L'économie européenne ne va pas bien (du tout). La désindustrialisation de ses pays fondateurs est en déclin, et l'Allemagne n'est pas un pays qui fonctionne bien (essayez de prendre des trains en Allemagne, et vous verrez).
La zone monétaire est très hétérogène et les niveaux d'endettement public sont étirés vers des extrêmes, ce qui annihile toute politique monétaire cohérente, d'autant que la BCE met en œuvre une politique de maintien de taux d'intérêt trop élevés. De surcroît, les obstacles extérieurs sont nombreux : barrières tarifaires américaines qui vont pénaliser les exportations européennes, concurrence chinoise dans de nombreux domaines, guerre ukrainienne, etc.
L'Europe a perdu, depuis longtemps, son espoir d'une suprématie économique qu'aucun facteur objectif n'était à même de justifier, voire de conforter.
Ce qui crée la croissance d'une économie, c'est sa démographie, ses gains de productivité et une combinaison de multiples facteurs rassemblés sous le "tiers facteur immatériel". Malheureusement, la population est vieillissante et l'Europe s'évertue à réglementer l'innovation plutôt qu'à la supporter.
On pourrait imaginer une stimulation par la demande, mais l'état des finances publiques la prohibe, ce qui est, à mon intuition, une terrible erreur dans un contexte de population vieillissante.
Il faut alors imaginer une politique de l'offre centrée vers les entreprises. Mais il faut être de bon compte : le taux d'imposition des entreprises a été fortement réduit. Il reste deux composantes qui pénalisent les entreprises : les coûts de l'énergie auxquels on ne peut pas faire grand-chose, faute de planification nucléaire et de vision intelligente, et les coûts salariaux.
Et on voit apparaître certains qui disent que la seule solution est la réduction du coût du travail. Il faut déréglementer, désolidariser, flexibiliser, etc. Mais le problème est que nos États sociaux sont fondés sur une solidarité intra et intergénérationnelle qui est elle-même basée sur un prélèvement sur les revenus du travail. À l'extrême, on peut tout "flexijober", mais au prix d'une perte du financement de la protection sociale... de ces mêmes travailleurs.
Donc derrière la politique de l'offre se situe la déconstruction des États sociaux. C'est d'ailleurs tellement évident que la seule jauge d'inflation que la BCE retient, c'est l'inflation salariale, qui n'est rien d'autre que le maintien du pouvoir d'achat salarial face à des chocs inflationnistes sur lesquels les travailleurs n'ont pas de prise.
Quel est l'aboutissement de tout cela ? Je ne sais pas. Je vois l'enseignement, la formation, la volonté personnelle d'une optionalité professionnelle, mais quelle est la voie dans ce monde obscur de l'intelligence artificielle ?
Mais je sais une chose : notre modèle européen n'est peut-être pas le plus performant, mais il promeut une notion tempérée de la solidarité. Et cela, c'est important.