"L'histoire se répète" selon Lagarde… en route vers une grande dépression?

La Présidente de la BCE évoque les années vingt, puis trente, puis quarante pour qualifier les risques qui assaillent nos économies.

A-t-elle raison ? En partie, oui.

Mais si l’histoire bégaie, elle ne se répète pas.​

Tous ces événements ont été largement décrits. Je les revois sous un angle synthétique. À la fin des années vingt, une bulle spéculative, aux causes multiples, finement analysée par de nombreux économistes (Keynes, Friedman, Fisher, von Mises, Kindleberger, Galbraith, etc.), a conduit au krach boursier de 1929. Ce krach aurait peut-être pu être corrigé par une politique monétaire expansionniste. Tous les économistes s’accordent pour dire que la Federal Reserve aurait dû injecter des liquidités dans l’économie pour éviter que la crise financière ne se transforme en crise économique mondiale.

La leçon contemporaine est qu'il est essentiel que les banques centrales, dont la BCE, baissent leurs taux d'intérêt et refinancent les États, confrontés à des besoins croissants d'endettement. Mais cela se heurte souvent aux exigences allemandes de stabilité monétaire.

Le krach de 1929, qui a eu lieu en octobre, s’est rapidement diffusé dans l’économie réelle par vagues de faillites, y compris bancaires, avec des taux de chômage en forte hausse et un effondrement social. En conséquence, un virage autoritaire s’imposa dans plusieurs pays. Après l'échec du chancelier allemand Heinrich Brüning (1930-1932), Adolf Hitler émergea en Allemagne, profitant des conséquences de la crise, mais il serait resté un caporal insignifiant sans ces circonstances exceptionnelles.

Ce n’était cependant pas seulement Hitler. Benito Mussolini avait déjà pris le pouvoir en Italie après la marche sur Rome en 1922, puis consolidé son régime fasciste en 1924. Francisco Franco déclencha son coup d’État en Espagne en 1936, entraînant la guerre civile espagnole. De son côté, l’empereur Hirohito du Japon soutint l'expansion militaire de son pays, avec l’invasion de la Mandchourie en 1931 (illustré par l’album de Tintin, le « Lotus bleu »), marquant le début de la militarisation japonaise et de la recherche d’un empire asiatique.

Quant aux années quarante, elles furent marquées par la Seconde Guerre mondiale, mais cela relève d’une autre dynamique.

La guerre ne se répète pas à l’identique, car il s'agit avant tout d'une question d'alliances. À l’époque, l'Allemagne nazie et l'Union soviétique avaient signé le pacte germano-soviétique en 1939, permettant l'invasion de la Pologne. Aujourd'hui, les circonstances sont bien différentes, et il est troublant de constater qu’en Ukraine, ce sont des chars allemands qui opèrent contre la Russie, un parallèle ironique avec l'opération Barbarossa de 1941.

Le vrai risque, que Christine Lagarde évoque peut-être, c’est une nouvelle grande dépression similaire à celle des années trente. Et là, elle a un rôle crucial à jouer : préparer l’Europe à l’inconnu en adoptant une politique monétaire expansionniste.


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