C’est le tour de la Belgique d’assurer la présidence tournante du Conseil des ministres de l’Union européenne. La fonction, c’est vrai, ne se mérite pas, mais vient à tour de rôle.
On se demande bien ce que la Belgique, traditionnellement pro-européenne, pourra apporter de positif au cours des six prochains mois. Le Premier ministre a annoncé des positions en faveur d’une plus forte intégration, mais c’est là un choix politique qui mérite d’être discuté. Il faut dire en plus que les choses commencent mal à cause d’attitudes de représentants belges au niveau européen qui sont l’objet de critiques parfaitement légitimes.
La situation la plus difficile à soutenir est celle de l’ancien Premier ministre belge, devenu président du Conseil européen, Charles Michel, qui vient d’annoncer froidement qu’il n’exercerait pas jusqu’au bout le mandat dont il bénéficie parce qu’il veut se présenter aux élections au Parlement européen.
Il est quand même difficile de se présenter en “grand Européen” tandis qu’en même temps on néglige ainsi une fonction prestigieuse, que l’on a activement recherchée, et ce pour des raisons purement personnelles et parce qu’on n’a pas trouvé à se caser autrement. Imaginerait-on le président Macron annoncer qu’il réduirait son quinquennat à quatre ans et démissionnerait simplement parce qu’il a en vue d’autres fonctions ?
La dérobade de Charles Michel ne s’explique pas par des motifs politiques, qui pourraient justifier une démission, mais simplement par des calculs personnels quant à sa carrière. En même temps, Didier Reynders, très bon commissaire européen à la Justice, annonce qu’il brigue le poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe. C’est assurément une fonction qui lui convient et qu’il mériterait d’obtenir. Mais, là encore, cela l’obligera à ne pas aller au bout de son mandat de commissaire européen.
Bref, la Belgique se présente en championne de l’Europe, tandis que les deux représentants belges les plus importants au sein des institutions européennes abandonnent celles-ci pour des considérations purement personnelles. Difficile d’être crédible dans le cadre d’une présidence dans de telles conditions…
Comment le gouvernement sera-t-il capable de proposer à l’Europe des choix politiques importants alors qu’il est incapable de se mettre d’accord sur quelque problème que ce soit en politique intérieure?
Mais le pire n’est pas là. Cette présidence est une fonction politique et elle implique, si elle est exercée correctement, des choix politiques à proposer par la présidence belge aux 26 autres membres de l’Union européenne. Comment peut-on imaginer que le gouvernement actuel sera capable de proposer à l’Europe des choix politiques importants alors qu’il a démontré, depuis sa constitution, qu’il est incapable de se mettre d’accord sur quelque problème que ce soit en politique intérieure ? Tout ce que ce gouvernement a montré, depuis l’origine, c’est une certaine capacité à “durer” alors que ses membres ne sont d’accord sur rien, et que, plus que jamais, il est critiqué par les présidents de plusieurs partis qui forment sa propre majorité. De plus, dès que les Chambres seront dissoutes, ce gouvernement sera en “affaires courantes”
On devra alors se demander comment ce gouvernement, qui sera censé ne plus prendre de position impliquant des choix politiques nouveaux, pourra fonctionner dans le cadre de décisions politiques qu’il devra nécessairement prendre en tant que gouvernement d’un pays exerçant la présidence. L’idée d’“affaires courantes” sauf pour l’Europe ne présente pas la moindre cohérence. Soit le gouvernement peut prendre des décisions parce qu’il est contrôlé par les Chambres, soit, à défaut d’un tel contrôle, il doit se limiter aux questions d’ordre quotidien. C’est doublement compromis, d’une part parce qu’il a toujours démontré une incroyable incapacité à décider, et d’autre part parce qu’il ne pourra même pas le faire.