La guerre en Ukraine fait de l’ombre à la reprise : les entreprises peuvent invoquer la force majeure dûe à la guerre jusqu’à la fin juin
Le Covid fait partie du quotidien des Belges depuis presque deux ans, tout comme le chômage temporaire lié à la pandémie pour certains travailleurs. Après une baisse quasi ininterrompue depuis juin 2021, grâce à la réouverture de nombreux secteurs, on observe un nouveau pic du nombre de chômeurs temporaires pour cause de corona au premier mois de 2022. SD Worx a constaté une augmentation de près de 50% (49%) de ce phénomène. En janvier, 1,28% des jours travaillés ont été perdus par le chômage temporaire dû au Covid ; en février, ce chiffre a diminué à 1,04%. L'année dernière, en février, ce chiffre était plus que le double (3,94%). Le chômage dû aux quarantaines, ou encore à l'absence de garde d'enfants, n'a pas été pris en compte : cette perte de jours a également diminué, passant de 0,38% en janvier à 0,10% en février. Au total, 4,57% des travailleurs ont été touchés en février.
D’après Jean-Luc Vannieuwenhuyse, conseiller juridique chez SD Worx :
« Tant les entreprises touchées par la crise du coronavirus que les entreprises touchées par le conflit et ses conséquences peuvent appliquer la procédure simple et bien connue du chômage temporaire pour des raisons de force majeure, jusqu'au 30 juin déjà. Pour certains employeurs et travailleurs, le système du chômage temporaire reste dès lors absolument nécessaire. Surtout maintenant que la guerre en Ukraine se fait sentir de plus en plus durement dans l'économie. Le conflit avec la Russie interfère sur la reprise : les entreprises qui, par exemple, sont aux prises avec des pénuries de matières premières ou des problèmes d'exportation pourront compter sur le chômage temporaire en tant que cas de force majeure si elles doivent réduire l'emploi. »
Le spécialiste poursuit: « Nous pouvons nous attendre à une nouvelle hausse du chômage temporaire dans les mois à venir. La forme classique du chômage économique est administrativement loin d'être simple. Les délais, les notifications et les procédures constituent un obstacle supplémentaire pour pouvoir l'utiliser sans problème. Une simplification s'impose de toute urgence. »
L’analyse des chiffres de SD Worx montre que Liège, le Hainaut et le Limbourg sont les provinces qui seront les plus touchées par le chômage temporaire en 2022.
Sur cette observation, Jean-Luc Vannieuwenhuyse explique que « Cette différence s’explique par le fait que les ouvriers sont plus touchés que les employés par les quarantaines, et également par le chômage temporaire. Les employés ont plus facilement recours au télétravail et peuvent donc continuer à travailler malgré une possible quarantaine ou contamination sans éventuel symptôme. Les provinces où il y a un plus haut taux d’ouvriers par rapport aux employés sont celles qui connaissent les plus grandes recrudescences de chômage temporaire comme Liège et le Hainaut par exemple. L’Horeca reste le secteur observant le plus de chômage temporaire lié au corona avec un taux de 13,68%.»
Depuis près de deux ans, les Belges se sont habitués à la COVID-19, ainsi qu’au chômage temporaire qui l’accompagne pour certains travailleurs. En analysant les chiffres du précédent mois de janvier, SD Worx a constaté une nouvelle augmentation de 44% par rapport à décembre 2021, avec 1,25% des jours enregistrés en chômage temporaire. En janvier, SD Worx note également une augmentation du nombre de jours de quarantaine enregistrés (0,30%). Ceux-ci diminuent ensuite à 0,08% en février (contre 0,23% en novembre et décembre de l'année dernière). Le chômage temporaire pour s'occuper d'enfants diminue également, passant de 0,9% en janvier à 0,02% en février. Le nombre total de jours perdus lié au coronavirus, avec la mesure de soutien du gouvernement, était encore de 1,14% en février et de 1,64% en janvier.
Jean-Luc Vannieuwenhuyse analyse la situation :
« Le variant Omicron a eu un impact sur notre économie et l'emploi en janvier 2022. Le chômage temporaire et les quarantaines obligatoires liés au coronavirus ont augmenté. Les absences pour maladie de courte durée ont également atteint un pic sans précédent pour le mois de janvier, avec 4,81 % de jours perdus (presque le double par rapport à janvier 2021). Mais globalement, nous constatons une baisse du chômage temporaire. Il y a un an, en février 2021, la perte de jours était encore de 3,94%. Pendant les mois de pics d'avril et mai 2020, nous avions enregistré une perte de 22 % et de 12,5 % des jours travaillés. »
Le prestataire de services RH SD Worx a développé l’ « Employment Tracker » pour donner un aperçu de l’impact du COVID-19 sur le marché de l’emploi en Belgique. Cet outil offre un aperçu du pourcentage de « jours ouvrés », de l’absentéisme, du chômage temporaire et de la prise de jours de vacances légales. Le plus grand calculateur de salaires de Belgique dresse ainsi un tableau pertinent des secteurs et des régions les plus touchés et les plus actifs. SD Worx se base sur les données salariales de 70 000 employeurs et de près d’un million de travailleurs belges, dont un tiers d’ouvriers et deux tiers d’employés, actifs dans divers secteurs et entreprises de tailles différentes. Ces résultats révèlent une tendance claire chez les employeurs du secteur privé.
Source : SD Worx, presse, 18 mars 2022