​Reveillez-vous, le bateau sombre !


Nous étions arrivés au terme de nos discussions. Pendant trois heures, le client, l’expert-comptable et moi-même avions déroulé arguments juridiques, pièces justificatives, preuves de la réalité des opérations, justifications économiques.


Et je l’observe avec attention. Dans un premier temps, son regard s’illumine et l’on devine une sincère communion d’esprit entre toutes les personnes présentes dans cette petite salle austère d’un bureau provincial des Contributions : notre exposé l’a convaincu, la démonstration lui semble éclatante. il n’ y a nul abus ni volonté d’éluder l’impôt.

L’affaire semblait acquise et un accord se profilait. Puis soudain, ce sourire bienveillant se transforme en un moment de désarroi, d’inquiétude. Le sourire s’efface et le regard devient plus dur. La métamorphose est saisissante et j’ai compris que nos espoirs se sont évanouis.

Elle évoque une hiérarchie qu’il faut convaincre, mais qui a fixé des instructions impitoyables, qu’elle reconnait injustes, mais qu’elle doit néanmoins suivre. Tout aussi dépité, le Conciliateur qui semblait réceptif pousse un large soupir et me parle de prédateurs difficiles à convaincre et qui poussent à aller en justice.

Nous sortons du petit local. Mon client, si convaincant, si enthousiaste et passionné lorsqu’il a parlé de son métier, me regarde, dépité. Que s’est-il donc passé? Tout allait si bien. Je le rassure, mais j’ai compris que nos efforts ont été vains. Au-dessus de nous, sévissent de Grands Inquisiteurs qui décrètent sans analyser, qui sanctionnent sans respecter le droit. Un seul crédo: décourager les contribuables, faire peur !

D’un naturel optimiste, j’essaie de le convaincre qu’il reste une lueur d’espoir, un moment d’égarement d’un directeur du SPF qui a peut-être, en son sein, une personne qui croit encore que l’administration est une noble institution qui statue à charge et à décharge. Je le vois partir hésitant et inquiet.

Et puis je repense à cette fonctionnaire qui, très poliment nous a écouté durant trois heures. Je la devine tiraillée entre le devoir de faire son métier avec objectivité , d’écrire une décision nuancée et favorable et la certitude que « ses chefs » ne l’écouteront et ne la liront même pas. Une personne brillante sacrifiée sur l’autel de rage taxatoire et qui ne peut lutter face à une volonté orchestrée et sinistre de briser tous ces contribuables qui ont « l’outrecuidance de revendiquer un avantage fiscal ». Elle sait que son rapport sera balayé, moqué même.

Combien sont-ils au SPF Finances, ces fonctionnaires intelligents , qui transportent au quotidien leur spleen et dont la flamme s’est éteinte, depuis qu’ils n’ont d’autre choix que de suivre une hiérarchie et un Cabinet sans âme, liberticides, et qui ont jeté aux orties le droit fiscal et ses principes élémentaire ?

Courageux fonctionnaires, exerçant avec rigueur et objectivité votre métier difficile, n’est-il pas pas temps de vous réveiller ! On a qu’une vie.


FiscalitéF.F.F.​En route vers le SPF Finances …pour défendre un dossier de droits d'auteur d'un informaticien!

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