Arizona : 5 réflexions sur l'accord gouvernemental

Politique et économieF.F.F.Découvrez l'accord de gouvernement De Wever Ier 2025-2029: 209 pages d'évolution


1. Plans de réforme sérieux

`Le gouvernement sortant a promis une réforme du marché du travail, une réforme des pensions et une réforme fiscale. La réforme du marché du travail n’a pratiquement rien apporté, ce qui nous a fait perdre du terrain au niveau du taux d’emploi au cours de la législature précédente par rapport au reste de l’Europe. La réforme des pensions n’a rien fait pour la future facture des pensions qui nous attend. Et la réforme fiscale n’a absolument rien donné.

Le nouveau gouvernement souhaite réellement s’attaquer à chacun de ces domaines et a déjà inclus dans l’accord gouvernemental des plans de réforme complets et concrets. Beaucoup de ces réformes auraient dû avoir lieu bien plus tôt, mais au moins elles figurent maintenant dans l’accord gouvernemental. En tout cas, ces plans vont beaucoup plus loin que ce que tout le monde aurait pu attendre avant le 9 juin. Il reste bien sûr à voir comment ils seront mis en œuvre (les ministres compétents y joueront un rôle crucial). Mais si tous les plans réussissent, cela pourrait constituer, sur le plan économique, le gouvernement le plus réformateur depuis les gouvernements Dehaene.


2. Peu de plans concrets en matière de productivité

L’accord gouvernemental met l’accent sur l’augmentation du nombre de personnes employées et la maîtrise de la hausse de la facture des pensions. Ce sont deux éléments importants pour reprendre un certain contrôle des finances publiques. Mais pour le facteur (de loin) le plus important de notre future prospérité, la croissance de la productivité, les plans sont beaucoup moins concrets. L’importance d’une croissance plus forte de la productivité est explicitement mentionnée dans l’accord, mais peu de plans concrets y sont associés. Pour un levier crucial de la croissance de la productivité, les investissements publics, l’ambition est très modeste avec un objectif de 3 % du PIB. Il s’agit plus ou moins d’une confirmation du statu quo, ce qui nous place clairement en retard sur la moyenne européenne (3,7 %) ou un pays leader comme la Suède (5,4 %).

Beaucoup des leviers de la productivité se situent au niveau régional. Espérons qu’une plus grande coopération entre les niveaux fédéral et régional sera possible dans les années à venir, les deux se renforçant mutuellement. La composition similaire des gouvernements aux différents niveaux est en tout cas prometteuse à cet égard. Un programme de productivité sérieux à tous les niveaux de gouvernance reste néanmoins nécessaire.


3. Poursuivre malgré les protestations

Une importante vague de protestations est à prévoir dans les semaines et les mois à venir. La manifestation du personnel enseignant du 13 janvier n’était probablement qu’un avant-goût. Les syndicats et l’opposition de gauche sont également descendus dans la rue par le passé contre presque toutes les réformes des retraites (même minimales). Ces dernières semaines, ils ont déjà fait pression contre les projets de réforme du marché du travail et des pensions, et ils n’en resteront probablement pas là.

Ce qui est remarquable, c’est que la plupart des réformes économiques figurant dans l’accord gouvernemental ne sont pas aussi spectaculaires que certaines personnes le prétendent. Du moins pas dans un contexte international. Avec ces réformes, nous nous rapprocherions simplement de la situation de nombreux pays européens (surtout au nord de chez nous) depuis longtemps. En ce sens, le nouveau gouvernement doit poursuivre ses efforts dans les mois (années ?) à venir malgré les protestations.


4. Attendre de voir ce que donnera l’ajustement budgétaire

Pour l’effort budgétaire, le nouveau gouvernement compte en grande partie sur les effets de retour de ses plans de réforme. Il y a une forte probabilité (surtout à court terme) que ces effets de retour soient inférieurs aux attentes (par exemple, parce que le taux d’emploi augmente moins rapidement que prévu). Dans ce cas, un ajustement des plans budgétaires s’imposera à un moment donné. Il reste à voir si le gouvernement maintiendra alors la clé de répartition convenue des efforts, avec un accent plus important sur les économies que sur les taxes supplémentaires (la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée étant un risque évident). Ce ne sera pas une décision facile au sein de la coalition.


5. Réagir aux circonstances changeantes

L’accord gouvernemental est déjà assez détaillé pour les réformes prévues. Mais gouverner, c’est bien plus que simplement appliquer un accord, c’est surtout réagir aux circonstances changeantes. Avec notamment Trump, une guerre commerciale internationale, le risque de récession ou de chocs financiers, les tensions géopolitiques, la dynamique au sein de l’OTAN ou le risque d’une nouvelle pandémie, de nombreux facteurs pourraient réserver des surprises désagréables dans les années à venir. La question cruciale sera alors de savoir si ce gouvernement sera en mesure de réagir de manière appropriée aux circonstances changeantes. Les longues et difficiles négociations gouvernementales ne sont en tout cas pas vraiment rassurantes.

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