Que devez-vous faire de vos bons d'État ?

Souvenez-vous de l'automne 2023, lorsque de nombreux compatriotes prêtaient 22 milliards d'euros à l'État belge pour une durée d'un an, en contrepartie de 3,3 % bruts d'intérêts. Cerise sur le gâteau, le précompte mobilier de cet emprunt dit "Van Peteghem", du nom du ministre des finances, était deux fois moins élevé qu'en temps normaux (15% au lieu de 30%).

Si vous en faisiez partie, l'État ou votre banque, vous remboursera votre capital majoré des intérêts ce 4 ou 5 septembre 2024. Le solde de votre compte bancaire augmentera donc plus ou moins fortement. Vous vous demandez probablement comment désormais rentabiliser votre capital. D'autant plus que l'État émet de nouveaux bons, moins avantageux, et que les banques tentent de vous allécher pour récupérer les 22 milliards d'euros qui leur avaient alors échappé.

Rappelons-nous brièvement les deux années Covid que furent 2020 et 2021 : elles nous heurtèrent en plein fond, physiquement, économiquement et socialement. La Russie en fit de même avec l'Ukraine au début de 2022, lui déclarant la guerre. En découla une crise de l'énergie qui, avec la reprise économique accélérant la demande pour une offre limitée, porta l'inflation à des records inconnus depuis bien longtemps : 10,3 % en 2022 pour retomber à 2,3 % en 2023. Or, l'inflation réduit le pouvoir d'achat de tout patrimoine ou revenu, qu'il soit placé ou non.

On dit que les Belges ont une brique dans le ventre, qu'ils investissent beaucoup dans l'immobilier. Cela ne les empêche pas de placer près de 500 milliards d'euros sur les marchés financiers. S'y ajoutent les montants dormant sur des comptes à vue, livrets d'épargne ou des comptes à terme, peu ou prou productifs de revenus, surtout après le prélèvement fiscal de 30 %.

Offrant plusieurs avantages, le bon d'État Van Peteghem fut une aubaine : la sécurité d'être remboursé (sauf destruction de la planète), or les épargnants n'aiment pas tous prendre des risques ; un taux d'intérêt brut dynamique pour l'époque, 3,30 % sous déduction de 15 % de précompte mobilier. La rentabilité nette était donc de 2,81 %. Bonne affaire, pensez-vous ? Oui et non : oui car cet emprunt était bien concurrentiel. Non car en déduisant l'inflation de septembre 2023 à août 2024, on obtient un rendement net de -0,74 %. Les épargnants investisseurs ont donc perdu autour d'1 % du pouvoir d'achat de leurs investissements.

C'est aussi ce que révéla le baromètre de rentabilité que notre cabinet publia plus tôt cette année. Après l'analyse des rendements de placements financiers entre 2014 et 2023, comparant les rendements de plusieurs institutions financières, nous sommes arrivés à la conclusion que seul un placement en actions préserve l'investisseur de la perte due à l'inflation. Les autres formes de placements s'auto détruisent avec le temps.

C'est à l'équilibre triangulaire "durée – risque – rendement" que tout investisseur réfléchit avant de déplacer son argent : en règle générale, il faut se donner du temps et prendre plus de risques pour obtenir plus de rendement. L'investisseur qui ne prend pas de risques doit se contenter de moins de rentabilité ; si la Bourse est effectivement plus volatile au jour le jour, les statistiques montrent que ce sont parmi les investissements les plus rentables dans la durée.

Que peut donc faire l'épargnant des sommes qui viennent de lui être créditées et/ou de l'argent sur son compte à vue ? Cela dépend de son aversion pour le risque, de son horizon (aura-t-il besoin de ces fonds prochainement) et de ses attentes de rendement. Parcourons quelques possibilités dans le large spectre des possibilités, sans considérer le marché de l'art ou les cryptomonnaies à l'extrême volatilité et l'horizon d'analyse encore très court.

Pour prendre un minimum de risques, il faut laisser son argent sur un compte à vue ou un livret d'épargne.

Pour prendre un minimum de risques, laisser son argent sur un compte à vue ou un livret d'épargne. L'État accorde sa garantie à concurrence de 100 000 euros en cas de faillite de la banque, mais l'argent perdra autant de valeur que l'inflation. Ensuite, l'investisseur acceptant de prendre un peu plus de risque prêtera son argent à l'États dont les bons remplaçant le Van Peteghem, à 1 ou 10 ans, offriront 2,8 % bruts, soit 2 % annuels avant inflation.

Espérer plus de rendement implique de prendre plus de risque en achetant par exemple des obligations de sociétés. Selon leur solidité et celle de leur pays, elles offrent des taux plus ou moins élevés. Il est ensuite possible de prêter à une PME, via ou non une plateforme agréée. Les risques et les taux seront en général encore un peu plus élevés.

L'épargnant peut aussi investir son argent en actions, également directement ou en morceaux de fonds d'investissement, même avec de très petites sommes pour débuter. Un portefeuille d'actions doit être partie d'un patrimoine diversifié, c'est une autre règle d'or de la théorie financière.

Les actions en Bourse sont plus risquées mais ont été plus rentables depuis 50 ou 100 ans. On évoque parfois des taux annuels moyens de 5 à 7 %, dépassant l'inflation. Mais tout investissement conséquent ou représentatif doit être diversifié pour répartir le risque ; certains actionnaires de la Générale de Banque, Lernout&Hauspie ou récemment Mithra s'en souviennent encore. En conclusion : l'épargnant a une multitude de choix.


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