​De l’art de taxer les classes moyennes.



De tous temps, et spécialement en Belgique et en France, on ne cesse de presser fiscalement les classes moyennes.

Dans sa pièce de théâtre écrite en 2008 et intitulée « le Diable rouge », l’auteur, Antoine Rault, imagine un dialogue fictif entre Colbert et Mazarin qui nous expliquent comment procéder pour faire rentrer un maximum d’impôts dans les caisses de l’État.

Un morceau d’anthologie, et je ne résiste au plaisir de vous le partager :

Colbert : Pour trouver l’argent, il arrive un moment où tripoter ne suffit plus. J’aimerais que Monsieur le Surintendant explique comment on s’y prend pour dépenser encore plus, quand on est déjà endetté jusqu’au cou.

Mazarin : Quand on est un simple mortel bien sûr, et qu’on est couvert de dettes, on va en prison. Mais l’État…, lui c’est différent. On ne peut pas jeter l’Etat en prison. Alors, il continue, il creuse la dette !

Colbert : Ah oui ? Vous croyez ? Cependant il nous faut de l’argent. Et comment en trouver quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?

Mazarin : On en crée d’autres.

Colbert : Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu’ils ne le sont déjà.

Mazarin : Oui, c’est impossible.

Colbert : Alors les riches ?

Mazarin : Les riches, non plus; ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.

Colbert : Alors comment fait-on ?

Mazarin : Colbert, tu raisonnes comme un fromage ! Il y a quantité de gens qui sont entre les deux, ni pauvres, ni riches… Des Français qui travaillent, rêvant d’être riches, et redoutant d’être pauvres ! C’est ceux-là que nous devons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux-là, plus tu leur prends, plus ils travaillent pour compenser… c’est un réservoir inépuisable !


Tout est dit, non ?

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