Si tant est que l’idée d’inscrire l’exigence d’un équilibre budgétaire dans la constitution soit une fausse bonne idée, la confirmation de cette réalité vient du FMI ! Cette institution vient de recommander à l’Allemagne, dont on connaît la rigueur protestante de ses finances publiques, de renoncer à son frein à l’endettement, inscrit dans la constitution depuis 2009 et qui conduit à l’exigence du « schwarz null » ou déficit zéro.
Tout cela est tellement intuitif : nos économies font face au choc du vieillissement de la population, lui-même combiné à une inversion des courbes démographiques, à une baisse de la croissance de l’économie et au choc d’emploi encore imprécis, mais certain, du déploiement de l’intelligence artificielle. À cela s’ajoutent bien sûr les dépenses de guerre qui vont ruiner nos économies dans une escalade de dissuasion. Et puis, il faut restaurer les investissements publics que deux faits historiques ont tristement disqualifiés : la pénétration dans le néolibéralisme (qui postulait que le marché possédait une logique d’allocation des ressources supérieure à celle de l’État) et l’euro, conditionné par des politiques de désendettement public (qui ont conduit à sacrifier les investissements publics).
Alors, bien sûr, on peut tempêter, enchaîner les claquettes d’estrades et autres effets de manche et postures de virilité budgétaire, mais le choix qui se présente est le suivant : ou bien on diminue les dépenses sociales (puisque les thuriféraires de l’orthodoxie budgétaire sont LES MÊMES que ceux qui veulent baisser les impôts) au détriment de la solidarité et de l’équilibre social, ou bien on admet la réalité que l’endettement public va devoir augmenter pour ces mêmes raisons sociales. Et c’est une réalité parfaitement intégrée par les agences de notation qui prédisent des dégradations de la note de solvabilité des États pour les raisons que je viens d’énoncer.
Mais qui va financer l’endettement public croissant ? Ce fut la BCE, mais cette institution s’entête dans une mortifère et inutile hausse de taux d’intérêt. Ce seront les marchés financiers au travers d’un refinancement des États, mais avec la limite que l’euro reste une monnaie très jeune à l’aune de l’histoire numismatique.
Alors ce sera… notre épargne, rémunérée avec un taux d’intérêt négatif après défalcation de l’inflation, qui dissoudra lentement l’endettement public logé dans les banques et les compagnies d’assurances.
Mais ce n’est pas tout : ces institutions, déjà fortement encadrées, seront forcées de refinancer les États qui leur imposeront certainement le portage d’obligations publiques de très longues échéances aux taux d’intérêt homéopathiques. Et on verra certainement des États étendre autoritairement les échéances de leurs propres dettes.
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