
Une tendance claire : la preuve plutôt que la présomption
Deux jugements récents confirment une orientation nette de la jurisprudence belge : les ajustements en matière de prix de transfert (transfer pricing) doivent reposer sur des preuves concrètes et non sur de simples présomptions ou approximations administratives.
Les tribunaux rappellent que le contrôle fiscal, s’il est légitime, ne peut se substituer à une analyse économique rigoureuse du fonctionnement du groupe.
L’affaire concernait une filiale belge d’un groupe international actif dans les biens de consommation.
Pour l’exercice d’imposition 2018, la société avait déduit :
L’administration fiscale belge a rejeté ces charges au motif que :
Le tribunal a désavoué l’administration sur deux des trois points :
Une société belge d’un groupe international avait contracté et octroyé des prêts intragroupe au taux de Euribor + 4,4 % (soit 5,4 %), fondé sur un CUP interne (comparables internes) rattaché à une ligne de crédit externe du groupe.
L’administration fiscale a jugé le taux non conforme au principe de pleine concurrence (arm’s length principle), mais sans fournir d’analyse cohérente. Elle a successivement modifié sa méthodologie et substitué des taux de marché « théoriques » sans justification suffisante.
Le tribunal a rappelé avec fermeté que :
Ces décisions s’inscrivent dans une tendance plus large :
les juridictions belges sanctionnent les ajustements en matière de prix de transfert lorsqu’ils reposent sur des hypothèses non étayées ou des raisonnements fluctuants.
La sécurité juridique du contribuable prime sur les approximations méthodologiques.
Les tribunaux rappellent que le contrôle fiscal doit s’appuyer sur une analyse économique documentée (études de benchmarking, CUP internes, analyses fonctionnelles) et non sur des appréciations arbitraires.
Ces jugements rappellent un principe fondamental du droit fiscal belge :
une rectification en matière de prix de transfert ne peut être fondée sur des conjectures.
L’administration doit démontrer l’anormalité du prix, et non la présumer.
Pour les groupes internationaux, ces arrêts soulignent l’importance d’une documentation solide, cohérente et transparente, afin de prévenir tout risque de redressement infondé.
La Belgique s’aligne ainsi sur une pratique internationale plus équilibrée, où la preuve prime sur la suspicion et où l’économie des opérations retrouve sa juste place dans le débat fiscal.