(Brève) histoire de la prochaine décennie

Les années 2020-2023 marquent la fin de l’hypermondialisation. Cette dernière trouve ses racines dans la Pax Americana instaurée en 1944 et les accords monétaires de Bretton Woods, qui ont établi le dollar comme la devise de réserve mondiale, bien que ces mêmes accords aient été abandonnés en 1971.

Les deux contre-modèles au capitalisme américano-européen se sont effondrés en 1976 (mort de Mao) et en 1989 (chute du mur de Berlin).

L’ouverture des frontières et les avancées technologiques, telles que l’énergie nucléaire civile et Internet, ont conduit à une mondialisation non seulement économique, mais aussi politique.

Aujourd’hui, le monde se désintègre et devient multipolaire. Deux empires émergent : les États-Unis et la Chine. La Russie, faiblement peuplée et pauvre en termes relatifs, n’aurait jamais dû jouer un rôle géopolitique majeur, sauf par la taille de son territoire et ses prétentions militaires.

Dans les prochaines décennies, les tendances démographiques varieront considérablement : l’Afrique connaîtra une forte croissance démographique, l’Asie et les États-Unis verront une croissance modérée, et l’Europe fera face à un vieillissement de sa population.

Quelles sont les prévisions que l’on peut esquisser ?

Les États-Unis deviendront de plus en plus isolationnistes et axés sur leur protection militaire, ce qui pourrait entraîner un affaiblissement rapide de l’influence du dollar. Dans un monde dont l’épaisseur totalitaire s’accroît, cet isolationnisme pourrait s’accompagner de l’imposition d’un ordre républicain fasciste.

L’Europe, en proie à un manque d’homogénéité politique et au vieillissement de sa population, pourrait devenir protectionniste et nationaliste, cherchant pourtant à resserrer ses liens avec la Chine et l’Inde. L’Europe pourrait même choisir une finlandisation chinoise.

La Chine étendra son influence militaire dans sa région. La Corée du Sud, le Japon et Taiwan seront évidemment abandonnés par les États-Unis.

L’Afrique, en raison de sa diversité, de ses problèmes de pauvreté et de ses défis démographiques, climatiques et politiques, ne formera pas un bloc d’influence majeur, mais subira des bouleversements politiques importants.

La fin de l’hypermondialisation sera soutenue par des problèmes de surpopulation, des flux migratoires et des chocs climatiques et environnementaux peut-être insoupçonnables.

Allons-nous vers une guerre mondiale ? Seul un effondrement climatique global pourrait la déclencher. Mais les frictions entre les grandes zones d’influences entraîneront de multiples guerres… démondialisées.

Et le perdant de cette prochaine décennie ? L’Europe, qui se verra abandonnée par les États-Unis et dans l’incapacité de se réinventer. Elle aura été la terre de toutes les synthèses philosophiques, et donc d’une richesse de la pensée inégalée. Mais elle sera faible. Peut-être pour cette raison.​​​

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