L’IA pourrait impacter l’emploi de 65 % des travailleurs belges.

Une étude réalisée par ING Belgique estime que plus de 3 millions de travailleurs belges pourraient être impactés par l’émergence de l’intelligence artificielle.

Au cœur des débats actuels sur l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail en Belgique, l’économiste Charlotte de Montpellier, travaillant chez ING, a mené une analyse approfondie.

Selon cette étude récente menée par ING Belgique, un peu moins d’un tiers des emplois dans le pays, soit 65 % des postes occupés, semblent peu compatibles avec l’intelligence artificielle, laissant planer des incertitudes sur l’avenir de ces métiers.

Cette enquête soulève ainsi des questionnements cruciaux sur l’adaptation des travailleurs face à l’émergence de technologies telles que ChatGPT et autres.

3,3 millions de Belges concernés selon une étude ING

L’impact grandissant des métiers de l’intelligence artificielle sur le marché du travail belge est devenu un sujet brûlant.

Selon les résultats de l’enquête d’ING Belgique, 65 % des travailleurs du pays, soit 3,3 millions de Belges, occupent des emplois fortement exposés à l’IA. Cette réalité implique une transformation profonde de leurs méthodes de travail, à mesure que l’IA s’impose comme un acteur incontournable dans le paysage professionnel.

Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, souligne que cette transition vers une économie plus axée sur l’intelligence artificielle ne devrait pas nécessairement se traduire par un pic de chômage, mais plutôt par une évolution globale du marché de l’emploi.

Malgré les préoccupations initiales, les chiffres révèlent que 31 % des emplois en Belgique, soit 1,6 million de Belges, pourraient bénéficier de la complémentarité des métiers de l’IA pour accroître leur productivité.

Quelles sont les catégories de travailleurs impactés ?

L’économiste a recouru à la méthodologie de pointe du FMI pour évaluer l’impact concret de l’intelligence artificielle. En classant les emplois en trois catégories distinctes, elle a distingué ceux qui sont complémentaires à l’IA, ceux qui restent indemnes face à son influence et ceux qui risquent de devenir obsolètes.

Ainsi, un agriculteur présente moins de risques de voir son métier remplacé par l’IA qu’un employé en centre d’appels, par exemple. Le personnel administratif est prévu comme le plus impacté par l’IA, avec des pertes d’emplois potentielles.

En revanche, les professions intellectuelles et scientifiques ainsi que les directeurs, cadres supérieurs et gérants, bien qu’exposés à l’intelligence, sont considérés comme étant davantage complémentaires de cette technologie, ce qui les rend plus enclins à en tirer des bénéfices.

Les Belges restent peu inquiets

Malgré les préoccupations concernant l’impact de l’intelligence artificielle sur le marché du travail, les Belges semblent se montrer optimistes quant à leur propre emploi. Selon ING, 42 % des Belges estiment que l’IA pourrait entraîner des pertes d’emplois à grande échelle, mais paradoxalement, ils restent peu nombreux à craindre pour la sécurité de leur propre poste.

Les résultats de l’enquête révèlent que seulement 3 % des travailleurs belges actuels envisagent que leur emploi soit remplacé par l’IA au cours des cinq prochaines années. Cette tendance est particulièrement marquée chez les cadres et les professions libérales, qui affichent les pourcentages les plus bas.

De plus, malgré une certaine appréhension quant aux conséquences globales sur l’emploi, 31 % des sondés anticipent un effet positif de l’IA sur la croissance économique dans les cinq prochaines années.

Politique et économieF.F.F.La Belgique à l'aube d'une révolution économique: l'IA générative pourrait injecter jusqu'à 50 milliards d'euros dans son PIB


Quel impact sur la croissance en Belgique ?

Malgré l’émergence croissante de l’IA et d’autres avancées technologiques, les études actuelles ne montrent pas encore de gains significatifs en termes de productivité en Belgique. Pour que l’IA puisse réellement influencer la croissance économique, il est essentiel qu’elle stimule l’augmentation de la productivité.

Les experts d’ING estiment qu’il faudra encore patienter quelques années avant de constater un impact tangible sur la productivité en Belgique. Une fois cette transition opérée, les gains annuels de productivité pourraient atteindre jusqu’à 1 point de pourcentage au niveau global, équivalent à l’impact révolutionnaire de l’ordinateur personnel et d’Internet.

Toutefois, Charlotte de Montpellier souligne que, malgré les prévisions optimistes, la Belgique et l’Europe pourraient se retrouver en queue de peloton en termes de gains de productivité liés à l’IA comparativement aux États-Unis. Les réglementations plus strictes envisagées en Europe pourraient limiter l’impact de l’intelligence artificielle, accentuant ainsi l’écart de croissance entre les deux continents dans les années à venir.

Dans ce contexte, ING prévoit une légère augmentation de la croissance annuelle de la productivité en Belgique, de l’ordre de 0,1 à 0,5 point de pourcentage, grâce à l’IA. Malgré les défis et les incertitudes, l’IA est appelée à jouer un rôle déterminant dans l’évolution future de l’économie belge.

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