Les collaborateurs doivent avoir le droit de se déconnecter

Plusieurs études l’ont prouvé: près de la moitié des salariés belges sont souvent voire toujours joignables en dehors des heures de travail. “C'est une source de stress qu'il ne faut pas sous-estimer”, prévient Ruben Cambier (UGent).

De nombreux employés souffrent de télépression au travail, souvent sans s'en rendre compte. Ils pensent devoir être constamment disponibles et répondre immédiatement aux courriels, SMS et autres messages numériques liés à leur activité, même en dehors des heures de travail.

“Les personnes constamment disponibles subissent davantage de stress lié au travail”, souligne Ruben Cambier, qui poursuit une étude doctorale sur ce sujet au département Travail, Organisation et Société de l'UGent.

Déconnexion psychologique

Il est crucial de permettre aux employés de se déconnecter à certains moments et de limiter la connectivité numérique, “ce qui leur donne la possibilité de se déconnecter psychologiquement de leur travail”. Hans De Witte, psychologue du travail, juge que le gouvernement devrait rendre les accords sur la déconnexion obligatoires pour les entreprises.

Une bonne idée, selon Ruben Cambier: “La connectivité numérique ne devrait pas être une responsabilité individuelle, car on ne saurait la considérer indépendamment des attentes des employeurs, des managers et des collègues.”

Verrouillage numérique après les heures de travail

Une célèbre chaîne de supermarchés allemande a récemment fait en sorte que ses employés ne puissent plus recevoir d'e-mails après 18 heures. Ils peuvent toujours envoyer des courriels mais ceux-ci n'arrivent que le lendemain matin.

“Je peux comprendre que l'objectif soit de parvenir à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée; toutefois, ce n'est pas une solution universelle”, déclare Ruben Cambier.

Bloquer la réception d'e-mails en dehors des heures de travail est certes une bonne chose pour protéger les employés de la télépression, “mais cette mesure n'empêche pas les collègues de trouver d'autres moyens de se contacter en dehors des heures de travail, par exemple via WhatsApp, LinkedIn ou simplement un appel téléphonique”. Il est préférable d'intégrer le droit à la déconnexion dans la culture d'entreprise et de le formaliser dans la politique du personnel.

Prévenir la télépression

Des recherches récentes démontrent par ailleurs que le destinataire d'un e-mail perçoit souvent un message comme beaucoup plus urgent que ce que l'expéditeur souhaiterait. Ce problème peut être résolu d'une manière très simple: “Si l'expéditeur indique explicitement dans le message que la réponse n'est pas urgemment souhaitée, ou précise quand une action ou une réaction est attendue, la télépression est évitée dans une large mesure”, avance Ruben Cambier.

Il est important que chaque entreprise élabore ses propres priorités et solutions pratiques afin de pouvoir intégrer de manière optimale le droit à la déconnexion dans la politique du personnel. “Il n'existe pas de panacée en la matière”, complète le doctorant.

Équilibre entre vie professionnelle et vie privée

Enfin, les salariés peuvent également subir une télépression de nature privée pendant les heures de travail. En effet, ils sont tentés de répondre immédiatement aux messages personnels de leurs amis et de leur famille.

“Cela peut donner lieu à une défaillance cognitive”, analyse Ruben Cambier. “Les salariés qui gardent leur smartphone à portée de main pendant le travail, indépendamment du mode silencieux, et qui sont tentés de répondre immédiatement aux messages privés, commettent davantage d'erreurs en raison de la réduction de leurs capacités cérébrales pour les tâches en cours.”

La situation est plus complexe, cependant. Car le fait de pouvoir répondre à des messages personnels donne aussi aux salariés une certaine tranquillité d'esprit: ils savent qu'ils peuvent toujours être joints par leur famille en cas d'urgence.

Source : Partena Professional

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