Au cours des mois d’été, 1 travailleur sur 200 en Flandre a eu recours au chômage temporaire pendant au moins un jour, contre près de 1 sur 100 en Wallonie. En octobre, le nombre de chômeurs temporaires a augmenté d’un quart par rapport à la même période de l’année dernière. Les augmentations sont particulièrement significatives dans les secteurs de la construction, de la logistique et de l’alimentation. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par l’entreprise de services RH Acerta, qui a analysé les données d’un ensemble fixe de 260 000 travailleurs actifs dans 40 000 entreprises privées.
Nombreuses sont les entreprises qui ont eu recours au système de chômage temporaire pour éviter les licenciements pendant la crise du coronavirus. En 2022, le nombre de chômeurs temporaires a atteint son niveau le plus bas depuis le début de la pandémie. Or, depuis l’été, l’entreprise de services RH Acerta a constaté que le nombre de chômeurs temporaires augmentait à nouveau cette année. C’est ce qui ressort de l’analyse basée sur un ensemble fixe de 260 000 travailleurs actifs dans 40 000 entreprises privées de notre pays.
En juillet et août, le pourcentage de travailleurs ayant eu recours au chômage temporaire pendant au moins un jour en Flandre a augmenté respectivement de 17,62 % (juillet) et de 13,49 % (août) par rapport à un an auparavant. En Wallonie, le nombre de chômeurs temporaires était également plus élevé cet été que l’été précédent. En août, cette hausse a même atteint les 20,5 %.
La tendance se poursuit cet automne. En octobre, les entreprises flamandes ont comptabilisé près de 27 % de chômeurs temporaires supplémentaires, contre 25 % en Wallonie.
La Région de Bruxelles-Capitale a quant à elle été épargnée par cette hausse. Le nombre de chômeurs temporaires y a en effet diminué pendant presque toute l’année, ce qui a d’ailleurs fait chuter les chiffres du chômage temporaire à un niveau historiquement bas.
Illustration 1 : Chiffres du chômage temporaire Acerta, 2023 – Pourcentage de travailleurs concernés + évolution 2023 par rapport à 2022 sur une base mensuelle, pour la Flandre, la Wallonie et la Région de Bruxelles-Capitale
Olivier Marcq, expert juridique d’Acerta Consult, explique : « Le chômage temporaire est un filet de sécurité pour les entreprises dont les carnets de commandes sont moins bien remplis, mais qui souhaitent tout de même conserver leurs travailleurs en vue d’une reprise de la demande. Le système a fait ses preuves lors de la crise du coronavirus : les entreprises belges ont pu se redresser rapidement après la crise sanitaire. Cette fois, il se montre utile pour lutter contre le spectre de l’inflation, à savoir le danger que les coûts et les prix s’entraînent l’un l’autre dans un cercle vicieux. Le chômage temporaire contribue en effet à briser cette spirale en permettant aux employeurs de reléguer temporairement leurs travailleurs sur le banc de touche. De plus, ce banc de touche que constitue le chômage temporaire présente un autre avantage : les employeurs veulent absolument éviter les licenciements en période de pénurie de main-d’œuvre, car lorsque le travail reprend après une période d’accalmie, il s’avère difficile de retrouver les bons profils. Ce système est donc positif, mais nous devons rester vigilants, car le pic du nombre de chômeurs temporaires est à l’économie ce que le canari est à la mine : un indicateur que notre économie n’est pas au beau fixe en ce moment. »
Si les chiffres varient en fonction des régions, ils peuvent aussi varier sensiblement en fonction des secteurs. Dans les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière, le taux de chômage temporaire s’élève actuellement à 2 %. En d’autres termes, un travailleur sur cinquante a recours au chômage temporaire dans ce secteur. Les trois secteurs à avoir enregistré la hausse la plus importante sont la logistique (+119 % en octobre), la construction (+54,5 %) et l’alimentation (+27,9 %). Dans d’autres secteurs, tels que les services et l’horeca, le nombre de chômeurs temporaires a diminué tout au long de l’année. Dans les secteurs pharmaceutique, de la chimie et de l’énergie, c’est le cas depuis l’été.
Illustration 2 : Chiffres du chômage temporaire Acerta, 2023 au niveau national – Pourcentage de travailleurs concernés, 2023 sur base mensuelle, par secteur
Olivier Marcq conclut : « Les secteurs qui connaissent une recrudescence du chômage temporaire ces derniers mois sont ceux qui sont sensibles aux facteurs externes tels que les conditions météorologiques, la disponibilité et les prix des matières premières, etc. Ces facteurs ont principalement un impact sur le travail effectué par les ouvriers. Le système de chômage temporaire a donc été créé principalement pour eux. Jusqu’à aujourd’hui, il est rare que des employés se retrouvent au chômage temporaire. Ce phénomène explique d’emblée les chiffres limités dans la Région de Bruxelles-Capitale, car elle présente une forte concentration d’entreprises actives dans le secteur des services, qui occupent principalement des employés. »
À propos des chiffres
Les chiffres concernent tous les types de chômages temporaires et se basent sur les données réelles d’un ensemble de 260 000 travailleurs occupés auprès de plus de 40 000 employeurs du secteur privé auquel appartiennent aussi bien des PME que des grandes entreprises. Au vu de la diversité des secteurs, des régions, des sexes, des âges et autres caractéristiques, nous pouvons considérer que l’ensemble des données étudiées est représentatif du marché belge du travail.