Bruxelles, juin 2020 – Cette semaine les entreprises belges interrogées indiquent une baisse de leur chiffre d’affaires de 23 % par rapport au niveau d’avant crise, soit une amélioration de trois points de pourcentage en comparaison à l’enquête précédente. Les indicateurs relatifs au risque de faillite, aux problèmes de liquidité, à l'emploi, au degré d’inquiétude et aux investissements montrent également une relative amélioration cette semaine, même s’ils restent à un niveau préoccupant.
C’est ce qui ressort de l’enquête de l’ERMG (Economic Risk Management Group) menée la semaine dernière. La plupart des entreprises affirment par ailleurs ne pas avoir modifié leurs prix de vente et la crise ne semble pas avoir eu d'impact global sur les prix de vente moyens, même si ces derniers ont augmenté dans certains secteurs comme le commerce.
Une nouvelle enquête a été réalisée la semaine dernière par plusieurs fédérations d’entreprises et d’indépendants (BECI, SNI, UNIZO, UWE et VOKA pour cette enquête). Il s’agit de la neuvième vague de l’enquête depuis fin mars. Cette initiative coordonnée par la BNB et par la FEB a pour objectif d’évaluer l’incidence de la crise du coronavirus sur l’activité économique en Belgique ainsi que sur la santé financière et les décisions des entreprises. Au total, 2 365 entreprises et indépendants ont répondu à cette neuvième enquête[1].
[1] La participation à l’enquête de certaines fédérations dont les membres opèrent au sein d’un secteur d’activité spécifique peut induire une erreur d’échantillonnage. Ainsi, les entreprises d’une branche d’activité pourraient être fortement représentées dans notre échantillon alors qu’elles le sont plus faiblement dans l’ensemble de l’économie. Une stratification de l’échantillon par branche d’activité est dès lors réalisée en fonction du poids dans la valeur ajoutée en Belgique. Cependant, l'évolution au fil des semaines doit être interprétée avec prudence, étant donné que les entreprises ayant répondu à l'enquête peuvent différer d'une semaine à l'autre.
En tenant compte de la taille des entreprises et de la valeur ajoutée sectorielle, on observe que les entreprises interrogées ont rapporté cette semaine une baisse de 23 % de leur chiffre d’affaires par rapport à la situation précédant le début de la crise du coronavirus. Ceci une nette amélioration par rapport aux deux vagues précédentes de l’enquête. En l’espace de quatre semaines, cela représente en effet une hausse de huit points de pourcentage.
Cette amélioration est généralisée au niveau des différents secteurs d’activité et la quasi-entièreté de ceux-ci indiquent une hausse du chiffre d’affaires par rapport à la moyenne des huit vagues précédentes de l’enquête. La tendance à l’amélioration du chiffre d’affaires est particulièrement marquée dans les secteurs qui ont subi un impact initial de la crise plus important comme les secteurs des arts, spectacles et services récréatifs, de l’horeca, de la vente au détail non alimentaire, de la vente en gros, de la construction et des activités immobilières. Pour la plupart des secteurs qui ont enregistré un impact immédiat moins important, une légère amélioration est également constatée, mais dans le secteur de l'information et de la communication et celui de la vente au détail alimentaire le chiffre d'affaires diminue quelque peu.
L’enquête de cette semaine a, par ailleurs, été réalisée dans la foulée de la levée de mesures d’interdiction vis-à-vis de certaines activités économiques dans l’horeca et le secteur des arts, spectacles et activités récréatives, à la stricte condition que des précautions sanitaires soient respectées. Même si cette levée d’interdictions ne s’applique qu’à une partie des activités de ces secteurs et ne signifie pas que l’ensemble des entreprises concernées ont rouvert dès le premier jour, une amélioration sensible du chiffre d’affaires est toutefois observée en moyenne dans l’horeca et le secteur des arts, spectacles et activités récréatives. Ces deux secteurs indiquent une baisse de leur chiffre d’affaires de respectivement 75 % et 63 % cette semaine contre respectivement 89 % et 86 % en moyenne lors des enquêtes précédentes. La situation de ces secteurs, est encore fort préoccupante même si elle semble s’améliorer du fait de la reprise de certaines activités.
La perception des entreprises interrogées s’améliore cette semaine à l’égard des différentes dimensions analysées dans le cadre de l’enquête à savoir : le risque de faillite, les problèmes de liquidités, l’emploi, le degré d’inquiétude ou encore le report des investissements.
La perception du risque de faillite s’améliore si bien que la part des entreprises interrogées évoquant une faillite probable ou très probable est passée de 8 % en moyenne lors des enquêtes précédentes à 6 % cette semaine. Au niveau des problèmes de liquidité, une amélioration est également observée : 72 % des répondants considèrent qu’ils ne font face à aucun problème de liquidité contre 67 % en moyenne lors des enquêtes du mois de mai et 58 % en moyenne lors des enquêtes du mois d’avril. De plus, 77 % des répondants déclarent également pouvoir tenir leur position de liquidité au minimum trois mois dans les circonstances actuelles, alors qu’ils n’étaient que 73 % en mai et 63 % en avril.
Les indicateurs de l’emploi s’améliorent aussi en comparaison à l’enquête précédente : le recours au chômage temporaire s’amenuise et les attentes quant à l’emploi dans les entreprises d’ici la fin de l’année s’améliorent. De façon plus spécifique, les entreprises interrogées indiquent que le chômage temporaire concerne actuellement14 % de leurs employés, contre 18 % il y a deux semaines, 22 % il y a quatre semaines et 30 % fin avril. Au niveau des anticipations d’emploi, une forte baisse de celui-ci d’ici la fin de l’année reste attendue mais une amélioration des intentions d’embauches dans certains secteurs, notamment dans les services aux entreprises est observée. Ceci pourrait donc conduire à une réduction des pertes nettes d’emplois si le passage d’un emploi à un autre est possible pour les travailleurs concernés.
L’indicateur d’inquiétude mesuré sur une échelle allant de 1 (peu inquiet) à 10 (fort inquiet) s’inscrit également dans la lignée des autres variables et diminue pour la quatrième semaine consécutive passant de 7,1 fin avril à 6,3 cette semaine. La diminution de l’inquiétude des entreprises tend par ailleurs à avoir un effet positif sur leurs investissements. La question du report des investissements a été abordée fin avril dans le cadre de la cinquième vague de l’enquête et cette question a à nouveau été posée cette semaine. Il en ressort que près d’une entreprise sur deux souhaite reporter ses plans d’investissement et il s’agit d’une amélioration puisque cela concernait 62 % des répondants fin avril. Parallèlement, la proportion des répondants indiquant un report à une date indéfinie est passé de 34 % à 20 % sur la même période. Une question plus quantitative supplémentaire a été ajoutée cette semaine dans l’enquête pour estimer l’impact de la crise du coronavirus sur le niveau des investissements. Au niveau agrégé, on obtient pour les entreprises ayant un plan d’investissement une baisse des investissements de 32 % par rapport à la situation d’avant crise. En outre, l’impact de la crise du coronavirus sur ces investissements est négatif pour l’ensemble des secteurs.
Au niveau sectoriel, à nouveau, l’horeca et le secteur des arts, spectacles et services récréatifs gardent leurs indicateurs globalement dans le rouge, et ce malgré une amélioration de leur chiffre d’affaires et pour l’horeca, une baisse du recours au chômage temporaire.[2] Ainsi, plus d’une entreprise interrogée sur cinq au sein de ces deux secteurs d’activité continue d’indiquer un risque de faillite probable ou très probable et plus d’un emploi sur cinq reste en danger. Les entreprises interrogées dans ces deux secteurs indiquent également de très fortes diminutions de leurs investissements par rapport à la période d’avant crise : une baisse de 66 % dans l’horeca et de 82 % dans le secteur des arts, spectacles et services récréatifs.
Cette semaine la question de l’évolution des prix de vente des entreprises belges a été abordée.[3] Près de sept entreprises interrogées sur dix indiquent que les prix fixés n’ont pas évolué à la suite de la crise du coronavirus. Par ailleurs, la proportion des entreprises interrogées qui ont enregistré une hausse est semblable à celle ayant enregistré une baisse, les deux catégories atteignant 16 % des répondants. L’effet moyen de la crise sur les prix de vente est donc proche de zéro.
Des différences sectorielles importantes sont cependant enregistrées. En effet, 36 % des entreprises interrogées actives dans la vente au détail alimentaire rapportent une hausse des prix de vente et seulement 4 % une baisse de ces derniers, aboutissant à une hausse moyenne des prix de vente de l’ordre de 1,8 % pour ce secteur. Un tel déséquilibre est également observé dans la vente en gros et dans l’horeca. A contrario, dans les activités immobilières et le secteur des transports et du stockage, la proportion d’entreprises indiquant une baisse des prix de vente est plus large que celles indiquant une hausse de ces derniers. Précisons toutefois que la baisse de prix rapportée dans le secteur des activités immobilières ne peut pas être assimilée à une baisse des prix de vente des habitations. Les prix des services des agents immobiliers et les prix de l'immobilier eux-mêmes sont deux concepts distincts et l’enquête ne traite pas du second.
[2] Selon les résultats de l’enquête, le chômage temporaire de l’horeca atteint 48 % de l’emploi cette semaine contre 89 % deux semaines auparavant. Pour le secteur des arts, spectacles et services récréatifs, la part reste proche de 80 %.
[3] L'estimation des prix de vente dans l'enquête diffère de l'inflation ou des mouvements des prix à la consommation. Le prix de vente des entreprises interrogées inclue les prix B2B (commerce interentreprises) et l'enquête ne prend en compte ni les prix des entreprises étrangères ni le poids des biens et services dans le panier de consommation d'un ménage.
Liens et documents utiles
Source : BNB, juin 2020