Nos modes de production et de consommation couplés à la demande grandissante de matières premières exercent une pression croissante sur les ressources naturelles de notre planète.
L’augmentation et la volatilité accrue du prix de certaines ressources ont fait de la sécurité d’accès aux matières premières un enjeu économique stratégique majeur. Ces défis résultent notamment d’une économie souvent linéaire, c’est-à-dire basée sur le modèle « extraire-fabriquer-consommer-jeter ».
C’est dans ce contexte qu’à l’initiative de la ministre de l’Environnement et du Climat Zakia Khattabi et du ministre de l’Economie Pierre-Yves Dermagne, le gouvernement fédéral vient au cours du Conseil des Ministres du 17 décembre 2021 de valider le Plan Fédéral pour une économie circulaire 2021-2024.
Ce plan comprend 25 mesures concrètes (voir annexe) qui visent à encourager la création d’emplois de qualité non délocalisables, à lutter contre le changement climatique, la perte de biodiversité, la dégradation et la destruction des écosystèmes. Ces mesures ont également pour objectif de réduire notre dépendance vis-à-vis des matières premières. Elles ont également été conçues pour permettre aux citoyens de prendre part à la transition.
La transition vers une économie circulaire bénéficie de l’adhésion de nombreux citoyens. Or, ces derniers ne sont pas toujours en possession d’informations fiables sur l’impact environnemental ou sur la durabilité des produits qu’ils consomment. De nombreux consommateurs sont victimes de tromperies telles que le greenwashing. Cette problématique les empêche de participer à la transition vers une économie plus circulaire.
« Consommer plus durable, cela nous permet non seulement de faire des économies mais aussi de lutter contre la surexploitation de nos ressources », explique Pierre-Yves Dermagne. « La protection du consommateur passe aussi par une prise de conscience. Mais, pour cela, nous avons tous besoin d’être bien informés pour faire des choix raisonnés. Finalement, tout le monde y gagne : la planète et notre portefeuille », poursuit la Ministre Zakia Khattabi.
Différentes études quantifient l’opportunité économique que constitue l’économie circulaire. Une étude de la Fondation Roi Baudouin estime, qu’à ce jour, 7,5 % des emplois en Belgique sont liés à l’économie circulaire[1].
Une étude de PWC considère que le potentiel économique de l’économie circulaire en Belgique se situe entre 1 et 7 milliards d'euros d'ici 2030 et que jusqu'à 100.000 emplois supplémentaires pourraient être créés[2].
Pierre-Yves Dermagne : « La transition vers une économie circulaire est une réelle opportunité de création d’emplois non délocalisables, notamment pour les personnes peu et moyennement qualifiées. Les secteurs associés aux stratégies circulaires tels que la réutilisation, la réparation, l’économie de la fonctionnalité et le recyclage sont exigeants en main-d'œuvre. La transition vers une économie circulaire, si elle est encadrée et surveillée en permanence, peut créer des nouvelles opportunités pour les groupes de personnes ayant plus de difficultés à s’insérer sur le marché du travail ».
Pour illustrer le potentiel de l’économie circulaire dans le cadre de la lutte contre le changement climatique, la fondation Ellen Macarthur a démontré qu’en appliquant des stratégies d’économie circulaire dans 5 secteurs clés (ciment, aluminium, acier, plastic et alimentation), il était possible d’éliminer la moitié des émissions de gaz à effet de serre de la production de biens à l’horizon 2050, soit 9,3 milliards de tonnes de carbone[3].
Zakia Khattabi : « L’économie circulaire est un moyen efficace de réduire nos émissions de gaz à effet de serre et ainsi de lutter contre le changement climatique et ses conséquences. Dans nos efforts de réduction des émissions, l’accent est mis sur la production et la consommation directe d'énergie. Or les émissions de gaz à effet de serre issues de la production de biens de consommation, de matériaux de construction et de l'agriculture méritent également notre attention. Plus de la moitié des émissions de carbone mondiales sont issues de l'extraction et de la transformation des matières premières ».
90% de la perte de biodiversité est causée par l’extraction et le traitement des matières premières, des combustibles et des aliments[4]. Ce déclin de la biodiversité sape la productivité, la résilience et l'adaptabilité de la nature et met en danger nos économies, nos moyens de subsistance et notre bien-être.
Zakia Khattabi : « L'économie circulaire est un moyen efficace de lutter contre la perte de biodiversité en agissant au niveau de la production de biens et de services et de la nourriture, de la réduction de la consommation, des déchets et de la pollution, de l'atténuation du changement climatique et de l’amélioration de la conservation et de la restauration des écosystèmes ».
La Belgique dispose de peu de matières premières et dépend fortement de l'importation de ces matières, qui, à terme, se raréfieront et deviendront donc plus chères. Les matières premières et les composants représentent 40 à 60 % du coût de base des entreprises manufacturières européennes[5].
« Une telle dépendance expose les entreprises à des risques tels que la hausse et la volatilité des prix des ressources et peut également faire craindre des risques d’approvisionnement, comme on l’a vu lors de la crise due au Covid », explique le vice-Premier ministre Dermagne. « L’amélioration des processus de production permet une utilisation plus efficace des ressources. Mais il est également essentiel de se soucier de la récupération des matériaux et d’une adaptation de nos modes de consommation vers une économie plus circulaire »
On l’aura compris : la transition vers une économie plus circulaire nécessite le concours de tous les acteurs de la société : pouvoirs publics belges et européens, entreprises, travailleurs, universités, centre de recherches, consommateurs, associations environnementales, etc.
Tous disposent de leviers et de moyens d’action importants. Une bonne gouvernance, qui suppose l’implication de l’ensemble de ces acteurs, est donc fondamentale. L’État fédéral entend être un acteur d’influence auprès de l’Union. Enfin, le Gouvernement développera une collaboration stratégique plus poussée avec les Régions, afin d’assurer la coordination la plus efficace de la stratégie belge.
« Notre plan d’action saisit toutes les opportunités liées à l’économie circulaire en matière d’innovation, de création d’emplois, de bien-être et de compétitivité en Belgique », constatent Zakia Khattabi et Pierre-Yves Dermagne. « Nous allons faire en sorte d’activer tous les leviers et compétences dont nous disposons au niveau belge, européen et international. Et cela avec la volonté de renforcer la politique des produits et la politique de protection des consommateurs, notamment. La cohérence et la coopération en sont le fil conducteur ».
[1] Fondation Roi Baudouin et Circle Economy (2019). L’emploi circulaire en Belgique - Analyse de référence de l’emploi dans l’économie circulaire en Belgique. Disponible sur : https://www.kbs-frb.be/fr/Activities/Publications/2019/20190919avc
[2] Price Waterhouse Cooper (2016). Economie circulaire : potentiel économique en Belgique. Disponible sur : https://www.health.belgium.be/fr/leconomie-circulaire-potentiel-economique-en-belgique
[3] IRP (2019). Perspectives des ressources mondiales 2019. United Nations Environment Programme. Disponible sur : https://www.resourcepanel.org/reports/global-resources-outlook
[5] Ellen McArthur foundation (2015). Growth within: A circular economy vision for a competitive Europe. Disponible sur: https://www.ellenmacarthurfoundation.org/assets/downloads/publications/EllenMacArthurFoundation_Growth-Within_July15.pdf
Documents
Commission européenne (11 décembre 2019). Le pacte vert pour l'Europe.
Commission européenne (11 mars 2020). Un nouveau plan d'action pour une économie circulaire pour une Europe plus propre et plus compétitive.
Stratégies locales en matière d'économie circulaire : Région Wallonne - Région Flamande - Région Bruxelloise
SPF Economie - Economie circulaire
Sources :