Lorsqu’on observe la politique monétaire depuis une vingtaine d’années, on en tire quelques enseignements importants.
Les banques centrales, censées être indépendantes, en ont perdu l’attribut puisqu’elles ont dû, dès après la crise bancaire de 2008, acquérir des dettes publiques émises par leurs États membres, en contrepartie de monnaie injectée dans l’économie. D’autres banques centrales l’ont fait pour d’autres raisons, comme la Banque Nationale suisse, dont le total bilantaire équivaut au PIB de ce pays.
Les banques centrales ont donc été, économiquement, mais aussi bien évidemment politiquement, instrumentalisées, et sont devenues des infrastructures de marché, manipulant taux d’intérêt et taille bilantaire pour tantôt éviter la déflation, tantôt contraindre l’inflation.
Il n’y aura aucun retour à des configurations monétaires anciennes. Et le niveau des dettes publiques, partout en croissance, dans un contexte de réarmement, induit un point de fragilité supplémentaire pour les banques centrales qui devront, d’une manière ou d’une autre, les absorber.
Ceci se situe dans un contexte où la croissance des dettes publiques entame la crédibilité monétaire. Dans ce cadre — et les lecteurs de ce blog, que je remercie chaleureusement, le savent bien —, le risque de crédibilité du dollar m’apparaît grandissant pour plusieurs raisons : politique inflationniste de Trump, idée d’une militarisation de la dette publique américaine, mention d’un réalignement monétaire par le secrétaire du Trésor américain, et tout simplement insoutenabilité de la dette publique américaine.
J’ai souvent partagé l’idée que l’or était une couverture contre ce risque. Et, chaque jour un peu plus, je lis dans la presse anglo-saxonne cette idée que l’investissement en or est une protection contre la politique économique de Trump. L’auteur de l’article mentionné le suggère en recommandant l’investissement, certes diversifié, en or, et pas en actions de mines d’or, au motif hilarant qu’une mine est un trou dans le sol avec un menteur à son sommet.
En tout état de cause, je reste persuadé qu’un choc monétaire est inéluctable. Sur ce, rien ne remplace la douceur d’un printemps qui éveille la nature et nous rappelle les beautés de la vie, tandis que Shakespeare ne qualifia-t-il pas l’or de catin commune à toute l’humanité ?