissance de nos entreprises, c'est, en effet, aussi favoriser la croissance des personnes qui y travaillent.

Responsabilité partagée

Gagner du temps et de l'argent pour nos entreprises ne peut être que bénéfique pour l'État. Il est donc regrettable que la compétence de la simplification administrative ait été partiellement supprimée en 2022 et transférée du ministre du Budget au secrétaire d'État au numérique. L'idée sous-jacente était en soi bonne: que tous les ministères et services assument la responsabilité.

Force est de constater aujourd'hui que la thématique ne fait jamais vraiment surface. La simplification administrative est souvent réduite à de nouveaux sites web et portails plus ergonomiques pour les citoyens. Nos entrepreneurs, eux, ne sont souvent pas écoutés. Prenons l'exemple de la déductibilité de la TVA: il faut souvent plus de temps au chef d'entreprise pour la saisir correctement que le bénéfice qu'elle devrait générer.

La simplicité ne doit pas être une réflexion après coup, mais doit servir de leitmotiv à toute décision politique future, au même titre que la durabilité ou l'innovation.

Moins, c'est mieux

Nul ne sait encore à quoi ressemblera notre prochain gouvernement fédéral. Ce qui est clair, en revanche, c'est qu'il faut drastiquement simplifier les choses, y compris pour nos entreprises. La simplicité ne doit pas être une réflexion après coup, mais doit servir de leitmotiv à toute décision politique future, au même titre que la durabilité ou l'innovation.

D'ailleurs, simplifier ne rime pas toujours avec digitaliser. C'est pourquoi il est préférable de renvoyer la compétence au ministre du Budget. Souvent, moins, c'est tout simplement mieux. Et s'il y a bien un groupe qui sait faire beaucoup avec peu, ce sont nos PME. Celle ou celui qui sera bientôt en charge de la simplification administrative ferait donc bien de consulter nos chefs d'entreprise.

De la déclaration TVA à la création d'une petite entreprise, en passant par les demandes de subsides, il y a beaucoup de petites victoires à remporter pour le futur gouvernement. Aujourd'hui, la route administrative de nos PME est parsemée de nids-de-poule et d'embouteillages. Ajouter des panneaux de signalisation supplémentaires n'est pas la solution. Il faut réparer la route et ajouter des voies. Nos 1.143.403 entreprises pourront alors enfin atteindre leur vitesse de croisière.

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