​Sommes-nous proches d’un krach financier ? Non, mais il y a des signes nuageux

Après la crise sanitaire et les différentes ruptures de chaînes commerciales associées à la déglobalisation marchande, l’économie mondiale se porte bien. L’inflation a reflué, et les taux d’intérêt sont, un peu partout, en baisse. La croissance est raisonnable.

Et bien sûr, les valorisations boursières sont remarquables. Cela est lié à la situation américaine, caractérisée par une situation de "boucle d'or", à savoir une situation économique idéale où l'économie croît à un rythme modéré, avec une inflation stable et un faible taux de chômage, en référence au conte "Goldilocks" de l’auteur britannique Joseph Cundall (1818-1895).

Ce qui, en revanche, constitue un risque qui me rappelle l’année 2009, au cours de laquelle les premiers signes annonciateurs d’une crise des dettes souveraines ont éclaté, c’est l’endettement public. Pas de manière générale, puisque les flux financiers mondiaux sont aujourd’hui inextricables.

Mais je vois deux dangers.

Tout d’abord, la dette publique américaine est hors de contrôle, et aucun des deux candidats à la Maison Blanche ne réduira son amplification. Au contraire. Les États-Unis se financent grâce à leur monnaie dominante, et leur consommation intérieure entraîne toute l’économie mondiale, ce qui est d’ailleurs stupéfiant puisque la population américaine ne représente que 4 % de la population mondiale. Si, un jour, des pays se détournaient de la dette américaine, les États-Unis feraient tourner la planche à billets, ce qui déprécierait le dollar, entraînant probablement une inflation mondiale. Ils pourraient aussi faire défaut sur la dette extérieure américaine ou déprécier fortement le dollar, mais cela aboutirait à un scénario de type "Weimar" à l’échelle planétaire.

L’autre risque, c’est le décrochage (c’est-à-dire la dégradation) de la dette publique d’un des pays européens. À ce moment, c’est un choc interne à la zone euro qui, s’il contamine d’autres pays, pourrait conduire la BCE à devoir peut-être faire tourner la planche à billets. Et le problème européen, lié aux formulations d’Etats sociaux que nous avons choisies, c’est que le vieillissement ce la population va immanquablement (je l’écris lentement pour ceux qui sont sceptiques IN-MAN-QUA-BLE-MENT) faire grimper les dettes publiques

Ce sont de lointaines intuitions, mais je crois que le danger (lointain) est donc monétaire, puisque la dette publique et la monnaie sont l’avers et le revers de la même pièce.

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