Au-delà des impacts sanitaires et économiques, la crise du covid-19 a un impact négatif sur le bien-être des Belges et ses principaux déterminants, tels que la santé ou les relations sociales. Certains groupes sont particulièrement vulnérables : les femmes, les 16-49 ans, les personnes avec de faibles revenus, vivant seules, en incapacité de travail ou sans emploi.
À partir des informations disponibles, le BFP estime que l’impact de la crise sur le bien-être est plus important que lors de la crise économique et financière de 2008.
Au-delà des impacts sanitaires et économiques, la crise du covid-19 bouleverse la vie des personnes dans son ensemble. Une manière d’en prendre la mesure est de se pencher sur le bien-être des Belges. Les mesures du bien-être permettent en effet de synthétiser de multiples dimensions de la vie des personnes. S’il est certain que cette crise aura un impact négatif sur le bien-être des Belges, de nombreuses questions subsistent. De combien va-t-il baisser ? Quels sont les groupes les plus vulnérables? etc.
Dans le cadre de ses rapports sur les indicateurs complémentaires au PIB, le Bureau fédéral du Plan (BFP) s’est penché sur le bien-être des Belges. L’analyse statistique des données 2013 de l’enquête sur les revenus et les conditions de vie (SILC) a permis de pointer les principaux déterminants du bien-être spécifiques à la Belgique (ICN/BFP, 2017 et Joskin, 2017). Il ressort de cette analyse que la santé, tant physique que mentale, est le principal déterminant du bien-être des Belges. Outre la santé, les relations sociales, en particulier celles avec les proches (famille/amis), sont aussi un déterminant important. En ce qui concerne le niveau de vie, le bien-être des Belges est principalement déterminé par le fait de disposer d’un revenu suffisant pour accéder à un mode de vie considéré comme standard (ne pas être en situation de privation matérielle sévère). Pouvoir travailler (ne pas être chômeur ou en incapacité de travail) et être diplômé comptent aussi pour le bien-être des Belges. Les principaux résultats de cette analyse sont repris en annexe de ce rapport.
À partir de ces résultats, un indicateur synthétique spécifique à la Belgique a été développé par le BFP: le Bien-être ici et maintenant (ICN/BFP, 2018 et Joskin, 2018). En agrégeant différents indicateurs , il synthétise les principaux déterminants du bien-être: la santé, les relations sociales, le niveau de vie, le travail et l’éducation. Cet indicateur a l’avantage d’être transparent, décomposable et facilement communicable. Il mesure l’évolution du bien-être sur une échelle comprise entre 0 et 1, où 0 correspond à une situation où les composantes de l’indicateur sont simultanément à leur minimum.
À côté des résultats pour l’ensemble de la population belge, les travaux du BFP se sont également penchés sur le bien-être de certains groupes comme les femmes et les hommes, quatre catégories d’âge (16-24 ans, 25-49 ans, 50-64 ans et 65 et plus) et cinq catégories de revenus (les quintiles de revenus), les travailleurs ou encore les chômeurs (ICN/BFP, 2017 ; ICN/BFP, 2019 ; Joskin, 2017 et Joskin, 2019). Il ressort de l’analyse que certains groupes ont un niveau de bien-être significativement plus bas que la moyenne belge. Il s’agit des personnes vivant seules (avec ou sans enfants), sans diplôme, avec de faibles revenus, au chômage ou en incapacité de travail. L’analyse fait aussi apparaître, qu’hormis la santé et les relations sociales, les déterminants du bien-être diffèrent d’un groupe à un autre. Même lorsque ces déterminants sont identiques, leur impact sur le bien-être diffère entre les groupes analysés. Les résultats de ces analyses permettent donc de pointer les groupes pour lesquels une détérioration des principaux déterminants impacte relativement plus le bien-être.
Depuis la mi-mars, plusieurs enquêtes se sont penchées sur l’impact de la crise du covid-19 sur notre quotidien et en particulier sur les principaux déterminants du bien-être identifiés par le BFP. Ces enquêtes pointent aussi les groupes qui sont aujourd’hui relativement plus impactés par cette crise. En combinant les résultats des travaux du BFP avec ceux des enquêtes, il apparaît que certains groupes de la population sont particulièrement vulnérables face à cette crise.
Le chapitre 2 de ce rapport identifie ces groupes vulnérables, c’est-à-dire ceux dont le bien-être risque d’être particulièrement impacté par la crise du covid-19. Le chapitre 3 estime, sur la base des informations disponibles, l’impact de cette crise sur le bien-être moyen en Belgique à partir de l’indicateur Bien-être ici et maintenant (BEIM). Le dernier chapitre propose une synthése de ces travaux.
Source : Bureau fédéral du Plan