• FR
  • NL
  • EN

J’ai mal à mon Europe…

Il se passe quelque chose de très important dans l’UE, et c’est simple à comprendre : son modèle est contesté hors d’Europe et aussi par certains États membres.

L’Europe est détestée, mais je devrais plutôt écrire méprisée, par de nombreux pays qui la regardent avec indifférence. Les raisons en sont multiples : c’est un continent anciennement colonisateur qui a cru pouvoir imposer son modèle au reste du monde, tout en voulant le dominer, alors qu’il ressemble de plus en plus à un assemblage fragile de pays incapables de s’aligner sur un projet de société ou sur des valeurs morales. C’est aussi la mauvaise conscience de ceux qui n’aiment pas la démocratie.

C’est un continent dont la direction est devenue hasardeuse : il suffit de penser que, sous la direction de la même présidente, des orientations contraires furent prises dans les domaines de l’écologie et de la compétitivité, sans qu’elle soit capable d’insuffler un sursaut en matière d’innovation et de réindustrialisation, tel que l’avait décrit Mario Draghi, dont le rapport prend la poussière.

Les États-Unis ont désormais affirmé leur dissension politique à l’égard de l’Europe, dont ils ne reconnaissent pas les représentants, tandis que la Russie est en guerre avec elle et que le commerce chinois, à un niveau d’innovation inégalé, nous ramène à un rôle de consommateurs passifs de produits importés.

Mais ce n’est pas tout : des pays importants, comme l’Italie, la Hongrie et certainement la Belgique dans cette tentative de fragilisation liée à Euroclear, mettent ouvertement en cause le leadership européen. Et de plus en plus de citoyens considèrent la Commission comme illégitime, au motif qu’elle n’a aucun ancrage démocratique, comme l’a dit le vice-président J.D. Vance en février à Munich. Cela avait choqué tout le monde, dont moi, mais à la réflexion, je pense qu’il n’avait pas tout à fait tort.

On le voit : les années soixante, ces fameuses Golden Sixties, sont très loin.

Je me souviens de Jean-Claude Juncker qui avait qualifié sa Commission (2014-2019) de celle de « la dernière chance », car elle arrivait à un moment crucial pour l'Europe, minée par la crise économique, le chômage et la montée des populismes, avec l'objectif de relancer l'intégration européenne et de prouver que l'UE pouvait agir concrètement pour ses citoyens.

Le bilan de cette période fut jugé largement positif.

Ces temps sont révolus.

Et il est évident que la gouvernance européenne doit changer : il est impensable que cette Commission cabote jusqu’en 2029. Elle doit être renouvelée, repensée, avec certainement une nouvelle présidence.

Et je crois que l’Union européenne devra changer ses règles de fonctionnement dans de nombreux domaines, y compris en matière d’unanimité, pour migrer vers un modèle plus confédéral.

Ce n’était pas l’esprit initial, je sais, mais nous assistons à un naufrage qui va alimenter le populisme et le rejet d’une Olympe européenne technocratique.

Mots clés