Sous l’impulsion politique du G20 et sous la coordination de l’OCDE, 137 pays réunis au sein d’un ‘Inclusive Framework’ se sont fixé rendez-vous à Paris les 29 et 30 janvier derniers pour définir les contours d’un accord international sur la taxation de l’économie digitale et d’une taxation minimale des entreprises.
À l’issue de la réunion, les membres de l’Inclusive Framework ont publié une déclaration réaffirmant leur engagement à trouver une solution consensuelle et pour le long terme avant la fin de l’année 2020.
Outre cette déclaration, trois autres documents ont été publiés (*):
La recherche d’une solution au niveau global, sous la houlette de l’OCDE, est largement soutenue par le monde des entreprises (l’alternative étant une guerre commerciale mondiale et la multiplication des taxes nationales divergentes).
D’un point de vue belge, différentes questions stratégiques doivent cependant encore être résolues, en particulier celle de la nécessité de réaliser une étude d’impact préalablement avant toute prise de décision internationale. L’OCDE est occupée à réaliser une telle étude, mais n’est pas autorisée par les États à en divulguer les résultats, l’UE est également occupée, mais ne reçoit pas les données nécessaire des États membres, et, enfin, la Belgique réalise ses propres calculs mais les résultats semblent être frappés du sceau du ‘secret d’État’. Faute d’informations suffisantes sur les impacts des travaux, force est de conclure à l’impossibilité pour le monde des entreprises de prendre position sur ce dossier. La FEB invite dès lors les autorités belges à clarifier le plus rapidement possible leur position et à garantir la plus grande transparence possible sur les impacts des décisions éventuelles pour la Belgique (recettes fiscales, investissements des entreprises, ancrage de la R&D…).
Il est également regrettable de constater l’absence totale de l’UE dans ce dossier. Outre qu’elle n’est pas arrivée à se positionner et à parler d’une seule voix, on constate également que l’analyse des aspects européens (comptabilité avec le droit européen et étude d’impact) n’a toujours pas été effectuée. Avec pour conséquence, que la prise de décision politique s’est déplacée au niveau du G20 (donc de la France et de l’Allemagne, pays où se réunit l’Inclusive Framework et où l’OCDE donne ses conférences…) qui est désormais seul habilité à valider les travaux de l’Inclusive Framework. Ce sera donc à Riyad, capitale d’un pays qui pourrait être exempté en grande partie des nouvelles règles en préparation, que seront prises cette année toutes les décisions concernant (le niveau de) la taxation des quelque 60 groupes multinationaux que la Belgique compte encore.
> (*) Lien vers le rapport de l’Inclusive Framework (déclaration + 3 documents)
Source : FEB, février 2020