(en complément à mes deux derniers posts sur le sujet)
Alors que les droits de douane imposés par les États-Unis sont de nature à augmenter l’inflation, et donc à contraindre la Banque centrale américaine (la Federal Reserve) à relever ses taux d’intérêt, Donald Trump a annoncé vendredi que la Fed devait au contraire baisser ses taux, sans doute pour soutenir les marchés.
Le président américain souhaite un dollar extrêmement affaibli et des taux d’intérêt très bas, d’autant que les États-Unis doivent refinancer 20 % de leur dette publique chaque année.
Imaginons un scénario où Donald Trump placerait la Federal Reserve sous son contrôle direct, lui ôtant son indépendance et la forçant à acheter des obligations d’État américaines portant un taux d’intérêt inférieur au taux d’inflation. La Fed détiendrait ainsi des actifs dont le pouvoir d’achat s’éroderait progressivement.
Cette politique entraînerait d'abord une compression des taux réels, qui deviendraient négatifs (taux nominal - inflation). En pratique, les investisseurs subiraient une érosion de leur pouvoir d’achat, car les rendements des obligations ne compenseraient plus la hausse des prix. À court terme, ces achats massifs maintiendraient artificiellement des taux bas sur le marché obligataire, notamment pour les obligations long terme. À moyen terme, les investisseurs institutionnels et étrangers se détourneraient des actifs américains, jugés peu rémunérateurs en termes réels.
Le dollar se déprécierait sur le marché des changes, stimulant les exportations américaines mais aggravant le coût des importations. Si les marchés perçoivent ces achats d’obligations comme un signe de laxisme monétaire, les anticipations d’inflation pourraient s’ancrer à un niveau élevé, accélérant la perte de confiance dans le dollar.
À long terme, cette stratégie pourrait déclencher une stagflation – combinaison de croissance atone et d’inflation persistante. La Fed serait alors piégée dans un dilemme : poursuivre ses achats d’obligations (aggravant l’inflation) ou resserrer sa politique (provoquant une récession).
En conclusion, une telle politique monétaire affaiblirait structurellement le dollar et déstabiliserait les marchés obligataires. Elle refléterait un pari risqué : accepter une inflation élevée pour soutenir la croissance, au prix d’une perte de crédibilité et de marges de manœuvre futures. Ce scénario rappelle les erreurs des années 1970, où les États-Unis avaient déjà expérimenté des politiques monétaires expansionnistes dans un contexte inflationniste.
Alors, est-ce de la science fiction monétaire ? Je ne le crois pas. L’année 2025 nous montrera que les règles du jeu monétaire ont changé et que les Etats-Unis n’accorderont plus le moindre intérêt au reste du monde. Et agiront à leur bénéfice à n’importe quel prix. N’importe quel prix…