Je reviens sur ce développement des stablecoins américains, avec des informations qui paraîtront simplistes aux spécialistes, mais peut-être intéressantes aux profanes.
Et il faut s’intéresser à cette matière de manière très structurée, car c’est un développement monétaire qui va structurer les développements monétaires des prochaines années.
J’écarte le Bitcoin et autres quasi-monnaies numériques pour me concentrer sur les stablecoins.
Pour rappel, ce sont des monnaies numériques, des tokens émis sur plusieurs blockchains différentes. Ces tokens sont créés (minés) et détruits (burnés) en fonction des dépôts et retraits de dollars US réels, via des smart contracts sur les blockchains respectives. Ils sont hautement traçables.
Comptablement, le bilan de ces émetteurs inscrit à leurs actifs des titres du Trésor américain et au passif ces stablecoins qui doivent rester dans une parité d’échange de 1 pour 1 par rapport au dollar. Ces stablecoins ne portent pas d’intérêt, ce qui signifie que la marge d’intérêt (entre des titres du Trésor qui rapportent des intérêts et l’absence d’intérêts octroyés aux titulaires de stablecoins) est acquise par l’entreprise émettrice.
Mais les banques traditionnelles commencent à se rebiffer.
En effet, le risque est qu’en cas de crise bancaire, les détenteurs de dollars « normaux » en compte auprès de banques traditionnelles les convertissent contre des stablecoins, plus sûrs puisque garantis par la dette publique américaine, accélérant le pire scénario bancaire, à savoir la ruée sur les dépôts.
Les banques américaines font donc pression pour modifier les nouvelles réglementations sur les stablecoins aux États-Unis, craignant des sorties massives de dépôts qui pourraient atteindre des milliers de milliards de dollars et nuire à l’économie.
Elles dénoncent aussi une lacune législative qui interdit certes aux émetteurs de stablecoins de payer des intérêts, mais permet aux plateformes d’échange de cryptomonnaies d’offrir indirectement des rendements sur les stablecoins émis par des tiers comme Circle ou Tether.
Si les stablecoins peuvent être facilement rémunérés comme des dépôts en dollars traditionnels (et cela arrivera immanquablement), les banques traditionnelles vont devoir augmenter, au détriment de leurs actionnaires, la rémunération de leurs déposants. Mais, plus fondamentalement, le modèle bancaire va devoir changer et les grandes banques vont émettre leurs propres stablecoins, là-bas et un jour en Europe.