Fragilité budgétaire : pourquoi les états européens marchent sur un fil ?

La plupart des pays européens doivent contraindre leur déficit budgétaire et donc leur dette publique, exprimée en pourcentage du PIB. C’est, entre autres, le prix à payer pour une monnaie certes unique mais sous-optimale, qui doit s'assurer une relative (et très fragile) cohérence entre les finances de ses États membres. On voit la différence avec les États-Unis, qui rugissent sous un déficit public gigantesque malgré l’atteinte du plein emploi… parce que le dollar est la devise de référence, ce qui leur confère un privilège monétaire indiscutable.

Bien sûr, il est évident qu’une dette publique sous contrôle est préférable à l’inverse. Mais comparer une dette publique à une dette privée n’est pas fondé : une dette publique ne se rembourse jamais, elle se refinance, et lorsqu’elle est le reflet d’équilibres sociaux, elle contribue à la solidarité intra- et intergénérationnelle. Un exemple immédiat illustre cette réalité : si des pensions sont financées par l’emprunt parce que les cotisations des travailleurs actifs sont insuffisantes, on peut argumenter que les charges d’intérêts qui pèseront ultérieurement sur ces travailleurs, une fois retraités, reflètent l’insuffisance de leurs cotisations.

Mais voilà, il faut se mettre à la diète budgétaire. Et on verra, cahin-caha, des gouvernements nous faire des effets d’annonce au sujet de schémas financiers élaborés à coups de reports de dépenses, d’investissements et d’effets retours (c’est-à-dire les retombées positives des mesures de stimulation ou d’économies) apparaître comme par magie d’un tableur Excel.

La réalité est que l’endettement public va immanquablement augmenter puisque le vieillissement de la population accroît les dépenses sociales tout en réduisant la croissance. Et cette croissance, déjà très faible, ne signifie pas une augmentation du pouvoir d’achat. En effet, si le PIB croît de 1 %, mais que la population augmente de 0,4 %, il ne reste que 0,6 % de hausse du pouvoir d’achat. De plus, les mesures de réduction des dépenses publiques et les levées inévitables d’impôts contribuent également à la contraction de la croissance, et donc du pouvoir d’achat. L’exemple français est, à cet égard, édifiant.

Tout est donc très fragile. Et je crois que c’est tellement fragile qu’une véritable réforme budgétaire passe par une approche « bottom-up », qui identifie, ligne par ligne, la pertinence des mesures fiscales et budgétaires, plutôt qu’une approche globale et aveugle à coup de dizaines de milliards, qui ne peut conduire qu’à des approximations et des mesures qui ratent structurellement leur cible.

Mais ceci n’enlèvera pas ma conclusion générale : nous avons tous vécu trop bien (malgré que 25 % de la population belge est en pauvreté ou précarité) sans se soucier de … nous-mêmes, devenus plus âgés et en moins bonne santé.

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