Durant les dix premières années de son existence, la zone euro a été caractérisée par des rendements souverains globalement comparables entre les États membres. La crise financière mondiale et la crise de la dette souveraine en Europe ont toutefois conduit à des différences dans ces rendements, en particulier pour les pays de la périphérie, différences qui s’observent encore aujourd’hui dans une certaine mesure.
Le récent resserrement de la politique monétaire a ravivé les préoccupations concernant la résurgence des problèmes de transmission et de fragmentation. Quelles mesures concrètes peuvent être employées pour cerner ces potentielles difficultés ? Comment les marchés financiers et bancaires réagissent-ils aux récentes impulsions de la politique monétaire ? Assistons-nous à une montée de l’hétérogénéité entre les pays de la zone euro ?
Ces indicateurs montrent que la phase de durcissement de la politique monétaire observée récemment n’a, pour l’heure, pas ravivé les inquiétudes en matière de transmission ou de fragmentation à grande échelle. Seuls les taux des dépôts bancaires à vue ont affiché une certaine résistance face à la hausse des taux directeurs de la BCE, les banques ayant rétabli leurs marges d'intérêt.
Si la résilience de la transmission de la politique monétaire reflète probablement les efforts consentis ces dernières années à différents niveaux politiques, il faut cependant se garder de tout excès de confiance. D’une part, la phase de durcissement de la BCE n’est pas encore terminée. D’autre part, alors qu’un retour à la quasi-inexistante fragmentation observée durant les premières années de l’union monétaire n’est peut-être pas souhaitable, les écarts de rendement souverains entre États membres sont parfois considérables. Une politique budgétaire plus unifiée et soutenable dans la zone euro pourrait, entre autres mesures, contribuer à restreindre les problèmes de fragmentation.
Source : BNB, juin 2023