​L’itinéraire d’un économiste néolibéral gâté : Milton Friedman

Petit de taille (1m52), un des penseurs du néolibéralisme fut sans conteste Milton Friedman, prix Nobel d’économie en 1976 et conseiller de Ronald Reagan (président des États-Unis de 1981 à 1989). Les idées de Milton Friedman étaient plurielles, mais un de ses postulats était que la liberté économique entraînerait la liberté sociale et démocratique. Il supputait donc que l’économie de marché conduirait à harmoniser les rapports politiques. Milton Friedman affirmait aussi que capitalisme et liberté étaient entravés par l’État.

On le voit : c’était un homme aux mœurs politiques simples.


Mais il s’est lourdement trompé.

Il s’est trompé (et a mystifié tout le monde) parce qu’il n’avait pas intégré le fait que l’économie de marché contemporaine conduirait à des inégalités sociales importantes et à des agrégats capitalistiques qui domineraient les États. Ces réalités entraînent des rancœurs sociales qui conduisent elles-mêmes à des replis ou des contestations (qu’on qualifie de populiste, encore que le terme me semble complètement inapproprié).

Et il y a autre chose. Milton Friedman envisageait l’économie de marché comme un système de concurrence parfaite. Or le modèle de concurrence parfaite est fondé sur cinq hypothèses fondamentales :

  1. l’atomicité du marché,
  2. l’homogénéité du produit,
  3. une entrée libre sur le marché,
  4. la parfaite transparence du marché et des informations,
  5. et la libre circulation des facteurs de production, c’est-à-dire du travail et du capital.

Cette vision angélique ne s’est pas vérifiée. Le marché est dominé par des acteurs oligopolistiques qui enraient la concurrence. Il n’est pas transparent et le travail n’est pas mobile, mais dominé par le capital.

Et, lorsque je relis les postulats du néolibéralisme des années 1980, promu par une technocratie spéculative, auxquels j’ai pourtant cru, je me dis aujourd’hui : quelle vulgarité intellectuelle ! Quelle pauvreté de la pensée ! Dans le discours inaugural de sa présidence, Ronald Reagan avait affirmé en 1981 : « The government is not the solution to our problem ; government is the problem. »

Comment n’avons-nous pas compris l’ignominie de ce postulat ? Au reste, je crois que nous avons trop vite cédé à l’idée que l’économie de marché entraînait l’atrophie des conflits sociaux, comme si la pseudo-démocratisation du capitalisme anglo-saxon avait dilué les classes sociales et les idéologies.

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