
Introduction : quand les micro-réformes changent la vie quotidienne
Chaque début de mois apporte son lot de nouveautés réglementaires, souvent perçues comme anecdotiques, mais qui traduisent en réalité les grandes transformations à l’œuvre dans notre société fiscale, économique et numérique. Novembre 2025 ne fait pas exception : simplification administrative pour les indépendants, dématérialisation accélérée des communications avec le SPF Finances, élargissement du remboursement de certains actes médicaux et digitalisation complète des procédures dans le secteur privé.
Derrière ces mesures se dessine une cohérence nouvelle : celle d’un État belge qui cherche à moderniser ses outils, tout en préservant les droits du contribuable et du citoyen. L’expert-comptable et le conseiller fiscal jouent ici un rôle central : celui de traducteurs de la norme, d’interprètes du changement et de garants de la conformité.
Le ministre des Finances, Jan Jambon, a annoncé le report au 7 novembre 2025 du délai de dépôt des déclarations à l’impôt des personnes physiques comportant des revenus spécifiques, via la plateforme MyMinfin. Cette mesure, justifiée par des contraintes techniques et organisationnelles, vise à « permettre aux contribuables et aux mandataires de s’organiser au mieux pour rentrer les déclarations dans le délai »¹.
Cette prolongation, qui s’ajoute à d’autres reports intervenus au cours de l’année, illustre la tension permanente entre complexité législative et capacité d’exécution numérique. Le système fiscal belge, en voie de digitalisation accélérée, peine encore à garantir une stabilité opérationnelle suffisante.
En pratique, les cabinets d’expertise comptable doivent réorganiser leurs plannings de clôture et ajuster leurs communications avec les clients pour éviter toute omission. Ce type de report, s’il est salutaire à court terme, souligne surtout la nécessité d’un calendrier fiscal mieux coordonné à l’ère du numérique.
À partir du 1er novembre 2025, les entreprises recevront leurs documents fiscaux exclusivement via l’e-Box Entreprise, pour autant qu’elles aient activé la réception numérique². Seuls les courriers recommandés légalement obligatoires continueront à être transmis sur support papier.
Ce changement marque une étape importante dans la dématérialisation de l’administration fiscale. L’e-Box devient le canal unique et authentique de communication entre le SPF Finances et les contribuables professionnels.
Cette évolution, conforme au Plan d’action fédéral pour l’e-gouvernement, impose une vigilance accrue :
Synthèse : la digitalisation de la communication fiscale devient une obligation, non plus un choix.
Le domaine de la santé n’est pas en reste. Deux mesures majeures entrent en vigueur le 1er novembre 2025 :
Ces adaptations traduisent une évolution sociétale plus large : la reconnaissance de l’autonomie des acteurs de soins et la volonté de réduire les lourdeurs bureaucratiques dans un système médical sous pression.
Le secteur privé illustre à son tour la transition numérique. À compter du 12 novembre 2025, Ryanair supprime les cartes d’embarquement papier au profit d’un système 100 % digital⁶.
Si la mesure paraît anecdotique, elle soulève des questions de fond : quid des passagers âgés ou non équipés ? La compagnie prévoit des exceptions pour les cas de force majeure (perte du smartphone, batterie vide), mais l’orientation générale est claire : la société post-papier est en marche, et la frontière entre inclusion et exclusion numérique se déplace chaque jour.
À titre de comparaison, le passage au tout-numérique dans le transport aérien préfigure ce qui attend le monde fiscal dès 2026, avec la généralisation de la facturation électronique Peppol.
Enfin, sur le plan numérique, LinkedIn a annoncé qu’à partir du 3 novembre 2025, il utiliserait les données de ses membres européens (environ cinq millions en Belgique) pour « entraîner ses modèles d’intelligence artificielle générative »⁷.
Si les messages privés ne sont pas concernés, les contenus créés et les informations de profil le seront. Chaque utilisateur peut s’y opposer via ses paramètres, mais la question éthique demeure : l’exploitation de la donnée professionnelle pour nourrir des algorithmes commerciaux marque une nouvelle étape dans l’économie de l’attention.
Pour les entreprises et les professions réglementées (experts-comptables, avocats, notaires), cette évolution impose une réflexion sur la gouvernance des données, la confidentialité et la conformité au RGPD.
Ces évolutions, si diverses soient-elles, convergent vers une même réalité : la digitalisation n’est plus une perspective, mais un fait. Les experts-comptables et conseillers fiscaux doivent accompagner cette mutation pour en garantir la légalité, la sécurité et la cohérence.
Domaine | Mesure clé | Entrée en vigueur | Impact principal |
Fiscalité | Report du délai de déclaration IPP pour revenus spécifiques | 7 novembre 2025 | Allègement temporaire des contraintes déclaratives |
Communication avec le fisc | Généralisation de l’e-Box Entreprise | 1er novembre 2025 | Dématérialisation totale (hors recommandés légaux) |
Santé | Autonomie accrue des infirmiers à domicile | 1er novembre 2025 | Réduction de la charge administrative médicale |
Santé | Remboursement de l’euthanasie (180,24 €) | 1er novembre 2025 | Uniformisation du traitement des actes médicaux de fin de vie |
Mobilité / consommation | Suppression des cartes d’embarquement papier (Ryanair) | 12 novembre 2025 | Généralisation du tout-numérique dans les services |
Données / IA | Utilisation des données LinkedIn pour l’IA générative | 3 novembre 2025 | Renforcement des enjeux éthiques et RGPD |
Novembre 2025 s’impose comme un mois de bascule : celui où l’administration, la santé et la consommation convergent dans un même mouvement de digitalisation et de responsabilisation. Le citoyen devient acteur de ses démarches, mais aussi garant de sa conformité.
Chez Deg & Partners, nous croyons que cette transformation ne se subit pas : elle s’accompagne, elle se comprend, elle s’anticipe. Ensemble, nous transformons la complexité en clarté.