​Sommes-nous en 1908 ? En 1968 ?

​Jacques Attali situe l’état du monde en 1908.

Il rappelle que tout y fut popularisé : la voiture, la radio, l'électricité. François Mauriac avait, quant à lui, situé la coïncidence de ces découvertes en 1905. Mais, entre 1908 et 1913, une série d'erreurs politiques conduisit, en août 1914, à la déflagration qui entraîna le monde dans sa première globalisation guerrière.

​Et ce qui est troublant, c'est que le niveau de mondialisation atteint en 1913 (mesuré comme le montant des échanges internationaux dans le PIB mondial) n'a retrouvé son pourcentage de 1913 qu'en 1973.

​Le monde s'était déglobalisé et une seconde guerre mondiale avait, à nouveau, brisé le siècle.
​Ceci conduit à l'idée que la concurrence planétaire, combinée à une homogénéisation des comportements, entraîne un rejet de la globalisation par des replis de différents types : politiques, ethniques, religieux, etc.

En d'autres mots : l'homogénéisation du monde porte en elle sa propre destruction. Et c'est peut-être ce qui se passe actuellement.

Le débordement agressif des comportements américano-européens sur la planète, facilité par la chute du marxisme-léninisme et du maoïsme, a peut-être conduit à son rejet.
​Alors nous sommes peut-être en 1908.

​Ou, aux États-Unis, en 1968, à la fin des golden sixties, marquées par les assassinats de Martin Luther King et de Robert Kennedy, en plein cauchemar du Vietnam. Les États-Unis avaient imposé une guerre perdue à leur jeunesse, et ont entraîné le monde entier dans un chaos financier inextricable à la suite du sabordage du dollar.

L’important, dans cette économie planétaire, c’est, à un niveau individuel et collectif, de comprendre que si, par deux fois, le monde s’est libéré de ses intolérances par deux guerres, c’est l’apaisement social et la tempérance qu’il faut s’imposer.

​Notamment pour intégrer la nature dans nos raisonnements et comportements.

Parce que nous ne sortirions pas indemne d’un 1908 planétaire ou d’un régime américain de 1968 qui vient d’élire Richard Nixon.

​A l’époque, Donald Trump avait 22 ans.​