Trois chiffres pour comprendre et améliorer votre situation financière

« FORMER LES HOMMES CE N’EST PAS REMPLIR UN VASE, C’EST ALLUMER UN FEU » Johann Wolfgang von Goethe

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Ce qui suit ne constitue pas un conseil personnalisé

IMAGE : Courtesy of RODANE Production

Sans doute pris par d’autres tourments et durant sa présidence, Bill Clinton avait égaré, pendant plusieurs mois, ses codes permettant le lancement de l’arme nucléaire, rien que cela.

Ils étaient repris sur une plaquette dénommée “le biscuit”.

Nul ne sait vraiment, si ceux-ci étaient malgré tout gravé dans sa mémoire, mais en cas de souci, il aurait été bien mal à l’aise pour passer à l’action.

En tant qu’information à considérer comme essentielle, chaque entrepreneur devrait avoir conscience des 3 ratios qui donnent une première appréciation de la santé financière de son activité, mais surtout de quelle manière les améliorer.

Lorsqu’on pose un regard sur sa propre situation financière, on est aussi mieux préparé à le faire lors de l’acceptation d’un nouveau client, fournisseur ou partenaire.

RENTABILITÉ

Pour son gros porteur A380, Airbus avait choisi le chiffre 8 pour symboliser l’éternité mais aussi l’orienter davantage vers le marché asiatique (où le 8 est perçu comme chanceux), considéré comme étant l’un des plus prometteurs.

Pour plusieurs raisons, l’éternité s’est avérée éphémère, Airbus n’étant pas parvenu à atteindre le point mort (break-even), car les ventes de cet appareil ont été trop faibles.

Le point mort représente le seuil où l’on ne fait ni gain ni perte, passé ce cap, vous devenez rentable et c’est tout l’enjeu d’une entreprise qui se veut pérenne.

L’image ne fait pas le revenu et malgré des produits appréciés et à la pointe, Concorde et Saab Automobiles n’ont jamais fait de profit de toutes leurs (longues) histoires.

Débarrassez-vous donc des services/produits non rentables et traquez les coûts ayant si peu d’impact positif, à long terme, sur votre chiffre d’affaires ainsi que le bon fonctionnement de votre entreprise.

Maintenir un produit/service, tout comme un investissement, devenu déficitaire, vous assure un aller simple vers la déconfiture.

En pratique, mesurer votre rentabilité peut se faire à l’aide d’une comptabilité dite “analytique” càd celle qui vous permet de rapprocher les revenus et dépenses d’un produit/service et non pas selon la nature des dépenses, comme le fait la comptabilité “générale”.

Par exemple, un studio audiovisuel cherchera à connaître la rentabilité de chaque projet réalisé. En effet, noyé dans la masse de tout ce qui est produit, un projet déficitaire n’apparaît pas forcément de manière limpide, le risque étant de reproduire et appliquer les mêmes prix en creusant les déficits.

Il existe aussi des coûts cachés ou latents qui sapent votre rentabilité à long terme, c’est notamment le cas du passif social dont l’importance évolue avec le temps mais qui n’est pas comptabilisé (du moins en Belgique), car il dépend de la survenance effective d’un événement.

En clair, le rendement de votre entreprise s’exprime en pourcentage de votre capital et des réserves/résultats accumulées.

L’investisseur attend que ce rendement soit concrétisé par l’attribution d’un dividende en rémunération de son capital.

LIQUIDITÉ

Entre une société en perte ou celle en manque de cash, laquelle est réellement dans la situation la plus critique ?

Il y a de forte raison de penser que celle qui manque de cash se trouve en moins bonne posture même si la constatation d’un déficit n’est pas un signal encourageant.

En cette période, certains placeront sans doute ce ratio en tête de classement pour évaluer et suivre la santé financière d’une entreprise.

Le ratio de liquidité dite “stricte” représente votre aptitude à honorer toutes vos dettes à court terme, sans tenir compte de votre éventuel stock.

Au plus celui-ci s’approche de 1 (un), au mieux votre position est “liquide”.

Si vous avez établi un budget pour cette année, c’est déjà une belle initiative, idéalement reliez-le avec un plan de trésorerie pour visualiser de quelle manière votre liquidité va évoluer.

Comparer périodiquement vos projections avec le réalisé reste un must afin de s’adapter.

Assurer une liquidité idéale implique aussi d’assurer l’encaissement, dans les délais prévus, de toutes vos créances, de prévoir toutes les dépenses (dont les impôts) que vous devrez assumer, etc.

Paradoxalement, il y a quelques “avantages” de fonctionner avec une trésorerie serrée ;

– Les charges trop élevées deviennent directement perceptibles ;

– Vos factures clients impayées incitent à une action immédiate de recouvrement ;

– C’est un point d’appel majeur pour vous faire changer les causes racines de cette trésorerie faible.

SOLVABILITÉ

Ce ratio détermine votre indépendance financière, au plus il se rapproche de 1 (un), au moins votre société est endettée. Pour un banquier, ce ratio représente l’oxygénation de votre entreprise.

Les fonds propres comprennent ;

Vos fonds propres sont-ils réellement ceux qui sont présentés ?

Lors d’une valorisation d’entreprise, on cherche aussi à identifier quelles sont les non-valeurs qui doivent venir en diminution des fonds propres.

À l’inverse, tout ce qui n’est pas représenté par une valeur comptabilisée mais qui est substantiel et tangible (par exemple la clientèle ou une marque déposée) viendra augmenter les fonds propres, ceci afin de déterminer la réelle solvabilité.

Parmi les principales corrections négatives qui peuvent impacter les fonds propres ;

  • Immobilisations (in)corporelles ;

Les scandales financiers d’Enron, Lernout & Hauspie ainsi qu’Olympus ont pour origine des surévaluations d’actifs qui se sont avérés être, au mieux, des poids morts.

La valeur réelle de ces investissements était soit inexistante ou profondément éthérée.

Globalement, dans une approche de cession d’entreprise, on attribue peu de valeur économique aux actifs incorporels repris au bilan des PME, notamment, les frais activés de “recherches et développements“.

  • Stocks ;

La valeur d’un stock de marchandises à une valeur toute relative, par exemple, si les conditions de marché se dégradent et/ou lors d’un fléchissement de la demande.

– Créances devenues douteuses ;

On le sait et cela se vérifie régulièrement, les créances échues qui ne sont pas suivies par une action forte de recouvrement risquent de devenir irrécupérables.

Une solution peut être l’assurance crédit (détails).

– Plus value de réévaluation :

Il arrive que votre société puisse détenir des biens dont la valeur comptable ne reflète pas celle du marché ou même du potentiel qu’ils renferment.

Si vous le savez, les tiers qui consulteront vos comptes, eux, l’ignorent, vous souhaitez donc ajuster la présentation de votre bilan.

La législation comptable permet pourtant de « réévaluer » un actif dont la valeur excède de manière durable et certaine celle reprise dans les comptes, on doit également retrouver une notion de rentabilité ainsi que de maintien de l’actif dans l’entreprise.

En clair, cela consiste à augmenter la rubrique de l’actif concerné et en contrepartie, créer un compte distinct du passif, faisant partie des fonds propres (Equity), à savoir # 12 Plus-value de réévaluation.

Par contre, si cette faculté est utilisée à mauvais escient, une correction négative des fonds propres sera effectuée pour ne pas tenir compte d’une valeur exagérée.

Développement détaillé ici.

RÉPONDEZ-VOUS POSITIVEMENT À CES 16 QUESTIONS ?

Ma société…

  1. Détermine ses objectifs et dispose d’un plan de trésorerie
  2. Les compare régulièrement avec le réalisé
  3. Analyse et comprend les évolutions de son chiffre d’affaires
  4. N’est pas dépendante d’un client/fournisseur important
  5. Juge la concurrence directe comme une menace modérée
  6. Facture périodiquement et automatise la récupération de ses créances
  7. Dispose d’un outil de gestion étendu et performant
  8. Est capable de mesurer la rentabilité de ses produits
  9. Bénéficie d’une stabilité au sein de son personnel
  10. Forme ses équipes et résout leurs soucis opérationnels
  11. Ne connaît pas de souci de trésorerie ni d’impayés envers les tiers
  12. Est en mesure de fonctionner, quelques temps, en l’absence de son dirigeant
  13. Remunère son dirigeant à la hauteur de son implication
  14. Ne doit pas emprunter pour assurer son fonctionnement
  15. Est comptablement à jour et pas uniquement lors d’une clôture annuelle
  16. Avant de poser des actes importants et/ou complexes demande conseil.

En complément du résultat des 3 ratios, vos réponses seront un précieux indicateur de la santé financière de votre activité.

LA LECTURE DE VOS COMPTES PAR LES TIERS

En Belgique les sociétés à responsabilités limitées ainsi que certaines (grandes) associations/fondations ont l’obligation de publier annuellement leurs comptes annuels auprès de la Banque Nationale.

Dans la majorité des cas, l’information est malgré tout synthétisée et le niveau de détail abrégé.

Cette information (lien), accessible aux tiers et gratuitement, nourrit également les banques de données de banques, assureurs crédits, statistiques économiques, etc.

Ceci afin de réaliser, entre-autre, une cotation financière de votre entreprise.

QUE FAUT-IL EN RETENIR ?

Lorsque votre rentabilité décline et/ou que votre solvabilité en pâtit, votre société devra se prononcer quant à sa continuité et appliquer, sous la responsabilité des administrateurs, la procédure dite d’alarme (titre IV en détails).

La (très) juste valeur économique d’une entreprise ne ressort pratiquement d’aucun bilan sans nécessiter des adaptations. Pour l’exercice, se placer dans la position d’un éventuel repreneur permet d’objectiver ce constat.

La lecture d’un bilan n’est pas forcément évidente, la traduire, visuellement, avec ces 3 premiers ratios devrait vous permettre de mesurer et donc agir sur les points faibles.

Ces premiers ratios font partie d’une longue liste (lien) éditée par la Banque Nationale pour rendre utile la lecture des bilans publiés.

Tout ceci reste une première approche et doit s’inscrire dans une analyse globale de l’entreprise ainsi que de son environnement.

Soyez partisans des solutions réfléchies et guidées par vos conseils ainsi que par ceux qui ont expérimenté ce que vous vivez.

Thomas DRAGUET © │thomas@anticiper.tax
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Source : Anticiper.Tax, février 2022

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