La note du formateur, Bart de Wever, mentionne des effets retours dans ses perspectives de croissance : ce dernier évoque, endéans les cinq ans, 25 milliards de réductions budgétaires et 15 milliards de nouvelles politiques, auxquelles il faut soustraire des économies et des impôts pour 20 milliards, ainsi que… 20 milliards d’effets retours, c’est-à-dire de la croissance découlant, entre autres, de ces nouvelles politiques. Mais qu’est-ce que c’est ?
Il s’agit d’une notion d’origine essentiellement keynésienne, aussi appelée effet de rétroaction ou feed-back. Elle désigne un processus par lequel une décision politique produit des conséquences qui influencent en retour l’initiateur de cette action.
À titre d’exemple, lorsqu’on baisse la fiscalité directe sur le travail, on anticipe qu’au-delà d’un simple effet d’aubaine, cela stimulera l’emploi. On retrouve dans cette perspective, qui fut d’ailleurs vérifiée, l’illustration des baisses massives d’impôts américaines sous la présidence de Ronald Reagan et l’instigation d’Arthur Laffer, qui entraînèrent un surcroît de croissance incontestable dans les années quatre-vingt.
Mais on peut aussi imaginer des effets retours en flexibilisant le travail (travail de nuit, etc.), en supposant que cela va entraîner des expansions d’entreprises, voire des implantations d’entreprises en Belgique.
Un autre effet retour, moins reluisant, est celui des intérêts notionnels, dont j’avais publié l’article fondateur en septembre 1999. Il prévoyait de détaxer le capital sans contrepartie en matière d’emploi ou d’investissement. La mesure impacta certainement le déficit budgétaire, sans effets positifs avérés dans ces deux domaines. Dans la même veine, le « tax shift » de Charles Michel fit « pschitt » lorsqu’on mesura ses effets sur l’emploi.
Parfois, les effets retours sont négatifs : quand on augmente les accises sur les spiritueux en Belgique, les ventes de Gin explosent au Luxembourg…
Les effets retours sont donc une réalité, mais il faut les intégrer avec prudence au-delà des effets d’aubaine, notamment en tenant compte de l’excès d’optimisme politique quand on les postule.
J’ai toujours appris qu’en moyenne, les effets retours finissent par représenter environ 60 % de leur estimation initiale. Si ce chiffre est correct (et, intuitivement, il doit l’être), c’est donc moins que ce qui est prévu, tout en restant une mesure pertinente dans le cadre d’un plan politique bien pensé.
En référence au Gin, l’effet retour, c’est 60 % d’ivresse et 40 % de mal de tête.