La Belgique reste l’un des pays européens qui attirent le plus d’investissements étrangers, avec une hausse de 8 % des projets et de 37 % de la création d’emplois en 2021

La Belgique réaffirme sa position de plateforme logistique de premier plan.

La Belgique a vu le nombre de projets d’investissement étrangers augmenter plus rapidement que la moyenne européenne en 2021. C'est l’une des principales conclusions de l’édition 2022 du Baromètre de l’Attractivité belge, une étude annuelle menée par EY qui évalue l’attrait de la Belgique en tant que lieu d’investissement. Mais dans la mesure où d’autres pays, notamment la France et la Turquie, ont enregistré une hausse encore plus forte des investissements directs étrangers (IDE), la Belgique perd une place dans le classement européen, glissant de la cinquième à la sixième place. La croissance des IDE reflète une reprise de l’activité des investisseurs étrangers en Belgique après le ralentissement qui a frappé l’économie belge en 2020, même si le nombre de projets est resté inférieur au niveau prépandémique de 2019. Les États-Unis ont récupéré leur place de premier investisseur étranger en Belgique.

Après les années mouvementées liées au Covid en 2019 et 2020, l’enquête d’attractivité de cette année reflète un monde qui se remet lentement des effets de la pandémie mondiale. Comme le montrent les chiffres européens, la reprise en 2021 a été progressive mais réelle. Globalement, l’Europe a connu une croissance du nombre de projets d’investissements étrangers de 5 % par rapport à 2020, avec un total de 5.877 projets. Ce chiffre est clairement encourageant, même s’il reste inférieur de 12 % au niveau record de 2017.

La bonne nouvelle du rapport de cette année est que la Belgique fait mieux que la moyenne européenne, puisque notre pays enregistre une augmentation de 8 % du nombre d’IDE, avec un total de 245 projets d'investissement. Une autre bonne nouvelle, encore meilleure même, est que ces investissements étrangers ont généré la création de 6.968 emplois en 2021, ce qui représente une croissance de 37 % par rapport à l'année dernière. Comme les années précédentes, les performances de la Belgique en matière d'IDE ont été principalement portées par les nouveaux projets. Sur les 245 projets, 80 % étaient nouveaux.

La Belgique quitte le top 5, la France se démarque

Hélas, cela n’empêche pas la Belgique de quitter le top 5 européen, notre pays passant de la cinquième à la sixième place. Mais ce changement dans le classement s’explique surtout par la reprise marquée en Turquie, qui a connu une augmentation de 27 % du nombre de projets d'IDE. D'une manière générale, il est clair que la croissance moyenne européenne cache de grandes divergences. L'Italie, par exemple, a connu une reprise de 83 %, après avoir été fortement impactée par les restrictions Covid en 2020. La faible performance russe (-28 %) précède le début effectif de l'opération militaire russe en Ukraine, mais il convient de noter que les tensions s'accumulaient déjà tout au long de 2021, créant un climat d’investissement incertain.

Si l’on regarde le podium européen, il y a désormais clairement un médaillé d’or, d’argent et de bronze dans le classement des IDE par pays. En 2020, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni étaient pratiquement à égalité à la première place des plus grands bénéficiaires d’investissements étrangers en Europe. Cette situation a fortement changé en 2021, la France devenant clairement le pays le plus performant d’Europe. Le nombre de projets annoncés en France a bondi de 24 % pour atteindre un total de 1.222 projets d’investissement. En revanche, le nombre de projets en Allemagne a chuté de 10 % pour atteindre 841. Les investissements au Royaume-Uni sont restés stables, avec une augmentation de 2 %.

La Flandre reste la destination favorite des investisseurs étrangers en Belgique

L’enquête de cette année sur l'attractivité de la Belgique montre également que les États-Unis reprennent leur position de principale source de projets d’IDE en Belgique avec une croissance des projets de 70 % par rapport à l’année précédente, après avoir cédé la première place au Royaume-Uni en 2020. L’année dernière, qui était une année Covid, les Etats-Unis s’étaient même retrouvés derrière les Pays-Bas et la Chine, qui avait été la surprise de 2020. Mais la Chine n'a pas poursuivi sur cette même voie en 2021. Tout en restant le premier investisseur au niveau des marchés émergents, le nombre de projets d'IDE chinois a quasiment diminué de moitié. Cette baisse a été particulièrement ressentie en Région wallonne, où la Chine avait été le plus gros investisseur en 2020. Le Royaume-Uni, qui a réussi à faire croître son nombre de projets malgré le Brexit et la pandémie en 2020, a conservé un rythme de croissance régulier en 2021, s'assurant ainsi la deuxième position du classement général.

Si on regarde plus en détail les chiffres des trois régions qui composent notre pays, on constate la région flamande reste de loin la destination la plus importante pour les IDE en Belgique, avec 141 projets, soit environ 60 % de tous les projets d’investissement étrangers en Belgique. C'est aussi en Flandre que les États-Unis ont été particulièrement actifs. En région wallonne, qui a accueilli 46 projets d'investissement en 2021, la reprise des projets d'IDE français n'a pas suffi à compenser la forte baisse des investissements chinois. À Bruxelles, la reprise de l'année dernière n'a pas suffi à ramener la région à son niveau de 2019, avec un total de 58 projets en 2021.

La Belgique réaffirme sa position de plateforme logistique de premier plan

Cinq secteurs clés ont été les moteurs de l'activité des IDE en Belgique tout au long de l'année 2021, mais avec quelques variations par rapport à l’an dernier. Le secteur des transports et de la logistique reprend la première place aux services aux entreprises, tandis que le secteur pharmaceutique a quelque peu ralenti après une année très chargée, ce qui a permis au secteur des logiciels et des services informatiques de le dépasser et d'occuper la troisième place.

En ce qui concerne les types de projets d’investissement, on note un bond remarquable des investissements logistiques, qui occupent la première place avec un total de 65 projets. En 2020, cette catégorie d'investissements ne figurait même pas dans le top 3. L'ancien « champion », à savoir les ventes et le marketing, chute à la troisième position. Quant au secteur manufacturier, il conserve sa deuxième place.

« La logistique a toujours été un pilier de l'attractivité de la Belgique pour les investisseurs étrangers, et ce mouvement est encore renforcé par la tendance générale à la relocalisation des entreprises, qui veulent mieux protéger leurs chaînes d'approvisionnement par rapport aux perturbations mondiales. En outre, il est encourageant de constater que les investisseurs saluent le potentiel de la Belgique à décarboniser sa chaîne d'approvisionnement. C’est une bonne chose pour les années à venir, car cela permet d’assurer la position forte de la Belgique dans le domaine de la logistique à plus long terme », commente Marie-Laure Moreau, partner chez EY Belgique.

Les investisseurs pointent toujours les mêmes problèmes

Chaque année, l’étude d'attractivité s'intéresse également à la perception de l'attractivité de la Belgique par les investisseurs étrangers. À ce stade, il est bien sûr difficile d'évaluer quel sera l'impact précis du conflit en Ukraine sur l'attractivité de la Belgique dans les mois à venir, mais l'étude de cette année fait néanmoins apparaître des opinions claires sur les forces et faiblesses spécifiques de la Belgique en tant que destination potentielle d'investissement. Il est très encourageant de constater, par exemple, que la Belgique est désormais beaucoup plus proche de la moyenne européenne que l'année dernière. Globalement, 54 % des personnes interrogées évoquent une amélioration de l'attractivité de la Belgique. L'année dernière, ce chiffre n'était que de 35 %, la majorité des répondants prévoyant alors un statu quo.

Malgré cette tendance positive, la Belgique ne semble pas pouvoir se défaire des principaux risques qui pèsent sur son attractivité. Les investisseurs restent préoccupés par le régime fiscal, de même que par l'instabilité du climat politique, réglementaire et administratif en Belgique, ainsi que par la pénurie et le coût de la main-d'œuvre. Sur une note plus positive, la qualité de la main-d'œuvre belge est considérée comme un point fort par les investisseurs étrangers, si on la compare au reste de l'Europe. La Belgique fait clairement bonne figure dans le domaine de l'investissement dans les compétences numériques, par exemple.

« Il est évident que la Belgique a de solides atouts à faire valoir auprès des investisseurs étrangers. Il n’y a cependant pas de place pour l'autosatisfaction. Il convient de noter que les investisseurs reviennent sans cesse sur les mêmes sujets lorsqu'on leur demande quels sont les principaux risques qui affectent l'attractivité de la Belgique pour les années à venir. Le régime fiscal belge, de même que l'instabilité politique, réglementaire et administrative, figurent toujours en tête de liste. Justifiées ou non, ces préoccupations doivent être prises en compte », souligne Marie-Laure Moreau, partner chez EY Belgique.

Patrick Rottiers, CEO d’EY Belgique, conclut : « Une sixième place pour une économie relativement petite comme la nôtre est loin d'être une contre-performance, surtout derrière des géants comme la France et l’Allemagne. La nature ouverte et pragmatique de la Belgique, associée à une main-d'œuvre multilingue de renommée internationale, fait de notre pays une destination attrayante pour les investisseurs. Il est clair que la Belgique a de solides atouts à présenter aux investisseurs étrangers. Mais la dernière chose dont nous avons besoin est de nous reposer sur nos lauriers. La Belgique doit défendre sa position de plaque tournante au niveau de la logistique. »

Recommandations pour renforcer l'attractivité de la Belgique

Voici les principales mesures suggérées par EY Belgique pour veiller à l’attractivité de la Belgique auprès des investisseurs étrangers (détails complets sur www.ey.com/be/attractiveness):

  1. Accorder plus d’attention aux entreprises établies
  2. Miser sur le numérique
  3. Se concentrer sur le développement durable
  4. Établir et maintenir un système fiscal stable et fiable
  5. Prendre soin des talents

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À propos du Baromètre de l’Attractivité belge

Les études d'attractivité menées par EY analysent l'attractivité de régions ou de pays spécifiques en tant que destinations d'investissement. Ces enquêtes sont conçues pour aider les entreprises à prendre des décisions d'investissement et les gouvernements à éliminer les obstacles à la croissance. Une double méthodologie analyse à la fois la réalité et la perception des investissements étrangers directs par pays ou par région.

L'évaluation de la réalité des investissements directs étrangers en Europe repose sur l'EY European Investment Monitor (EIM), une base de données propre à EY. L'étude de terrain a été menée par EuroMoney en février et en mars 2022 via des entretiens en ligne, sur la base d'un panel représentatif de 208 décideurs internationaux, établis (67 %) et non établis (33 %) en Belgique.

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Retrouvez l’étude complète en suivant ce lien : www.ey.com/be/attractiveness

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