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Comment l'Europe peur surmonter les défis géoéconomiques à l'ère Trump?

La récente image de la Présidente de la Commission européenne convoquée par Donald Trump dans son golf écossais, visiblement désemparée, est emblématique. Elle illustre l'ampleur de la mutation politique américaine, une "dictature à bas bruit" que nous sous-estimons gravement. L'Europe est plus que jamais vassalisée économiquement, financièrement et monétairement, et vulnérable face aux avancées technologiques chinoises prodigieuses.

Donald Trump restaure des politiques unilatérales qui « bafouent les institutions » multilatérales établies depuis 80 ans. Il exigera des achats massifs d'armements, de produits énergétiques et des investissements directs sur le sol américain. Ceux qui croient en des exigences excentriques et isolées se trompent : tout est calculé par la Maison Blanche. Si l'Europe ne s'aligne pas, les droits de douane augmenteront drastiquement.

De plus, le financement de la dette publique américaine deviendra un levier de pression sans précédent. Trump exigera que ses partenaires commerciaux la souscrivent, sous peine de nouvelles barrières tarifaires. Ce n'est pas de la science-fiction, mais une stratégie déjà théorisée et qui va ressurgir sous la forme d'« Accords de Mar-a-Lago ».

Pendant ce temps, l'Europe est déstabilisée par des forces centrifuges de plus en plus puissantes qui érodent la légitimité de la Commission et du Conseil. Nous devons répondre à deux questions cruciales :

  1. Quel modèle de gouvernance européenne ? Comment bâtir une gouvernance européenne efficace et résiliente ? Entre un modèle fédéral perçu comme intolérable par certains peuples et une option confédérale qui risquerait le délitement de l'Europe, le manque d'adhésion politique et démocratique est criant.
  2. Quelle politique industrielle pour l'Europe ? L'Europe est-elle capable de créer ses champions mondiaux ? La décision d'interdire la fusion entre Siemens Mobility et Alstom en février 2019 par la Commission européenne, au nom d'une concurrence parfaite, est un exemple frappant d'une occasion manquée. Pour beaucoup, cette décision a empêché l'émergence d'un géant ferroviaire européen capable de rivaliser avec les concurrents chinois. L'Europe doit abandonner cette idéologie de la concurrence parfaite pour favoriser des champions dans des domaines clés : chimie, métallurgie, banques, et technologie. Nos entreprises privées et leurs actionnaires seront, in fine, moins riches dans un monde industriellement fragmenté et subordonné.

L'Europe doit cesser sa complaisance et affirmer sa souveraineté pour ne pas devenir un simple théâtre d'ombres dans le nouvel ordre mondial. La complaisance n'est plus une option. L'heure est à l'action. ​

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