La polarisation politique de nos sociétés occidentales devient de plus en plus marquante. Les « extrêmes » (terme que je n’aime pas, car tout est relatif), surtout de droite, veulent évidemment fracturer la société et attisent cette polarisation pour capter un électorat qui les rejoindra d’autant plus que la polarisation conduit à une impression de chaos, laquelle appelle des personnalités fortes pour apaiser ce chaos que ces mêmes personnalités ont attisé.
À un certain moment, la réaction se déplace dans la rue et conforte d’autant plus le pouvoir autoritaire. L’histoire est connue. C’est celle de tous les régimes autoritaires, plébiscitaires, etc.
Cela passe aussi par la disqualification des élites éducatives et de la presse qui ne serait pas alignée avec le pouvoir censé apporter l’ordre. Et comme les démocraties sont fondées sur le débat, le clivage conduit à les exclure au profit de structures politiques personnalisées ou, plus souvent, ilibérales.
Cela peut arriver partout, même en Belgique, où mes capteurs sont passés de vert à orange depuis quelques années. Pourquoi ? une dérive institutionnelle a subordonné le pouvoir législatif au pouvoir exécutif. Ce dernier est largement dominé par la direction des partis politiques. La démocratie repose sur le vote et sur le Parlement, mais les véritables dirigeants du pays sont les présidents de partis, choisis exclusivement par leur propre parti. Cette réalité entraîne l’affaiblissement du Parlement dans son initiative autonome.
J’ai aussi parfois la crainte que nous soyons peut-être passés insidieusement d’une démocratie représentative à une démocratie de spectacle, où le ressenti instantané prime sur la réflexion approfondie, mettant en danger l’idéologie, la technique, la science et la politique dans la gestion d’un pays. Le risque, qui est devenu une réalité, est que le vote d’un adhérent d’un parti compte plus que celui d’un électeur, malgré l’obligation de voter. Si c’est le cas, alors nous ne sommes plus en démocratie.