Intelligences artificielles, valeur ajoutée, impôts et sécurité sociale : les emmerdements commencent…

J’ai acquis une conviction : les intelligences artificielles vont transformer tout et partout.

Cela veut dire que la valeur ajoutée de nombreux métiers va (très) brutalement se modifier. Certains vont l’accroître, d’autres, plus nombreux, vont la perdre.

Cela veut dire qu’à isopérimètre social, une partie importante des travailleurs à faible/moyenne valeur ajoutée dans l’économie des services vont voir leur métier ou sa rémunération être altéré. Mais ce n’est pas tout : certains diplômes et formations de très haut vol vont être dissous.

En vérité, tout se passe comme si une partie de la productivité était aspirée par les intelligences artificielles, qui ne génèrent, à ce stade, aucun salaire et ne payent pas d’impôt ni de cotisation sociale.

Cela pourrait profondément bouleverser les finances publiques et les recettes de la sécurité sociale qui sont essentiellement fondées sur un prélèvement sur le travail.

Donc les ennuis vont commencer…

Car quelle sera la base élargie de l’impôt et des cotisations sur le travail ? Peut-être l’impôt des sociétés… sauf que les fondateurs de cette intelligence artificielle sont hors de portée de nos souverainetés et qu’ils argumenteront qu’ils apportent de la valeur ajoutée à ceux qui sauront s’en emparer pour augmenter les gains de productivité. Ce ne sera pas le cas de tous les pays, à commencer pas ceux qui n’ont pas compris l’envergure du bouleversement sociétal.

Ceci n’est pas sans faire écho à l’économiste suisse Jean de Sismondi (1773-1842), qui théorisa ce basculement vers la mécanisation en argumentant qu’il profitait au patronat. Selon sa vision, la machine est un moyen privilégié d’accumulation de capital parce qu’elle n’a pas besoin de salaire. Il suggéra l’idée que tout individu remplacé par une machine reçoive à vie une rente perçue sur la richesse entraînée par la mécanisation de son emploi. En d’autres termes, le propriétaire ou le gestionnaire du processus devrait s’acquitter d’un impôt correspondant à une partie des gains de productivité qu’il soustrait à la sphère marchande collective.

Il faut impérativement réfléchir à tout ceci…​​​

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