L'erreur de perception est de croire que si Trump n'est pas élu, ou ne peut pas l'être, les États-Unis vont éviter un second naufrage présidentiel.
Ma conviction, c'est que la démocratie américaine est déjà morte.
En effet, 74 millions d'Américains ont voté pour Trump en 2020, et la moitié des électeurs américains a cru, ou croit encore, que l'élection a été truquée. Il y a donc 37 millions d'Américains, sur près de 160 millions d'électeurs, soit un quart des Américains, qui remettent en cause le processus démocratique. Et un Américain sur quatre considère que la tentative de coup d'État (car il faut qualifier l'insurrection du 5 janvier 2021 de son appellation correcte) est un complot du FBI.
La situation est alors simple à lire : si Trump est élu, c'est la fin de la démocratie américaine... et ailleurs. Car il ne faut se faire aucune illusion, la statue de la Liberté de Bartholdi ne sera plus qu'un point de repère touristique. Et si Trump n'est pas élu, la fureur d'une partie de la population, dont les convictions se seront renforcées par un sentiment de revanche, pourrait conduire à de la violence civile.
Donc, que Trump soit élu ou pas, le respect institutionnel pour la démocratie va s'eroder. Et l'idée que les Américains sont réunis par des valeurs morales supérieures, façonnées par leur ancêtre commun George Washington, ne sera plus partagée (et elle ne l’est déjà plus).
Cette situation d'exaspération sociétale est nouvelle, même si les États-Unis ont vécu de grands troubles intérieurs. Auparavant, leur violence intérieure s'exprimait dans de lointaines guerres. Or, aujourd'hui, les polarités du monde se sont déplacées différemment avec d'autres acteurs dominants comme la Chine. Les États-Unis doivent donc internaliser cette violence sociale.
Et finalement, pourquoi ce sordide aboutissement ? Trump est à la fois l'aboutissement d'une société malade des inégalités sociales qu'elle amplifie et l'amorce d'une perte de crédibilité démocratique qui peut conduire, au mieux, à saper le lien patriotique, et, au pire à une phase de gestion fasciste, mussolinienne ou péroniste.
En vérité, les États-Unis ont développé un système économique et politique qui ne peut fonctionner qu'en expansion et en débordement. Le monde les contraint désormais à se faire face entre eux.
Le piège s'est refermé sur les États-Unis, et sur les pays vassalisés, comme l'Europe. Car, ne l'oublions pas, cet aboutissement américain pourrait conduire, un jour, à l'effondrement du dollar, donc à une crise financière, politique et sociale eschatologique.
J’espère que ce scénario ne se passera pas et que mon intuition me trompe. Tout peut être bouleversé par les mains hasardeuses du temps.