Economie de marché et dangers environnementaux existentiels : quelle priorité?

Au fil de ces dernières années, je suis devenu de plus en plus sceptique vis-à-vis du néolibéralisme, et encore davantage concernant la notion d’économie de marché, c’est-à-dire une économie régie par la loi de l’offre et de la demande. Il est d’ailleurs stupéfiant que si le terme « marché des capitaux » est compréhensible, on parle du « marché de l’emploi » comme si les individus étaient de simples valeurs mobilières fongibles.

Le futur amplifié sans limite ultime?

Cette économie de marché a été amplifiée par Internet qui a créé un gigantesque marché de l’information, auquel se sont greffés des réseaux sociaux aux gouvernances floues, mais indubitablement impérialistes. Ces réseaux sociaux, ainsi que les plateformes oligopolistiques, exacerbent les manipulations, les comportements narcissiques et les tendances consuméristes.

​C’est pour cette raison qu’il est erroné de croire que la multitude d’impulsions digitales crée une stabilité. Au contraire, c’est un dispositif voué à l’implosion, à cause des limites biologiques humaines et de la domination des barons du capitalisme. L’aboutissement envisagé est l’implosion sociétale, et la passivité généralisée face aux défis environnementaux en est une parfaite illustration. L’emprunt du futur s’accélère jusqu’à atteindre sa limite ultime.

Implosion systémique?

Je redoute une implosion systémique, mais certaines étapes intermédiaires sont identifiables : des chocs sociaux, environnementaux et financiers. Car un système instable, à un certain point, manifeste des divergences et des ruptures, sans nécessairement retrouver une stabilité.

Le vrai danger est d’être confronté à un système qui atteint son point de singularité, c’est-à-dire le moment où un processus atteint une accélération telle qu’il entraîne des changements imprévisibles et souvent irréversibles. En matière d’environnement, notre système socio-économique est sur le point d’atteindre une telle accélération et une telle complexité qu’il pourrait devenir instable et imprévisible, aux conséquences inattendues et dévastatrices.

Dans une récente intervention médiatique, l’essayiste Massimo Fini écrivait : L’Occident a mis sur pied un modèle de croissance paranoïaque, névrosé, qui ne permet aucun apaisement personnel, aucun moment de sérénité. Dès que l’on a atteint un objectif, nous sommes, en effet, appelés à en atteindre un nouveau. Nous sommes poussés à consommer toujours plus. Or les croissances exponentielles existent dans l’univers des mathématiques, pas dans la nature. Il faut désormais imaginer la possibilité d’un effondrement collectif à venir.

L'environnement avant tout!

C’est pour cette raison que le défi environnemental prime sur toute autre affaire, à commencer par ma symbolique monétaire. Et il faut se souvenir des paroles de Blaise Pascal qui rappelait que nous sommes un néant à l’égard de l’infini, un tout à l’égard du néant et un milieu entre rien et tout.

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