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​Il y a une raison pour laquelle les bourses ressemblent à des temples: on y espère l’évasion.

Il y a une raison pour laquelle les bourses ressemblent à des temples : on y espère l’évasion. Financière pour les premiers, post-mortem pour les seconds. Dans une bourse, on négocie le futur entre un acheteur et un vendeur qui, pourtant aussi bien informés l’un que l’autre, opposent un optimisme à un pessimisme. C’est donc la porte ouverte, mais jamais franchie, sur l’avenir.

Mais comment se forment les cours de la bourse puisque nul ne connaît le futur ?

Il y a d’abord un postulat d’information : comme tout le monde est un investisseur effectif ou potentiel, il serait possible d’agréger toute la connaissance universelle. On qualifie alors les marchés d’efficients, ou plutôt d’omniscients. C’est un postulat. Cela n’a jamais pu être démontré complètement, puisque personne ne connaît d’autre monde que celui qu’il observe.

Ensuite, il s’agit de résumer les flux financiers futurs associés, par exemple, à une action. On imagine des dividendes futurs, que personne ne connaît. Et comme il faut intégrer cette incertitude, mais aussi le temps qui nous sépare de l’obtention de ces dividendes, on réduit ces estimations du futur par deux éléments : le prix du temps, c’est-à-dire le taux d’intérêt (qui est une invention humaine, car le temps n’a pas de prix en soi), et une prime de risque, qui est d’autant plus importante que l’incertitude est forte.

Si je faisais référence aux temples, c’est parce que le seul qui puisse se passer de cette défalcation du temps et de l’incertitude, c’est Dieu.

Dieu, consubstantiel au temps depuis le commencement, connaît l’avenir. Mais on le sait, les voies du Seigneur étant impénétrables, les humains doivent estimer en permanence leurs propres incertitudes. Raison pour laquelle la bourse, ce sanctuaire profane, oscille sans cesse entre foi et chaos.

Et si Dieu, dans son omniscience, décidait un jour de murmurer à l’oreille des traders ? Les cours s’effondreraient ou s’envoleraient en un instant, révélant que la vraie bourse n’est qu’un pari sur l’ombre d’une vérité divine – un jeu d’hommes jouant à être Dieu, jusqu’à ce que le Temps, maître ultime, ne clôture la séance pour l’éternité.

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