Pour ceux que les précédents ne rassurent pas, il faut continuer à s'intéresser aux harangues de Trump, déclamées, État après État, dans une incessante course à l'élection présidentielle américaine. Et que dit Trump ? Que cette élection présidentielle est la plus importante pour les États-Unis et dans la vie de chacun, que la victoire de l'élection de novembre 2020 lui fut volée, et tout cela sur un ton martial qui électrise ses supporters.
Et comme en 2020, il répète qu'il n'acceptera que les résultats d'élections honnêtes. Plus précisément, il a dit à un journal de Milwaukee : "If everything’s honest, I’ll gladly accept the results. I don’t change on that. If it’s not, you have to fight for the right of the country."
Or, Trump a atteint un nombre de délégués largement suffisant pour être le candidat républicain. Ce qu’il dit engage donc toute l'élection américaine.
Et on peut imaginer que son éventuel échec en 2024 ne soit pas accepté et conduise, selon des formes inconnues, à de graves séditions intérieures.
Trump annonce d’ailleurs une « fight for the country”, c’est-ç-dire une bataille pour le pays, ou plutôt son ordre sur le pays.
On peut difficilement être plus clair.
Bien sûr, comme l'écrivait Montherlant dans la Reine Morte : "Tout sera bouleversé par les mains hasardeuses du temps."
Mais ces réalités américaines devraient conduire nos autorités européennes à nous préparer à toutes les éventualités d’une présidence de Trump qui mettrait en œuvre ce qu'il annonce : un contrôle de la Federal Reserve par la Maison Blanche, ce qui entraînerait une guerre des monnaies inflationnistes, des mesures tarifaires exceptionnelles qui tasseraient le commerce mondial et accentueraient la vassalisation européenne, une fin de l’aide américaine à l’Ukraine qui redéfinirait ce qu'il est convenu d’appeler, comme entre 1940 et 1945, le « front est », des expulsions massives de résidents illégaux qui entraineraient des problèmes humanitaires inconnus, etc, bref des chocs très importants et probablement d’envergure mondiale.
Je crois ces élections américaines plus importantes que nos élections européennes.
Dans une chronique qu’il signe dans le Point sur un sujet différent, Bernard-Henri Lévy a une formule extraordinaire : "c’est en Amérique que la terre est plus sèche et les départs de feu plus déflagrateurs".
Et nos autorités européennes m’ont l’air aussi bien préparées que nos armées le 10 mai 1940…