La situation politique européenne m’inquiète de plus en plus. Outre l’atrocité d’une guerre à nos frontières dont l’issue indécise sera, à n’en pas douter, précipitée dans un sens négatif pour l’Europe en cas de réélection de Trump, on voit que les droites dures se relèvent dans de nombreux pays.
On commémore le D-Day, mais la droite fascisante se redresse, tandis que l'antisémitisme commence à être banalisé, sans escamoter ce que l’armée israélienne commet à Gaza.
Je crois que si mon grand-père, qui était né en 1899, avait connu, sans devoir se battre, deux guerres mondiales avant de décéder en 1973, revenait, le temps d’un soupir, parmi nous, il serait pétrifié.
Et que penser de la France dont un Président essaie, faute d’en créer une nouvelle, de retrouver les traces de l’histoire dans une itinérance mémorielle permanente, qui décide de précipiter l'extrême droite à la direction de la France, dans un mouvement qu’on peut considérer comme étant mortifère, au terme d’un second mandat présidentiel qu’il ne pourra pas prolonger, comme s’il rejetait dans les flots de l’histoire l’amertume de sa propre finitude politique.
Tout ceci m’inquiète. Ce n’est pas l’Europe que ses pères fondateurs ont voulu. Et même en Belgique, une grande attention doit être portée à certains agissements car rien ne doit être banalisé.
Car il ne faut se faire aucune illusion : derrière les replis de droite se tapissent le nationalisme et le souverainisme. Et très rapidement, on crée des fictions historiques, comme si le repli culturel et idéologique, combiné à la fermeture des esprits et des cœurs, était salvateur.
Bien sûr, me dira-t-on, je suis pessimiste. Eh bien oui, car je crois que l’irrespect et la polarisation, qui croient purifier ceux qui l'instrumentalisent, deviennent une tendance de fond. Et je crois aussi qu’on devrait relire soigneusement l’histoire des années vingt et trente (même si l’histoire ne se répète pas) pour comprendre comment, de manière silencieuse, par lentes rotations historiques, le monde fut confronté à des catastrophes. Tout fut lent, dans une somme d’abandons et d’éphémères réjouissances.
C'est maintenant que les démocrates doivent garder la tête haute.