C’est un argument que nous avons déjà discuté avec plusieurs clients qui, il faut le reconnaître, pensaient que cela allait « trop loin ».
Avec l’avis de l’Avocate générale Kokott du 22 mai 2025, cet argument gagne désormais en poids juridique.
Dans une affaire relative au régime belge des sociétés étrangères contrôlées (CFC), elle n’hésite pas à poser la question centrale :
Seule une question préjudicielle ad hoc permettrait à la CJUE de trancher cette question.
Les administrations fiscales font un usage de plus en plus fréquent des règles fondées sur l’ATAD, telles que :
Si le fondement même de la directive est incertain, cela soulève de véritables questions sur la validité de certaines pratiques de requalification ou d’imposition fondées sur cette directive.
Une affaire actuellement pendante devant le tribunal de première instance de Bruges pose précisément la question de la validité de l’article 4 de l’ATAD (règle EBITDA).
Ce serait la première fois que la CJUE pourrait être formellement saisie de la validité même de la directive ATAD.
En attendant que la CJUE s’exprime sur cette question, il peut être judicieux d’invoquer l’argument de l’incompétence dans les procédures contentieuses en cours ou à venir.
Au-delà du débat doctrinal, l’enjeu est fondamental : peut-on durablement fonder une politique de lutte contre l’évasion fiscale sur un texte européen dont la légitimité juridique est incertaine ? La réponse pourrait bien venir… de Luxembourg.