Sans réelle surprise, une récente étude du prestataire de services de ressources humaines SD Worx établit leur popularité sans cesse croissante. Dans l’éventail des mesures possibles d’un tel «Flex income plan», elle délivre aussi des informations pertinentes sur celles qui rencontrent aujourd’hui le plus de succès dans les entreprises, comme l’ont relaté l’Echo et le Tijd dans leurs éditions du dernier week-end…
Une démarche Win Win
Dans un restaurant self-service, chacun peut composer son menu parmi les plats et autres desserts et boissons proposés sur le menu. Comme son nom l’indique, le plan cafétéria s’inscrit dans la même logique de choix, le menu étant en substance les conditions salariales générales offertes par l’entreprise. La raison ? Chaque personne est unique et les besoins et envies évoluent tout au long de la carrière en fonction de la situation personnelle ou professionnelle : tout un chacun accorde en fonction du temps plus d’importance à certains aspects du package salarial que d’autres, tout en sachant que les technologies évoluent très vite et l’on a besoin de profils différents..
En l’occurrence, il s’agit pour le travailleur, sur une base budgétairement neutre pour l’employeur, qui détermine également les limites de l’étendue du choix, de moduler ses conditions de rémunération et de travail, compte tenu de ses besoins et de ses préférences personnelles du moment. Dans une politique de rémunération flexible, le travailleur dispose ainsi d’un droit de regard individuel, en bénéficiant d’une certaine liberté, sur la composition de sa rémunération : il exerce ce pouvoir d’appréciation en optant pour des éléments qui correspondent le mieux à ses besoins et aspirations actuels, en fonction du cadre préétabli par l’employeur dans le respect de la législation. Ce faisant, c’est dans le cadre d’un budget global et maîtrisé, sans aucun coût supplémentaire que l’entreprise gagne ainsi en attractivité, un facteur important dans la guerre des talents pour engager les meilleurs collaborateurs et les conserver ensuite, tout en gardant une grande liberté du choix quant aux avantages proposés dans le cadre du plan cafétéria.
En un mot comme en cent : une formule qui allie souplesse et flexibilité et gagne logiquement en popularité au fil des ans : plus de 19.000 travailleurs ont souscrit à un tel plan l'année dernière, selon SD Worx. Le double des chiffres de 2017 et le triple de ceux affichés en 2015 !
Une panoplie de possibilités
Reflets de la société, de nombreux motifs et aspirations impactent aujourd’hui la perception d’un package salarial optimal, au-delà de la réalité des chiffres : équilibre vies professionnelle et privée et autres avantages mettant l’accent sur la qualité de vie, développement et formation, prise en compte des problématiques de la mobilité et du réchauffement climatique, engagement sociétal …
Signe des temps également, pour soutenir cette démarche d’individualisation des choix salariaux, les options sont également plurielles et diverses : elles gagnent à être présentées par catégories, comme indiquées dans les lignes qui suivent, sans toutefois prétendre à l’exhaustivité :
> mobilité : vélo d’entreprise, place de parking, abonnement de train ...
> santé et sécurité sociale complémentaire : allocations familiales extra-légales, épargne-pension individuelle, assurances de santé, assurance invalidité, maladie grave …
> équipements techniques : smartphone, tablette …
> avantages mettant l’accent sur la qualité de vie : service de petits travaux ou d’entretien, repassage, participation aux frais de garderie, jours de congés extra-légaux ...
Précisément, que font alors ceux qui ont l’opportunité de bénéficier d’un tel plan cafétéria au sein de leur entreprise, sachant que le budget moyen en avoisine les 6.000 euros, un plafond qui n’a pas pour vocation à être érigé en règle de conduite, puisqu’il s’agit d’une moyenne forcément pas adaptée à tout le monde ? Concrètement, que trouve-t-on dans les arcanes de la plupart des plans cafétéria ?
Hit parade des options populaires dans le cadre d’un plan cafétéria ?
Jours de congé supplémentaires : 60%
Remboursement de l’épargne pension par l’employeur : 38%
Voiture : 29%
Allocations familiales supplémentaires : 26%
Warrants (options sur actions) : 19%
GSM et laptops : 14%
Assurance hospitalisation pour les membres de la famille: 11%
Transports publics: 9%
Assurances maladie complémentaires : 8%
Comme on le voit, les statistiques - source : SD Worx - montrent une répartition plurielle du succès des options. Un seul champion toutes catégories : les jours de congé supplémentaires que plus de 60% des bénéficiaires incluent dans leur plan cafétéria. Ce qui peut a priori étonner dans la mesure où le fait de convertir une augmentation salariale en un supplément de jours de congé n’emporte aucun effet en termes d’exonérations fiscale ou sociales.
Là où l’optimalisation tire vraiment sa substance, c’est dans le cadre des warrants, paradoxalement moins fréquemment choisi que l’an passé. On ne saurait également pas perdre de vue que la mise à disposition d’un vélo de société pour les déplacements domicile-lieu de travail est un avantage exonéré sur le plan fiscal et social, sans oublier l’indemnité de 0,23 EUR par kilomètre parcouru, également exonérée fiscalement et socialement, sur la base d’une déclaration sur l’honneur. Une indemnité également octroyable dans le cadre de ces déplacements réalisés en vélo électrique (max 25 km/h) ou en speed pédélec (max 45km/h).
A l’évidence, la problématique «mobilité», traduite, en autres par l’utilisation de moyens de transport plus verts entre le domicile et le lieu de travail se trouve déjà être largement implantée dans la démarche «plan cafétéria». Dans cette thématique plus actuelle que jamais, il existe manifestement une convergence de fond avec les deux initiatives lancées par le gouvernement : le « cash for car », une allocation de mobilité qui n’a manifestement pas rencontré le succès escompté et le récent « budget mobilité », entré en vigueur ce 1er mars 2019. Nous y reviendrons prochainement : rendez-vous dans deux semaines !
La règle d’or de sa mise en œuvre…
Pour bâtir une stratégie et éviter les risques de dérapage, il est primordial de prendre en considération les trois éléments suivants :
>Pour une entreprise, l’ampleur des choix proposés pour convertir les salaires en d’autres avantages dépend de sa commission paritaire et de son secteur et type d’activité. Sans oublier que ce n’est pas parce qu’une entreprise dispose d’un plan cafétéria que ce type d’échange est d’office possible.
> En tout état de cause, de nombreux volets de la législation doivent être respectés : droit du travail, droit de la sécurité sociale, en ce compris la législation relative a la pension complémentaire (LPC), droit fiscal, droit des sociétés et la législation anti-discrimination. Sachant cela, c’est toujours l’employeur qui détermine le cadre préétabli dans lequel le travailleur effectue ses choix en fonction de ses attentes et besoins personnels du moment, sans pouvoir être contraint de participer à un plan cafétéria ;
> Pour accompagner le processus depuis la prise de décision à sa mise en œuvre dans une entreprise, ce n’est donc pas sans intérêt que l’on notera que plusieurs fournisseurs de ressources RH et autres (grands) cabinets proposent des prises en charge multimodales, comprenant de nombreux outils pratiques, notamment développés en vue de calculer les conséquences des choix opérées par le travailleur.
Une simple recherche sur la toile sur base de l’expression «Plan cafétéria» ouvre alors de larges perspectives vers des propositions de solutions pointues et pertinentes, des FAQ, des simulations … En l’occurrence, tout sauf un luxe inutile pour trouver la bonne carburation et garder «enthousiasme et sérénité» dans le déroulement de tout le processus !