Comment l'Europe peut-elle gagner en compétitivité et garantir une prospérité durable ?

La Commission présente ce 29 janvier 2025 la boussole pour la compétitivité, la première initiative majeure de ce nouveau mandat, qui fournit un cadre stratégique et clair pour orienter les travaux de la Commission, sous la forme de 46 initiatives, lesquelles impactent notamment une vingtaine de législations, essentiellement sous l'angle de la simplificatation administrative des entreprises et des besoins importants en capitaux, en mobilisant l'épargne.

La boussole trace le chemin que l'Europe doit suivre pour devenir à la fois la région où les futurs technologies, services et produits propres seront inventés, fabriqués et mis sur le marché, et le premier continent à atteindre la neutralité climatique.

Contexte

Ces vingt dernières années, l'Europe a perdu du terrain face aux autres grandes économies en raison d'un retard persistant de la croissance de sa productivité. Grâce à sa main-d'œuvre talentueuse et qualifiée, à son capital, à son épargne, à son marché unique et à ses infrastructures sociales sans pareil, l'Europe a les moyens d'inverser cette tendance, pour autant qu'elle agisse d'urgence pour s'attaquer aux obstacles établis et aux faiblesses structurelles qui la freinent.

La Présidente von der Leyen, a déclaré: L'Europe a tout ce dont elle a besoin pour gagner. En même temps, nous devons corriger nos faiblesses pour regagner en compétitivité. La boussole pour la compétitivité transforme les excellentes recommandations du rapport Draghi en feuille de route. Nous avons donc un plan, à présent. Nous avons la volonté politique. Ce qui importe est la vitesse, et l'unité. Le monde ne nous attendra pas. Tous les États membres sont d'accord sur ce point. Agissons donc en partant de ce consensus.

Le 27 novembre 2024, la présidente von der Leyen a annoncé que la première initiative majeure de la Commission sous ce nouveau mandat serait une boussole pour la compétitivité, qui s'appuierait sur le rapport Draghi et fournirait un cadre pour les travaux de la Commission en matière de compétitivité en cours de ce mandat.

Dans son discours sur l'état de l'Union européenne de 2023, la présidente von der Leyen a déclaré qu'elle avait demandé à l'ancien premier ministre italien, Mario Draghi, de préparer un rapport sur l'avenir de la compétitivité européenne. Le rapport met en garde contre le fait que l'Europe ne sera plus en mesure de s'appuyer sur bon nombre des facteurs qui ont soutenu sa croissance par le passé. Il établit un diagnostic clair et formule des recommandations concrètes pour mettre l'Europe sur une trajectoire différente. Nombre de ces recommandations sont déjà reflétées dans les orientations politiques et les lettres de mission adressées par la présidente aux membres du collège.

Trois grands axes d'action: innovation, décarbonation et sécurité

Le rapport Draghi a recensé trois axes impératifs pour stimuler la compétitivité. La boussole définit maintenant une approche et une série de mesures phares pour traduire chacun de ces impératifs en actions concrètes.

  • Combler l'écart en matière d'innovation. L'UE doit relancer son moteur d'innovation. Nous voulons créer un environnement favorable aux jeunes start-ups innovantes, promouvoir la primauté industrielle dans les secteurs à forte croissance fondés sur des technologies de rupture et encourager la diffusion des technologies au sein des entreprises et PME établies. À cet égard, la Commission proposera une initiative sur les «giga-fabriques d'IA» et une «stratégie pour l'application de l'IA» afin de stimuler le développement et l'adoption industrielle de l'IA dans des secteurs clés. Elle présenta également des plans d'action sur les matériaux avancés, la technologie quantique, la biotechnologie, la robotique et la technologie spatiale. Une stratégie spécifique de l'UE pour les start-ups et les jeunes entreprises en expansion s'attaquera aux obstacles qui empêchent l'émergence et l'expansion de nouvelles entreprises. Une proposition de 28e régime juridique simplifiera les règles applicables, notamment les aspects pertinents du droit des sociétés, de l'insolvabilité, du travail et de la fiscalité, et réduira les coûts des défaillances. Cela permettra aux entreprises innovantes de bénéficier d'un ensemble de règles unique lorsqu'elles investissent et exercent leurs activités où que ce soit dans le marché unique.
  • Une feuille de route conjointe pour la décarbonation et la compétitivité. La boussole considère les prix élevés et volatiles de l'énergie comme un défi majeur et définit des domaines d'intervention qui permettraient de faciliter l'accès à une énergie propre et abordable. Le pacte pour une industrie propre à venir instaurera une approche de la décarbonation axée sur la compétitivité, afin de faire de l'UE une région attractive pour la fabrication, y compris pour les industries à forte intensité énergétique, et de promouvoir les technologies propres et les nouveaux modèles d'entreprise circulaires. Un plan d'action pour une énergie abordable contribuera à faire baisser les prix et les coûts de l'énergie, tandis qu'un acte législatif visant à accélérer la décarbonation de l'industrie élargira l'octroi accéléré de permis aux secteurs en transition. En outre, la boussole prévoit des plans d'action sur mesure pour certains secteurs à forte intensité énergétique tels que l'acier, les métaux et les produits chimiques, secteurs qui constituent l'épine dorsale du système manufacturier européen mais sont les plus vulnérables dans cette phase de transition.
  • Réduire les dépendances excessives et renforcer la sécurité. La capacité de l'UE à diversifier et à réduire ses dépendances dépendra de la signature de partenariats efficaces. L'UE dispose déjà du réseau d'accords commerciaux le plus large et à la croissance la plus rapide au monde, avec plus de 76 pays couverts qui sont responsables de près de la moitié des échanges commerciaux de l'UE. Pour continuer à diversifier et à renforcer nos chaînes d'approvisionnement, la boussole mentionne une nouvelle série de partenariats pour des échanges et des investissements propres qui contribueront à la sécurité de l'approvisionnement en matières premières, en énergie propre, en carburants durables pour les transports et en technologies propres provenant du monde entier. Au sein du marché intérieur, le réexamen des règles relatives aux marchés publics permettra d'introduire une préférence européenne lors de la passation de marchés publics pour les secteurs et technologies critiques.

Cinq catalyseurs horizontaux pour la compétitivité

Les trois grands axes susmentionnés sont complétés par cinq catalyseurs horizontaux qui s'avéreront essentiels pour soutenir la compétitivité dans tous les secteurs:

  1. Simplification. Ce catalyseur vise à réduire considérablement la charge réglementaire et administrative. Il suppose aussi de déployer des efforts systématiques pour rendre les procédures d'accès aux financements de l'UE et l'obtention de décisions administratives européennes plus simple, plus rapide et moins lourd. La proposition «omnibus» à venir simplifiera la publication d'informations en matière de durabilité, le devoir de diligence et la taxinomie. De plus, la Commission facilitera les activités commerciales de milliers de petites entreprises à moyenne capitalisation. La boussole a pour un objectif de réduire d'au moins 25 % la charge administrative qui pèse sur les entreprises et d'au moins 35 % celle qui pèse sur les PME.
  2. Réduction des obstacles au marché unique. Pendant 30 ans, le marché unique a fait ses preuves en tant que moteur de compétitivité de l'Europe. Afin d'améliorer son fonctionnement dans tous les secteurs, une stratégie horizontale pour le marché unique permettra de moderniser le cadre de gouvernance en faisant disparaître les obstacles intra-UE et en prévenant la création de nouveaux obstacles. En outre, la Commission en profitera pour rendre les processus d'élaboration des normes plus rapides et plus accessibles, notamment pour les PME et les start-ups.
  3. Financement de la compétitivité. L'UE manque d'un marché des capitaux efficace capable de transformer l'épargne en investissements. La Commission présentera une union européenne de l'épargne et des investissements dans le but de créer de nouveaux produits d'épargne et d'investissement, d'encourager les investissements en capital-risque et de garantir que les investissements circulent sans discontinuité dans toute l'UE. Un budget de l'UE recentré permettra de rationaliser l'accès aux fonds européens conformément aux priorités de l'UE.
  4. Promotion des compétences et des emplois de qualité. Le peuple européen est à la base de la compétitivité du continent. Pour garantir une bonne adéquation entre les compétences et les demandes du marché du travail, la Commission proposera une initiative visant à bâtir une union des compétences axée sur l'investissement, l'éducation des adultes et l'apprentissage tout au long de la vie, la création de compétences à l'épreuve du temps, le maintien des compétences, la mobilité équitable, l'attraction et l'intégration de talents qualifiés extérieurs à l'UE et la reconnaissance des différents types de formation pour permettre aux personnes de travailler dans toute l'Union.
  5. Meilleure coordination des politiques au niveau européen et au niveau national. La Commission dévoilera un outil de coordination de la compétitivité, qui aidera les États membres à garantir la mise en œuvre, à l'échelle européenne et à l'échelle nationale, des objectifs stratégiques communs de l'UE, à recenser les projets transfrontaliers d'intérêt européen et à mener à bien les réformes et les investissements pertinents. Au cours du prochain cadre financier pluriannuel, un fonds pour la compétitivité remplacera plusieurs instruments financiers existants de l'UE dotés d'objectifs similaires, en offrant un soutien financier à la mise en œuvre d'actions dans le cadre de l'outil de coordination de la compétitivité.


Pour en savoir plus

Une boussole pour la compétitivité de l'UE

Fiche d'information sur la boussole pour la compétitivité

Mots clés

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