Et si le flux monétaire n’épousait plus spontanément l’économie de marché?

La monnaie est en mutation permanente. Gagée sur l’or jusqu’il y a un demi-siècle, elle est désormais garantie par l’indépendance des banques centrales. Mais, aujourd’hui, les temps financiers sont bouleversés.


Contrairement à toutes les disciplines monétaires postulées depuis cinquante ans, la Banque Centrale Européenne (BCE) s’est emparée de la création monétaire pour refinancer ses États-membres tandis que des monnaies privées émergent.

Le taux d’intérêt, un temps négatif, ne répond plus aux lois de la protection du capital contre l’inflation. La BCE a donc perdu son indépendance vis-à-vis des Etats et des marchés financiers, tout en devant admettre son impotence à juguler l’inflation, qui était l’essence de sa mission

Les banques commerciales sont, quant à elles, soumises à de telles restrictions prudentielles qu’elles font l’objet d’une nationalisation éthérée, destinée notamment à financer la transition énergétique et la réparation des dégâts environnementaux.

Mais il y a plus : au terme de quarante années de néolibéralisme qui ont érodé les attributs régaliens de nos Etats européens, ces derniers reprennent le contrôle de la monnaie pour financer leurs engagements sociaux et les investissements publics.

La monnaie est désormais sur le fil de son histoire, car elle se situe au cœur de la confrontation de l’économie de marché avec l’impérieuse nécessité de la restauration des États stratèges européens.

Dans les prochaines années, le flux monétaire n’épousera plus spontanément l’économie de marché. Les États vont le renationaliser dans une perspective dirigiste.

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