Mules financières : 14% des jeunes disposé‑e-s à prêter leur carte bancaire pour de l’argent

Les criminels utilisent des mules pour récupérer l'argent obtenu illégalement (souvent par le biais du phishing). Les criminels promettent aux mules qu’en leur prêtant leur compte bancaire et/ou leur carte bancaire et leur code PIN, elles pourront gagner de l'argent rapidement et facilement.

  • Les jeunes sont très perméables à l’idée de devenir des mules : une étude menée par Febelfin en collaboration avec IndiVille montre que pas moins de 14% des jeunes (entre 16 et 30 ans) seraient disposé-e-s à prêter leur carte bancaire et leur code PIN en échange d'argent. En 2019, cette part était d'environ 10 %.
  • 79% des jeunes ne savent pas ce qu’est une mule. Quant aux adultes (30-79 ans), ils sont 57 % à n’en avoir pratiquement jamais entendu parler.
  • Le phénomène prend de l'ampleur : outre la carte bancaire et le code PIN, le fraudeur demande de plus en plus souvent à la mule sa carte d'identité (ou une copie de celle-ci), un numéro de gsm et une adresse.
  • En jouant le rôle de mule, vous aidez à blanchir de l'argent, ce qui est puni par la loi.
  • Febelfin met en garde les jeunes et leur entourage contre ce phénomène au moyen de brochures de sensibilisation numériques, destinées aux jeunes et à leurs encadrants. Ces brochures sont distribuées en collaboration avec le réseau de partenaires de Febelfin, dans les écoles et dans le secteur de l'animation jeunesse.
  • Febelfin lance du matériel éducatif mettant en lumière le phénomène des mules en collaboration avec la plate-forme d'enseignants Enseignons.be.

Qu’est-ce qu’une mule ?

Une mule est une personne qui, consciemment ou non, permet l’utilisation de son compte bancaire et/ou de sa carte bancaire et de son code PIN par des criminels à des fins de blanchiment d'argent. Les criminels promettent aux mules qu'elles vont pouvoir gagner de l'argent rapidement en échange de leur carte bancaire et de leur code PIN. Ils ont en effet besoin du compte bancaire d’’intermédiaires pour y déposer l'argent obtenu illégalement (souvent par phishing), faire transiter rapidement cet argent ou de le retirer immédiatement. Les auteurs restent ainsi eux-mêmes inconnus. La mule fait le sale boulot puis est abandonnée à elle-même, avec tous les ennuis que cela suppose. Car être une mule est punissable, puisque la mule aide à blanchir de l'argent.

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Source: IndiVille

14% des jeunes prêt-e-s à jouer un rôle de mule

Une enquête de Febelfin, réalisée en collaboration avec le bureau d'enquêtes IndiVille, montre que les jeunes sont particulièrement sensibles à cette tentation. 14% seraient disposé-e-s à prêter ainsi leur carte bancaire et leur code PIN en échange d'argent.

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Source: IndiVille

Dans la même enquête, 3 % de la population a indiqué qu'elle avait déjà été approchée pour faire office de mule. Chez les jeunes, ce chiffre est beaucoup plus élevé : 6% ont été approchés personnellement et 12% connaissent quelqu'un qui l’a été.

Le fait que le phénomène des phishing ne décroit pas malgré les mises en garde démontre qu’il faut non seulement augmenter et répéter les messages de sensibilisation auprès des victimes, mais également dispenser une information précise et concrète quant aux modus utilisés par les criminels. De nombreux acteurs ont un rôle à jouer à cet égard. C’est également le cas en ce qui concerne la prévention du côté des mules bancaires, qui sous-estiment leur rôle criminel. Or, elles sont les premières (et parfois les seules) personnes à devoir assumer financièrement les préjudices des victimes.
MARIE-ASTRID DEMBOUR
Substitut du Procureur du Roi de Bruxelles
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Source: IndiVille

Il est inquiétant de constater que 38 % seulement de la population totale sait ce qu'est une mule. Certes, il s’agit là d’une amélioration par rapport à 2019, où cette part était de 22%, mais cela reste toujours faible. Donnée frappante : seuls 21% des jeunes savent ce qu'est une mule. Cela signifie que 8 jeunes sur 10 ne savent pas de quoi il s’agit.

Il n'y a pas que les comptes bancaires et les codes PIN

Désormais, les fraudeurs demandent aussi de plus en plus souvent d'autres informations aux mules, telles que les cartes d'identité (ou une copie de celles-ci), les numéros de gsm et les adresses. Car ces informations peuvent aussi faciliter la fraude pour les criminels.

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Bron: IndiVille

Devenir une mule, c’est blanchir de l'argent

Lorsqu'on leur demande si le fait de devenir une mule est punissable, 10% des adultes pensent que non. Mais pas moins de 19 % des jeunes l’ignorent totalement ou pensent que ce n'est pas punissable.

Or, devenir une mule est tout sauf innocent. Une mule collabore (involontairement) au blanchiment d'argent et à la fraude, et ce sont des pratiques punissables. Grâce au compte bancaire de la mule, le phisher peut remettre dans le circuit légal de l'argent qu’il a obtenu illégalement. Les conséquences sont loin d'être négligeables : la mule peut être tenue pour responsable et être poursuivie, risquant ainsi d'importantes amendes judiciaires et fiscales. La banque peut en outre refuser d'accorder aux mules un compte bancaire, une carte bancaire et/ou un prêt. De plus, la mule risque de voir son compte pillé par le phisher.

Febelfin et ses partenaires mènent une action de sensibilisation

Afin de mettre en garde les jeunes et leur entourage, Febelfin a mis en lumière le phénomène des mules pour la troisième année consécutive. En collaboration avec un certain nombre de partenaires, comme le parquet de Bruxelles, Febelfin a préparé du matériel de sensibilisation pour les jeunes et leur environnement afin de lutter contre les fraudes commises par des mules

« Le fait que le phénomène des phishing ne décroit pas malgré les mises en garde démontre qu’il faut non seulement augmenter et répéter les messages de sensibilisation auprès des victimes, mais également dispenser une information précise et concrète quant aux modus utilisés par les criminels. De nombreux acteurs ont un rôle à jouer à cet égard. C’est également le cas en ce qui concerne la prévention du côté des mules bancaires, qui sous-estiment leur rôle criminel. Or, elles sont les premières (et parfois les seules) personnes à devoir assumer financièrement les préjudices des victimes. », Marie-Astrid Dembour, Substitut du Procureur du Roi de Bruxelles.

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