Près d'un an après le déclenchement par la Russie de sa guerre d'agression contre l'Ukraine, l'économie de l'UE a entamé l'année 2023 en meilleure posture que prévu à l'automne. Les prévisions intermédiaires de l'hiver relèvent les perspectives de croissance pour cette année à 0,8 % pour l'UE et à 0,9 % pour la zone euro. Les deux zones sont désormais en situation d'éviter de peu la récession technique qui avait été annoncée pour le début de l'année. Les prévisions revoient aussi légèrement à la baisse les projections relatives à l'inflation, à la fois pour 2023 et pour 2024.
Les prévisions économiques de l'hiver 2023 actualisent les prévisions économiques de l'automne 2022, présentées le 11 novembre 2022, principalement en ce qui concerne l'évolution du PIB et de l'inflation dans tous les États membres de l'UE.
Ces prévisions reposent essentiellement sur l'hypothèse purement technique selon laquelle l'agression de l'Ukraine par la Russie ne s'intensifiera pas, mais se poursuivra tout au long de la période de prévision. Elles reposent aussi sur un ensemble d'hypothèses techniques concernant les taux de change, les taux d'intérêt et les prix des matières premières, arrêtées au 27 janvier. Pour toutes les autres données nécessaires, y compris les hypothèses relatives aux politiques publiques, les prévisions se fondent sur des informations allant jusqu'au 1er février inclus.
La Commission européenne publie chaque année deux séries de prévisions complètes (printemps et automne) et deux séries intermédiaires (hiver et été). Les prévisions intermédiaires couvrent, pour l'année en cours et l'année suivante, le PIB et l'inflation annuels et trimestriels pour chaque État membre ainsi que pour l'ensemble de l'UE et l'ensemble de la zone euro.
Les prochaines prévisions de la Commission européenne seront les prévisions économiques du printemps 2023, dont la publication est prévue en mai 2023.
Après la forte expansion enregistrée au premier semestre de 2022, la croissance a marqué le pas au troisième trimestre, quoique légèrement moins que prévu. Malgré des chocs négatifs exceptionnels, l'économie de l'UE a évité la contraction que les prévisions de l'automne annonçaient pour le quatrième trimestre. Le taux de croissance annuel pour 2022 est désormais estimé à 3,5 % tant pour l'UE que pour la zone euro.
Les évolutions favorables survenues depuis les prévisions de l'automne ont amélioré les perspectives de croissance pour cette année. Du fait de la poursuite de la diversification des sources d'approvisionnement et de la forte baisse de la consommation, les niveaux des stocks de gaz sont restés supérieurs à la moyenne saisonnière des dernières années, tandis que les prix de gros du gaz sont tombés bien en dessous des niveaux d'avant la guerre. En outre, le marché du travail de l'UE a continué d'enregistrer de bons résultats, avec un taux de chômage qui est demeuré à son plus bas historique (6,1 %) jusqu'à la fin de 2022. La confiance s'améliore, et les enquêtes de janvier indiquent que l'activité économique devrait aussi échapper à une contraction au premier trimestre de 2023.
Les turbulences restent cependant fortes. Les consommateurs et les entreprises demeurent confrontés à des prix de l'énergie élevés, tandis que l'inflation sous-jacente (inflation globale hors énergie et aliments non transformés) était toujours en hausse en janvier, continuant d'éroder le pouvoir d'achat des ménages. Les tensions inflationnistes persistant, le resserrement monétaire devrait se poursuivre, pesant sur l'activité des entreprises et freinant l'investissement.
Les prévisions intermédiaires de l'hiver tablent sur une croissance de 0,8 % dans l'UE et de 0,9 % dans la zone euro en 2023, soit respectivement 0,5 et 0,6 points de pourcentage de plus que selon les prévisions de l'automne. Le taux de croissance prévu pour 2024 reste inchangé, à 1,6 % pour l'UE et 1,5 % pour la zone euro. À la fin de la période de prévision, le volume de la production devrait être supérieur de près de 1 % à la projection contenue dans les prévisions de l'automne.
Trois mois consécutifs de modération de l'inflation globale semblent indiquer que le pic est désormais derrière nous, comme annoncé dans les prévisions de l'automne. Après avoir atteint un record historique de 10,6 % en octobre, l'inflation a diminué, pour retomber à 8,5 % dans la zone euro selon l'estimation rapide de janvier. Ce recul s'explique principalement par la baisse de l'inflation énergétique, tandis que l'inflation sous-jacente n'a pas encore atteint son pic.
Les prévisions d'inflation ont été revues légèrement à la baisse par rapport à l'automne, principalement du fait de l'évolution du marché de l'énergie. De 9,2 % en 2022, l'inflation globale dans l'UE devrait retomber à 6,4 % en 2023, puis à 2,8 % en 2024. Dans la zone euro, elle devrait décélérer pour passer de 8,4 % en 2022 à 5,6 % en 2023, puis à 2,5 % en 2024.
Bien que l'incertitude entourant les prévisions demeure élevée, les risques pesant sur la croissance sont globalement équilibrés. La demande intérieure pourrait se révéler plus forte que prévu si les baisses récentes des prix de gros du gaz se répercutent davantage sur les prix à la consommation et si la consommation résiste mieux que prévu. Néanmoins, une éventuelle inversion de cette tendance ne peut être exclue dans un contexte de tensions géopolitiques persistantes. La demande extérieure pourrait également se révéler plus robuste à la suite de la réouverture de la Chine, mais cela pourrait alimenter l'inflation mondiale.
Les risques en matière d'inflation, qui se reflètent dans certains des risques identifiés pour la croissance, restent largement liés à l'évolution des marchés de l'énergie. Pour 2024 en particulier, les risques de hausse de l'inflation sont très présents, dans la mesure où les tensions sur les prix pourraient être plus larges et plus enracinées que prévu si la croissance des salaires devait se stabiliser à des taux supérieurs à la moyenne pendant une période prolongée.
Source: Commission Européenne, coin presse, février 2023